Hollywood à l'assaut de la Chine
Le 24/02/2012 à 16:50Par Yann Rutledge
Depuis le succès en Chine des Kung fu Panda, série imprégnés de culture chinois, Jeffrey Katzenberg suit de très près ce marché chinois. Oriental DreamWorks est ainsi le fruit d'une alliance entre les trois sociétés publiques chinoises China Media Capital (CMC), Shanghai Media Group (SMG) et Shanghai Alliance Investment (SAI), actionnaires majoritaires à 55%, et DreamWorks Animation, qui s'octroie les 45% restant. Le nouveau studio bénéficie d'un capital initial de 330 millions de dollars et devrait être opérationnel cette année, précise l'ancienne division animation de DreamWorks Pictures, qui prévoit d'ailleurs de rapidement envoyer une équipe de designers, techniciens et animateurs pour épauler leurs homologues chinois.
Cette annonce fait suite au récent rapprochement entre Relativity Media, studio américain indépendant à qui nous devons les récemment The Social Network ou encore Fighter, avec Huaxia Film Distribution et SkyLand Film-Television Development. Et pour cause : estimé à 2,1 milliards de dollars (1,6 milliard d'euros), le marché chinois est en augmentation de 28,8 % depuis 2010 ! Les analystes s'accordent à dire qu'il devrait devenir dans les prochaines années le premier marché du monde. Seulement l'Empire du milieu est un marché très verrouillé qui n'autorisait jusqu'à peu la distribution que de 20 films étrangers sur son sol. Un quota sévère obligeant les Américains à composer, à l'aveugle, avec la sévère censure des autorités. Warner s'en mord encore les doigts, The Dark Knight s'étant vu refuser son visa pour cause d'une mauvaise image des Chinois. D'autres ont fait tourner une partie de leurs films en Chine (Mission Impossible 3, Transformers 2, Karaté Kid...) dans l'espoir d'inciter les autorités à les accepter dans cette short-list.
Parallèlement à l'annonce de la création d'Oriental DreamWorks, les autorités chinoise ont validé l'augmentation du nombre de films étrangers diffusés dans leur pays. L'accord sino-américain signé scellé vendredi dernier ouvre le marché à quatorze films américains tournés en 3D ou en IMAX. La part des recettes reversée aux distributeurs étrangers passe par ailleurs de 13 % à 25 %. Enfin, ces derniers auront accès aux décisions de l'Administration nationale de la radio, du cinéma et de la télévision (l'équivalent chinois de notre CNC national), décisions qui leur restaient jusqu'alors hermétiques. Autre signe de l'ouverture du marché chinois : China Film Group Corporation n'aura plus le monopole de la distribution des films étrangers sur le sol, un nouveau distributeur y sera prochainement autorisé.
La Chine n'est pour Katzenberg qu'une première étape, il lorgne également du côté de l'Inde, un autre marché fermé à la différence que la barrière est culturelle et non économique. DreamWorks Animation prépare actuellement Monkeys of Mumbai, un film d'animation musical façon Bollywood qui raconte l'expédition de Rama et de son armée composée d'hommes et d'animaux pour libérée sa femme Sita, kidnappée par Ravana, démon à dix têtes et vingt bras. C'est Kevin Lima, le réalisateur du dessin animé de Disney Tarzan et des films live 102 Dalmatiens et Il était une fois..., qui se charge de la mise en scène. Le compositeur et parolier américain Stephen Schwartz (Pocahontas, Le Bossu de Notre-Dame, Il était une fois...) travaille avec le "Mozart de Madras" A.R. Rahman, compositeur oscarisé de la bande originale de Slumdog Millionaire.