Gatsby le Magnifique : qu'en ont pensé les critiques ?
Le 16/05/2013 à 15:21Par Camille Solal
Sorti hier sur les écrans et présenté en ouverture du Festival de Cannes 2013, Gatsby le Magnifique était attendu au tournant. Parce qu'il s'agit de l'adaptation d'un des romans les plus populaires de la littérature américaine. Parce que son réalisateur, Baz Luhrmann, est un habitué des coups d'éclat. Et enfin parce que son casting, composé de Leonardo Di Caprio, Tobey Maguire, Carey Mulligan et Joel Edgertone a de quoi laisser rêveur. Accueilli froidement par la critique américaine la semaine dernière, ce film a-t-il réussi à convaincre la presse française ? Réponse ci-dessous, avec notre revue de presse des critiques de Gatsby le magnifique !
Gatsby le magnifique : la critique du film sont-elle positives ?
Les Inrocks : "Si le cinéaste se montre aussi éloquent sur cette facette du mythe Gatsby, c’est qu’il y projette possiblement son propre complexe de créateur : celui qui aurait besoin d’en faire des tonnes, en truffant l’image d’arabesques folles, pour se sentir légitime."
Cinemateaser : "Luhrmann assume le mauvais goût général de ses images, les transformant en une foire inhumaine et insouciante, puisque tel est justement l’environnement dans lequel évolue Jay Gatsby, cet homme mystérieux qui organise pour ses congénères toutes les semaines, des soirées où tout est permis."
Filmosphere : "Le film est terriblement long alors que rien ne justifie cette durée, plombant un peu plus un rythme qui peine déjà à s’installer. Un rythme par ailleurs peu aidé par un montage médiocre qui anéantit nombre de scènes à priori spectaculaires, comme toutes les fêtes organisées chez Gatsby. Baz Luhrmann cherche à faire dans le démonstratif à tout prix, oubliant qu’un mouvement de caméra grandiloquent doit avoir du sens, oubliant qu’un montage cut peut ruiner une narration s’il n’est pas justifié, ou que des plans iconiques doivent être utilisés avec parcimonie pour garder un impact sur le spectateur."
Clone Web : "Alors au milieu du bling bling, de l’insupportable bande originale et d’un réalisateur qui n’en fait que trop, s’il n’y a qu’une seule raison d’aller voir le film, c’est bien pour Leonardo Di Caprio, le meilleur comédien de sa génération."
"Pas très finaud, parfois intolérablement laid"
Le Passeur Critique : "A l’époque le livre de Fitzgerald n’avait pas convaincu la critique. Glorification de l’anecdote, ironie forcée, absence de style. La critique n’épargnera sans doute pas ce Gatsby là, cette débauche parfois vulgaire d’énergie vaine. Ironie du sort, Gatsby ne parviendra pas à ses fins, Daisy se détournera lâchement de lui. Luhrmann, à son instar, en fait trop, critique malgré lui (la matière du livre adaptée assez fidèlement le prend au piège) un système basé sur la futilité mais le fait sien en jetant des millions au fond d’une piscine de champagne visuel."
Télérama : "La tragédie fondamentale du personnage est rendue tellement palpable qu’on regarde vraiment d’un peu loin les scènes de fêtes géantes qui se donnent dans sa propriété. Pas si spectaculaires que ça, d’ailleurs. Pas si endiablées. Comme si Baz Luhrmann était gagné par le désespoir profond de toute cette affaire. Une bonne nouvelle."
Premiere : "Pas très finaud, parfois intolérablement laid (le jazzman qui joue de la trompette sur un balcon new-yorkais : pure vision d’effroi), Gatsby se rattrape quand il se laisse aller à la pure euphorie de ses scènes de fêtes - gros argument marketing du film, elles font en effet le job en ravivant le bon souvenir de Moulin-Rouge - et quand il s’arrime, dans son dernier tiers, à son argument mélo, spécialité de l’auteur de Roméo + Juliette."
Ecran Large (Pour) : "Avec son cinquième long-métrage, Baz Luhrmann nous livre une nouvelle romance aussi haute en couleurs et en numéros musicaux qu'en dramaturgie et en passion amoureuse mais qui, in fine, ne changera pas la scission existante entre adorateurs et détracteurs de son cinéma, de celle qui existe depuis sa précédente adaptation d'un « classique » : le détonnant Roméo + Juliette - ses trois autres films n'étant pas, au sens littéral du terme, des « adaptations » mais des idées « originales »"
"DiCaprio incarne le personnage avec une profondeur convaincante."
Ecran Large (Contre) : "Di Caprio semble avoir du mal à ne plus cabotiner. Son Gatsby est une sorte de clone du déjà peu inspiré Calvin Candie, le négrier dans Django Unchained. Tobey Maguire traine un spleen à des années lumières de ce que son personnage est censé amener au récit entre double lecture et témoin démiurge mais tout aussi détestable que le reste du bestiaire. Carey Mulligan peine quant à elle à faire passer le dilemme de sa position et n'inspire aucun rejet quant à sa lâcheté endémique de sa classe."
Le JDD : "Adaptation fidèle du roman de Scott Fitzgerald, le film qui ouvre le 66e Festival de Cannes, en a de fait mis plein la vue aux festivaliers. Leonardo DiCaprio incarne le personnage avec une profondeur convaincante. Celle d’un homme possédé par son rêve d’être à nouveau aimé par celle qu’il n’a jamais oubliée."
Avoir à Lire : "Gatsby le magnifique parvient à convaincre par la force des sentiments, fantasmatiques mais réels, qu’il expose avec simplicité et retenue - ce que nombre de films du genre n’arrivent jamais à faire. Surtout, grâce à un univers des plus travaillés, l’histoire d’amour qu’il raconte réussit à s’inscrire dans le contexte historique particulier - l’après première guerre mondiale - dans lequel elle évolue, malgré les audacieux anachronismes glissés par Luhrmann."
"Etonnamment fascinant !"
Les Echos : "Trop travaillé, le film, tiré d’un livre de F. Scott Fitzgerald, écrasé par sa bande son, manque de naturel."
La Croix : "Flamboyante, rutilante, effrénée dans la première partie du film, la mise en scène de Baz Luhrmann, à qui l’on doit notamment Moulin Rouge (2001), ne recule devant aucun effet pour atteindre son but : l’étourdissement du spectateur. On a beau ne pas souscrire, en général, aux options esthétiques très appuyées du cinéaste australien, il faut reconnaître – dans un style qui peut déplaire, mais qui n’en est pas moins très étudié – une véritable maestria. Par une utilisation anachronique de certaines musiques (jazz samplé, rap déguisé…), un recours sans mesure à la 3D et aux effets spéciaux, Baz Luhrmann signe un film aussi chargé que les décors de la demeure de Gatsby, mais étonnamment fascinant."
Paris Match : "Respectueux de l’œuvre originelle dans sa narration, «Gatsby le magnifique» manque étrangement d’émotion, comme si l’emphase du décorum baroque tendance Rococo étouffait la complexité des sentiments. Le film épouse le rythme des soirées décadentes qu’il décrit, d’abord l’ivresse et la tête qui tourne devant la virtuosité des mouvements caméra, puis la lente descente, au fur à mesure que les masques s’effritent et que les effets visuels se répètent."