The Tournament : Interview de Sebastien Foucan
Le 07/01/2011 à 17:06Par La Rédaction
Tous les 7 ans, dans une ville inconnue, les 30 tueurs les plus recherchés au monde s'affrontent dans un tournoi sans merci. À la clé : une récompense de 10 millions de dollars et la promesse de devenir le tueur numéro 1.
La règle est simple : tuer ou mourir !
Filmsactu : Comment êtes-vous arrivé sur The Tournament ?
Sebastien Foucan : J'ai fait des documentaires en Angleterre pour parler de ma pratique, le Free-Running. Et suite à ça, certaines personnes m'ont repéré. Ils ont contactés mes agents et c'est ainsi que j'ai pu rencontrer Scott Mann, le réalisateur. Dans un premier temps il voulait tourner une bande-annonce pour présenter son projet et obtenir des financements. Ca a fonctionné et on a pu ensuite tourner The Tournament.
FA : Casino royale a été votre première expérience cinématographique. Vous a-t-on proposé d'autres films entre celui-ci et The Tournament ?
SF : Non. Casino Royale est arrivé vraiment par hasard. Je n'avais jamais pensé faire une carrière dans le cinéma. Ma pratique est pour moi un style de vie. J'appelle ça Free-running mais c'est connu sous le nom Parkour. C'est vraiment grâce aux documentaires dans lesquelles j'explique mon art que la production de James Bond, Eon Productions, m'a contacté. C'est la même chose pour The Tournament.
FA : Votre confrère, David Belle, travaille beaucoup en tant que chorégraphe sur de nombreux films. On ne vous voit pas faire ça, pourquoi ?
SF : C'est intéressant de penser et de préparer des chorégraphies, mais je me voir faire ça plus tard dans ma carrière. Après Casino Royale et The Tournament j'ai vraiment envie de continuer à m'exprimer pleinement en tant qu'acteur. J'ai l'intuition que je peux faire mieux et plus. Je sens que j'ai un potentiel et j'ai envie de l'exprimer pleinement.
FA : On sent vraiment que votre personnage dans The Tournament a été écrit pour vous. Cela vous a-t-il donné une certaine liberté ou au contraire étiez-vous balisé par le scénario ?
SF : On est toujours un peu balisé par le scénario. Je n'ai pas une longue expérience dans le cinéma mais j'ai appris rapidement où était ma place. Tu n'es pas l'élément central. Tu coupes ton égo. Mon rôle en tant qu'acteur c'est de devenir ce personnage. C'est le plus important avec le scénario. Mais Scott m'a laissé quelques libertés, en particulier pour le look du personnage.
FA : Ca vous plaît ce genre de film d' «action paranoïaque », style Running-Man ?
SF : J'aime tous les films. Enfin bien sûr j'ai des préférences pour les films de science-fiction, les films qui te font rêver et t'emmènent loin dans l'imaginaire. En règle générale, je trouve l'univers du cinéma magique, alors je n'ai pas de limites. Dans ma pratique, on a commencé par des jeux d'enfants. Et on ne s'est jamais arrêté. Le cinéma et le métier d'acteur sont tout bonnement des jeux d'enfants. On joue. Les armes sont fausses, les dialogues ont été écris et répété... Tout est faux. Et ca c'est magique.
FA : Quel était pour vous le plus gros challenge sur ce film ?
SF : Il y en a eu plusieurs. Partir sur un tournage c'est déjà un challenge. Une nouvelle production, des nouvelles rencontres... Il y a un coté relationnel très important et il faut arriver à travailler ensemble pour le bien du projet. Il y a aussi toute la performance physique et chorégraphique qui est un challenge. Par exemple, la scène du « ballet» avec les voitures. Cette scène a beaucoup été réfléchie, pensée. Après il y a tous les essais... Il faut pouvoir garder la même vitesse, les pas doivent être très précis... Et encore je ne parle que des cascadeurs. Mais il y a aussi la caméra, le son, la lumière. C'est tout ca le challenge. Le public ne le voit pas mais c'est comme un "orchestre". Il y a le chef d'orchestre qui est le réalisateur et moi je ne suis qu'un élément. Le plus gros challenge c'est de m'insérer moi dans toute cette symphonie.
FA : Ce n'est peut-être que votre second film, mais on sent que vous avez un regard assez lucide sur le cinéma...
SF : Je crois que cela vient d'abord de mon éducation mais aussi de ma pratique. On joue avec des éléments de la nature. Il y a des risques. Il faut de la discipline et avoir la tête sur les épaules. Mais cela vient aussi de mon vécu. Je n'ai jamais fais de casting, je n'ai jamais pris de cours de comédie... et tout à coup une grosse production comme celle de James Bond vient me chercher ! James Bond c'est mythique, légendaire, c'est un truc de dingue ! C'était hallucinant, je découvrais tout, tout était nouveau. Les armes en plastique, les vitres en sucre, etc. J'étais comme un gamin. Quand le réalisateur dit « Action » et qu'il y a un hélicoptère qui arrive pour te filmer, tu restes professionnel, mais tu as quand même une petite voix dans ta tête qui te dit : « c'est un truc de fou ! ».
