FilmsActu.com

Robert Rodriguez : "We Can Be Heroes, c'est plein de petites Alita qui courent partout" interview

Le 26/12/2020 à 21:32
Par
Deux ans après Alita Battle Angel, Robert Rodriguez renoue avec la comédie d'action familiale et les super-héros pour We Can Be Heroes (C'est nous les héros avec Pedro Pascal, Boyd Holbrook) disponible sur Netflix à partir du 25 décembre.
 
Spin-off de Shark Boy et Lava Girl sorti en 2005, We Can Be Heroes voient des enfants forcés à devenir des super-héros quand leurs parents, super-héros, sont kidnappés par des extraterrestres prêts à envahir la planète.
 
On a eu l'opportunité de discuter quelques minutes en zoom avec Robert Rodriguez confiné dans sa maison d'Austin au Texas. Cela a été l'occasion de parler du film mais aussi de Netflix, des fans d'Alita, de son film préféré de 2020, de Sylvester Stallone et du Mandalorian. Tout en citant Machete au détour d'une question.
 
Robert Rodriguez
 

Parmi les dizaines de projets auxquels tu es associé, pourquoi avoir choisi un spin-off à Shark Boy et Lava Girl ?
Robert Rodriguez : Ce n’est pas vraiment un spin-off, c’est vraiment un film à part entière. Je discutais avec Netflix d’un projet complètement différent et on m’a demandé si je pouvais développer un nouveau film familial comme Spy Kids et Shark Boy, un film live-action avec des kids. Ces films fonctionnent toujours très bien sur la plateforme. Netflix veut plus de films familiaux. Cela m’a inspiré. J’ai vraiment aimé faire les Spy Kids. Je viens d’une famille de 10 enfants et j’ai 5 enfants. J’aime faire des films pour ce public. Or quand on a une famille nombreuse, c'est compliqué et coûteux d'emmener ses enfants au cinéma. Et quasiment impossible de les emmener voir un film une seconde fois alors que les enfants adorent revoir à l'infini les films qu'ils aiment. J’ai pensé que Netflix était le lieu idéal pour réaliser ce genre de films car les enfants allaient pouvoir le revoir autant de fois qu’ils le souhaitaient. Je me suis ensuite demandé quel genre fonctionnait bien auprès des enfants. Bien sûr les super-héros dominent tout. Mais tout a été fait en film ou série avec les super-héros à l’exception d’un film avec des enfants. Je me suis mis à écrire le script sans Shark Boy et Lava Girl. Puis je me suis rendu compte que j’avais déjà fait un film de super-héros avec des enfants il y a 15 ans et j’ai pensé que cela serait cool d’inclure Shark Boy et Lava Girl en tant que parents afin de légitimiser ces super-héros adultes comme une sorte d’Avengers. Ca c’était ma première idée. Puis la seconde était que si je parvenais à récupérer les droits de Shark Boy et Lava Girl, je pourrais leur offrir une petite fille qui combinerait leurs deux pouvoirs. Et elle botterait vraiment des culs ! Ce n’est donc pas une suite directe, le monde de We Can Be Heroes ne correspond pas forcément en détails à celui de Shark Boy, mais j’ai fait en sorte que ça fonctionne.

Un Spy Kids 4 ne t’ait pas venu à l’esprit ?
J’avais envie de réaliser un film original pas forcément une suite. Mais à un moment, j’ai tenté d’inclure les Spy Kids également comme parents et de présenter leurs enfants.

On aurait voulu voir les enfants de Machete. Ou du Desperado.
Il faudrait alors un Rodriguez Cinematic Universe (rires). Qui sait un jour peut-être.
 
Robert Rodriguez
 

"Tu peux donner aux enfants des pouvoirs que tu n’as jamais vu auparavant... Mais tourner avec autant d'enfants est un enfer pour un réalisateur (rires)".


Cela a du être fun pour toi d’inventer autant de héros avec autant de pouvoirs différents ?
Cela a été incroyablement fun. Tu peux donner aux enfants des pouvoirs que tu n’as jamais vu auparavant. Tu ne donneras pas à des personnages adultes certains des pouvoirs de ces enfants car cela les rendrait beaucoup trop invincibles. Mais l'intérêt ici est que ces enfants ne savent pas encore comment les utiliser. Ils ont des limites. Ils possèdent certes ces pouvoirs démesurés mais ne savent pas comment les maîtriser. Ils doivent apprendre à se concentrer, à être moins fougueux, à travailler en collectif… en gros, ils doivent apprendre la même chose que les autres enfants. C’est typiquement une "coming of age story" (histoire de passage de l'enfance à l'âge adulte). On a trouvé toutes sortes de pouvoirs. Je me suis même assis avec mes enfants un jour et on a imaginé tous les pouvoirs possibles.
 
Tourner avec des enfants est-il compliqué ?
Oh oui. On a créé 16 personnages mais c’était impossible d’avoir une pièce avec 16 enfants. J’ai réduit à 11. J’aime tellement tous ces pouvoirs que du coup je me suis infligé 11 gamins sans cesse devant la caméra. C’est l’enfer (rires). Demande à n’importe quel réalisateur, personne ne veut tourner un film avec 11 enfants dans presque toutes les scènes. C’est très compliqué. Mais c’était vraiment amusant. Et un sacré défi.
 


