Neuvième jour sur la croisette et l'on commence à sentir la tension retomber. Aujourd'hui trois films ont retenu notre attention :  A L'Origine de Xavier Gianolli (Quand j'étais chanteur), présenté en compétition, Panique au village de Stéphane Aubier et Vincent Patar, présenté hors compétition, et enfin Navidad, présenté à la Quinzaine des réalisateurs.

Retrouvez les réactions à ces films, le tout en images, dans la vidéo ci-dessous ainsi que nos comptes-rendus sur ces deux derniers encore en dessous :

PANIQUE AU VILLAGE

Série culte et vénérée par les plus connaisseurs, Panique au village arrive donc enfin au cinéma. Les fans ne seront pas dépaysés puisque le look de la série n'a pas bougé d'un iota, seul le nombre de décors et d'idées ayant été revus à la hausse, le tout filmé cette fois-ci en scope. Là où on attendait Vincent Patar et Stéphane Aubier au tournant résidait dans le passage d'une série où les histoires étaient courtes à un long métrage avoisinant les 1h20. Pari remporté dans les grandes largeurs puisque l'histoire de ce Panique au Village (toujours aussi frappadingue) se fait aisément, à quelques petites longueurs près que l'on pardonne très facilement. Pour ceux qui ne connaissent pas Panique au Village, le concept nous propose les aventures de Coboy, Indien et Cheval, personnifiés par des figurines renvoyant directement aux plus anciens jouets de nos parents, en plus colorés néanmoins. Leur univers complètement bricolé ressemble à une version "pauvre" d'un film de Aardman, un point qui n'est absolument pas négatif puisque la cohérence globale, le charme esthétique et le nombre d'idées de mise en scène et de gags à la seconde permet de rentrer immédiatement dans l'histoire. Amateurs d'humour belge, de films différents, c'est l'heure de se mettre à Panique au Village !

 

 

NAVIDAD

Un film a retenu notre attention aujourd'hui à la Quinzaine des Réalisateurs. Il s'agit de Navidad, du cinéaste chilien Sebastian Lelio. Navidad s'intéresse à trois personnages, un jeune couple et une adolescente de seize ans qu'ils ont pris sous leur aile. Ensemble, ils vont vivre un Noël improvisé dans la maison familiale de l'une d'entre eux et connaître une expérience amoureuse qui va bouleverser leur existence. A travers les portraits de trois paumés ayant en commun le sentiment d'être orphelin, Navidad dépeint avec finesse la jeunesse chilienne d'aujourd'hui, celle qui n'a pas vécu les drames de la dictature mais cherche encore ses repères dans un monde blessé. Le cinéaste Sebastian Lelio filme ses personnages avec une sensibilité à fleur de peau et tire le meilleur de ses trois jeunes comédiens, lesquels sont sublimés par une photographie d'une beauté à couper le souffle.

Lors de la conférence de presse qui a suivi la projection, Sebastian Lelio qui était accompagné de ses actrices et de ses producteurs, revenait notamment sur sa manière de diriger ses acteurs, préférant leur livrer un scénario sans dialogue et les laisser improviser. « Mon but n'est pas de chercher la prise parfaite. Quand je tourne, je tente de saisir le plus large éventail possible d'instants, de regards, de tremblements. Tout la finesse d'écriture se fait au montage, une phase qui s'apparente à un véritable travail d'orfèvre. ». Sur les thématiques du film concernant la jeunesse, le réalisateur s'est exprimé sur le décalage entre la génération précédente, celle qui s'est battue pour la démocratie, et la jeunesse d'aujourd'hui qui succède à la dictature mais aussi à l'utopie. Et le cinéaste d'ajouter : « Je pense qu'il existe un lien secret entre l'adolescence et le cinéma. Les adolescents vivent le changement de plein fouet, ils ressentent cette violence dans leur être. C'est ce qui explique qu'il y ait autant de films sur l'adolescence. »