FA : Etes-vous resté en contact avec l'équipe de Casino Royale ou de The Tournament ?
SF : Oui. Je garde les contacts. Surtout avec l'équipe de The Tournament, on espère pouvoir rapidement aboutir sur un nouveau projet commun. Mais dans l'industrie ca va très vite. Si tôt bouclé, ils sont tout de suite sur un autre projet. On garde le contact mais on ne s'appelle pas tous les jours.
FA : C'est Alexander Witt qui a réalisé votre scène de poursuite dans Casino Royale. Vous suivez son travail ?
SF : Je regarde ce qu'il fait sur IMDB. Je lui envoie des messages pour les fêtes etc. J'essaye de ne pas trop "marcher sur les pieds" des gens. Chacun fait sa vie. En fait, ce milieu est un peu bizarre. Les gens sont toujours en demande de quelque chose. J'ai eu l'occasion de travailler avec Madonna, j'étais un de ses danseurs. Ca m'a donné une autre vision de ce milieu. Quand tu atteins un certain niveau, les gens attendent beaucoup de toi, ils te vampirisent quasiment.
FA : Vous voulez dire sur les tournages ou dans la vie de tous les jours ?
SF : Pour tout. Après Casino Royale mon carnet d'adresse a augmenté. On t'appelle, on te demande. Il y a un petit côté malsain. Mais je ne suis pas demandeur.
FA : Vous avez eu une expérience dans le jeu vidéo avec Mirror's Edge. Est-ce une expérience qui vous tenterez de nouveau ?
SF : Oui. Avant Mirror's Edge j'avais déjà eu une expérience sur un jeu vidéo qui s'appelait Free-running. La collaboration n'a pas été parfaite et je n'ai pas eu la même liberté qu'au cinéma. Mais c'est quand même une expérience fantastique. Qui n'a jamais rêvé de participer à la création d'un jeu vidéo ? Là-dessus aussi, je me sentais encore comme un gamin.
FA : Mirror's Edge a été un échec à sa sortie. Est-ce que vous ressentez aujourd'hui que c'est un jeu en train de devenir culte ?
SF : Ah non. Mais c'est marrant ça. Je n'ai pas vraiment suivi. C'est un peu comme au cinéma, il y a un côté qui ne t'appartient pas. Tu fais ton œuvre, et elle fait son chemin sans toi.
FA : Sur quoi avez-vous travaillé depuis The Tournament et quels sont vos projets ?
SF : J'ai fais ma chaine de TV qui s'appelle Free-running TV (http://www.freerunningtv.com/). J'essaye de transmettre toute la philosophie et la vision artistique de ma pratique. Pas le cliché. Beaucoup de gens, surtout en France, associe ma pratique à des jeunes de banlieue qui sautent d'immeuble en immeuble. J'assume mon côté « ambassadeur ». J'essaye aujourd'hui d'ouvrir une école, d'enseigner ce que je fais. Pas que physiquement, c'est un enseignement de la vie. Un peu comme pour les arts martiaux où il s'agit d'arriver à une pratique éducative. En parallèle, il y a ma carrière cinématographique. J'essaye vraiment de percer dans le cinéma en fait !
FA : Et du côté du cinéma, quelque chose de concret arrive à l'horizon ?
SF : C'est très long. Il y a des discussions concrètes ! (rires) Mais ca prend du temps. Je ne peux pas trop vous en parler. Ca va tellement vite dans ce milieu. Parfois, tu es sur un projet. Tu en parles et du jour au lendemain il n'y a plus rien. Je suis assez superstitieux donc je préfère attendre avant d'en faire la promotion. Mais aujourd'hui j'oriente vraiment ma carrière vers le cinéma. Toute ma préparation tend vers ca. Ma pratique a évolué vis-à-vis de cela. Je pense vraiment maintenant en termes de cinéma et d'idée. Casino Royale c'était un déclic. Et comme mon mentor Bruce Lee, je me prépare pour l'opportunité.
FA : Vous en parlez avec David Belle et d'autres qui pratique le free-running, et qui comme vous sont en train de percer dans le cinéma ?
SF : On en parle un peu, David Belle est un ami d'enfance mais il a son propre chemin. En termes de carrière, chacun a envie de voler de ses propres ailes. On regarde ce que l'autre fait, mais chacun fait sa route de son côté. Je discute facilement avec les gens mais je suis très marginal. Je suis dans ma bulle et j'avance tout doucement. Dans le milieu des cascadeurs, à force d'être tout le temps ensemble, ils ont les mêmes idées. Je préfère garder les miennes. J'ai envie de faire quelque chose qui m'est propre et qui soit vraiment originale.
FA : Le mot de la fin ?
SF : J'espère que The Tournament aura le support qu'il mérite d'avoir. C'est un film vraiment surprenant. Il y a des grands acteurs comme Robert Carlyle ou Ving Rhames. Et si le public m'a aimé dans Casino Royale, alors il m'aimera dans The Tournament. Je suis vraiment dans la continuité.
Interview : Kevin Prin
Retranscription : Matthieu Morandeau