Wolfhound
Le 29/01/2009 à 22:46Par Elodie Leroy
Pour une première incursion russe dans le genre très difficile à mettre en œuvre de l'heroic fantasy, Wolfhound remplit très honnêtement son cahier des charges. A partir d'un scénario fondé sur des enjeux classiques, le cinéaste Nikolai Lebedev délivre une production soignée, rythmée par des scènes d'action efficaces et habitée par des personnages attachants et bien interprétés. Certes, les influences s'avèrent trop évidentes pour passer inaperçues, renouant tout autant avec l'esprit d'un Conan le Barbare qu'avec celui du Seigneur des Anneaux avec des moyens plus réduits. Mais à défaut d'être original, Wolfhound reste un divertissement des plus recommandables qui séduira sans mal les amateurs du genre.
Présenté comme le premier film d'heroic fantasy slave, Wolfhound s'inspire librement du roman éponyme de Mariia Semenova. Avec un budget de 50 millions de dollars, le cinéaste Nikolai Lebedev se voit confier la lourde responsabilité d'orchestrer la production la plus chère de l'Histoire du cinéma russe, un pari gagnant puisque le film a remporté un fier succès dans son pays. A l'arrivée, Wolfhound ne révolutionne pas le genre mais s'impose comme une production de qualité malgré ses imperfections. D'abord parce que si les enjeux s'avèrent extrêmement classiques, avec son héros désirant tout à la fois venger son clan et protéger une jolie princesse, le film entretient un rythme suffisamment soutenu pour ne jamais laisser place à l'ennui. Ne bénéficiant pas des moyens du Seigneur des Anneaux, Nikolai Lebedev reste modeste dans son approche de l'action et ne tente pas de reproduire les grandes batailles de Peter Jackson, mais n'en délivre pas moins des séquences de combat efficaces et brutales, en plus d'être agrémentées d'une petite dose de magie grâce à des effets spéciaux de bonne facture. En outre, si le style visuel manque légèrement d'identité, la direction artistique et les costumes s'avèrent suffisamment travaillés pour donner corps à l'univers de l'œuvre, soutenu en cela par une esthétique soignée et des décors naturels plutôt bien exploités.
Certes, outre la présence de quelques facilités scénaristiques (l'invocation des dieux qui résout tous les problèmes), on ne pourra passer à côté des emprunts évidents à quelques classiques du genre, tels que Conan le Barbare et bien sûr la déjà mythique trilogie du Seigneur des Anneaux. Concernant cette dernière, citons en exemple la manière de filmer les paysages en grand angle, ou même plus précisément l'arrivée filmée au ralenti de Zhadoba lors de la bataille dans les bois, un moment dont la mise en scène renvoie directement à la première confrontation des Hobbits avec un Nazgûl dans La Communauté de l'Anneau. Le concept même du périple entamé par les personnages, contraints de traverser diverses épreuves et de rencontrer d'autres cultures pour atteindre leur but, semble lui aussi directement issu de l'œuvre de Tolkien - mais après tout, Les Chroniques de la Guerre de Lodoss s'en inspirait de manière encore plus frappante. Cela dit, Nikolai Lebedev parvient à se détacher de ses influences en associant à ses personnages des enjeux personnels entrant parfois en conflit les uns avec les autres, sans pour autant que l'histoire ne tente de passer pour plus complexe qu'elle n'est. Les acteurs tirent quant à eux le meilleur parti du caractère très archétypal de leur personnage respectif, à commencer par Aleksandr Bukharov, parfaitement crédible en guerrier un peu bourrin mais au grand cœur, et Oksana Akinshina qui fait une princesse très digne. A l'arrivée, à défaut d'être original, Wolfhound s'impose comme un bon divertissement qui devrait facilement trouver son public.