Le titre du film fait écho à la chanson "Heroes" de David Bowie. Qu’aurait pensé Bowie de ce film selon toi ?
Je pense qu’il l’aurait apprécié. Il aurait certainement été content d’entendre sa chanson parce qu’elle arrive à un moment tellement important dans le film. Quand Hayley Rheinhart (chanteuse américaine découverte dans American Idol qui fait ses débuts d'actrice ici- ndr) chante "Heroes" en a capella c’est tellement beau et différent. En tant qu’artiste, je suis certain qu’il aurait été flatté.
 
Robert Rodriguez
 

"Le soutien incroyable des fans d'Alita ? J’adore. C'est sidérant. Et James Cameron adore aussi."


Quel a été ton film préféré en 2020 ? Ou ta série ?
J’aime beaucoup aimé The Mandalorian. Il y a un épisode qui est sorti il y a quelques jours qui était vraiment cool (rires) (il fait référence à l’épisode qu’il a réalisé). Je plaisante bien sûr. Même si j’ai adoré le faire. Cette année, j’ai aussi pu collaborer avec Lady Gaga pour un de ses clips. J’ai adoré le faire (Rain On Me son duo avec Ariana Grande). En film, j’ai vraiment aimé Tenet. J’ai eu la chance de le voir au cinéma à Austin. Je devais retourner au cinéma. Cela me manquait tellement.

Je dois te parler Alita et des fans qui militent si ardemment pour une suite. Es-tu surpris par l'intensité de leur dévouement envers ton film ?
J’adore. C'est sidérant. Et James Cameron adore aussi. On aime tellement ce personnage. Alita est un film de SF mais il y a quelque chose de touchant avec ce personnage, quelque chose de différent dont on a désespérément besoin dans une époque comme celle-ci. Rosa (Salazar) l’a tellement bien jouée et ce monde d’Alita est incroyable. Quand les gens sont devenus fans, ils se sont probablement lancés dans les romans graphiques et ont pris conscience qu’il y avait encore tellement de matière à explorer. On a à peine effleurer l’histoire et on laisse Alita enfin en possession de tous ses pouvoirs à la fin du film. J’aime faire ce genre de film. We Can Be Heroes se termine ainsi aussi, Spy Kids aussi et pas mal d'autres de mes films. Le héros devient vraiment le héros à la dernière scène. J’aime ce genre de films. Même s’il n’y a pas de suite, le public imagine et fantasme toutes ces suites car la base est solide et les héros sont enfin à maturité. C’est incroyable de voir à quel point les fans ont intégré Alita et j’espère que cela les poussera à aller voir We Can Be Heroes ou quelque chose d’autres avec plein de petites Alita. C’est ce que possède We Can Heroes. Des petites Alita qui courent partout (rires). Ces films ne sont pas aussi cyniques que d’autres films du genre. C’est peut-être aussi ce qui les différencie. Le public et les familles ont besoin de ça en ce moment.
 
Alita Battle Angel
 

"The Mandalorian, cela a été la réalisation d'un rêve de gosse. J'ai halluciné quand je suis arrivé au milieu des décors."


Que gardes-tu de ton épisode de The Mandalorian ?
Cela a été la réalisation d'un rêve de gosse. J'ai halluciné quand je suis arrivé au milieu des décors, de tous ces vaisseaux et ces créatures. A 12 ans, j'ai vu l'Empire Contre-Attaque au cinéma et je suis devenu un immense fan de Boba Fett. Avant la sortie du film, Lucasfilm l'avait teasé. On savait qu'il allait être le personnage à surveiller. Quand le film est sorti, mon imagination fonctionnait déjà à plein régime sur lui alors que je ne l'avais encore jamais vu en action. Ils ont été très forts en marketing. Je ne devais pas réaliser cet épisode. Je suis arrivé pour dépanner mais cela a été génial. (On a depuis appris que Robert Rodriguez allait être co-producteur de The Book Of Boba Fett attendu pour décembre 2021 sur Disney+-ndr).
 
 
Dernière question car nous n'avons malheureusement plus de temps, Sylvester Stallone a teasé une série Cobra que tu réaliserais ou produirais. C'est toujours d'actualité ?
Je ne connais Sly depuis pas mal d’années maintenant. C’est un de mes héros. J’ai eu l’honneur de le faire jouer dans un de mes films (Spy Kids 3). J’adorerais avoir un projet avec lui. Ce type est impressionnant. Je pense que les gens n’ont pas conscience à quel point Sly est talentueux. Non seulement, c’est un acteur physique, un scénariste, un producteur mais c'est aussi un excellent réalisateur. Je suis déjà épuisé rien qu’en signant la réalisation de mes films alors que lui tourne tout en étant devant la caméra et en se prenant des coups en pleine tronche lorsqu’il fait un Rocky ou un Rambo. C’est surhumain. Cobra, cela serait top. On a effectivement parlé d’une série Cobra. On verra. J’ai toujours des dizaines d’idées en tête mais malheureusement que trop peu de temps pour les mener toutes à terme.
 
Merci beaucoup Robert. A bientôt j'espère.
A bientôt oui. J'espère que vous allez aimé ce film.
 
Robert Rodriguez

Robert Rodriguez
 
Robert Rodriguez
 
Robert Rodriguez





Depuis 2007, FilmsActu couvre l'actualité des films et séries au cinéma, à la TV et sur toutes les plateformes.
Critiques, trailers, bandes-annonces, sorties vidéo, streaming...

Filmsactu est édité par Webedia
Réalisation Vitalyn

© 2007-2024  Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation.