Cannes 2009 : Jour 4
Le 18/05/2009 à 01:10Par La Rédaction
La quatrième journée du Festival de Cannes, celle du Samedi 16 Mai, pourrait se résumer à un seul film : Un Prophète, de Jacques Audiard. Véritable claque, tout ceux qui pensaient que Audiard nous livrait jusqu'à ce jour des grands films (De Battre mon cœur s'est arrêté, Regarde les hommes tomber, Un Héros très discret) sont unanimes en disant que Un Prophète est, de loin, son meilleur film à ce jour.
Retrouvez notre vidéo de compte-rendu ci-dessous, comprenant nos avis, ceux des festivaliers à la sortie des salles, des images de montée des marches, des interviews et bien d'autres éléments de cette quatrième journée ci-dessous !
UN PROPHETE
Jacques Audiard nous a scotché ! Jusqu'à présent le cinéaste avait fait preuve d'un grand talent de narrateur et aussi de cinéaste en général, son regard très humain sur ses sujets, souvent des thrillers, apportant une dimension supplémentaire à ses histoires. Déjà incontournable dans le paysage cinématographique français, Audiard vient de se surpasser avec Un Prophète, l'histoire d'un jeune délinquant enfermé dans une prison et obligé de survivre à l'intérieur. Loin du simple film sociologique qu'il aurait pu être, Un Prophète prend la forme d'un thriller maffieux exemplaire, porté par l'excellent Tahar Rahim, qui pour son premier rôle au cinéma rappelle la force et la justesse d'un Vincent Cassel dans Sur mes lèvres. A ses côtés on retrouve Niels Arestrup, complètement transformé pour son interprétation de taulard mafieux corse.
Cette chronique des six ans en prison de ces personnages reste à ce jour le moment le plus fort du festival, tout le monde l'imaginant sans problème obtenir une Palme d'Or si aucun autre film ne s'avère meilleur d'ici la fin de la compétition. Ce qui sera une tâche ardue !
LA MERDITUDE DES CHOSES
La Merditude des choses fait partie de ces films qui sortent immédiatement du lot, sur le plan du fond comme de la forme, et qui laissent une véritable empreinte émotionnelle sans qu'on l'ait vu venir. L'histoire s'intéresse à Gunther et met en parallèle son adolescence chaotique dans une famille barjo et un moment difficile de sa vie une vingtaine d'années plus tard. Le poids du passé et son impact sur les succès ou les échecs de la vie d'adulte sont au cœur de ce drame familial poignant qui se distingue pourtant par un humour absolument ravageur, le comique surgissant parfois des situations les plus inattendues. La violence extrême côtoie la tendresse dans les rapports familiaux, notamment à travers une relation père/fils touchante qui forme la colonne vertébrale du récit de l'adolescence de Gunther. La réalisation caméra à l'épaule de Felix van Groeningen imprime aux situations un réalisme saisissant, notamment dans les nombreuses scènes de beuverie au cours desquels les acteurs semblent véritablement s'en donner à cœur joie. Un film pas comme les autres, une bonne surprise venue de Belgique.
Nous avons pu rencontrer le réalisateur et les acteurs du film qui revenaient alors tout juste d'une course à vélo sur la Croisette qu'ils ont effectuée entièrement nus ! Pour un extrait de cet entretien, c'est dans la vidéo que ça se passe.
HIDDEN
On le sait, les cinémas scandinaves s'exportent actuellement par le biais des films d'horreur et épouvante et succèdent actuellement au cinéma espagnol en tant que nouvelle mine d'or pour les producteurs de remakes hollywoodiens. C'est pourquoi, surveillant de très près les productions locales, nous nous sommes risqués à visionner Hidden à l'occasion de sa projection au MARCHE DU FILM. Intitulé Skjult dans sa langue d'origine, Hidden est un film d'épouvante norvégien de Päl Øie avec Kristoffer Joner et Anders Danielsen Lie (Nouvelle Donne). Si Hidden peut se targuer d'un scénario alambiqué reposant sur l'ambiguïté de son personnage principal, la peur joue sur des effets un peu trop classiques pour faire véritablement monter le trouillomètre, et ce en dépit d'un réel effort d'atmosphère se traduisant par des décors et une photographie travaillés. Nous avons ici affaire à un film qui confirme le potentiel du cinéma norvégien en matière de cinéma de genre mais qui est loin d'atteindre l'efficacité d'un Cold Prey, plus viscéral et plus maîtrisé dans sa mise en scène de l'horreur. Hidden demeure néanmoins une production recommandable, à défaut d'être mémorable.