Star Wars 9 : "C-3PO a enfin quelque chose à faire" on a rencontré Anthony Daniels - interview
Le 16/12/2019 à 12:35Par Olivier Portnoi
Etre présent dans tous les films Star Wars est l'une des grandes fiertés d'Anthony Daniels.
L'acteur britannique de 73 ans était de passage à Paris afin de parler de Star Wars l'Ascension de Skywalker (que nous n'avions pas vu au moment de l'interview) et de son autobiographie I Am C-3PO.
Voici un résumé du Q&R auquel nous avons participé avec un Anthony Daniels souriant, enthousiaste et sympathique qui nous répondait essentiellement en français.
Anthony Daniels : J’ai écrit une autobiographie appelée I Am C-3PO. J’y parle des 11 films Star Wars. Vous y trouverez des anecdotes, des infos sur les coulisses, des passages sérieux, excitants et critiques aussi parfois.
Depuis 1977, qu’est ce qui a changé lorsque vous enfilez le casque de C-3PO ? Quel souvenir avez-vous de la première fois où vous avez porté le costume de C-3PO mais aussi de la dernière fois ?
La première fois, c’était affreux. J’étais dans le désert de Tataouine en Tunisie et je me sentais prisonnier. Je n’avais aucun repère, je me demandais ce que je faisais là. Il y a quelques mois lorsque j’ai enlevé le casque pour la dernière fois sur le tournage de L’ascension de Skywalker, c’était triste. Il s’est passé énormément de choses entre les trois trilogies. Le voyage a été long.
"En Tunisie, lors du tournage du premier Star Wars, le sable me rentrait de partout. Même dans les endroits les plus privés et sensibles."
De quelle manère votre costume a-t-il évolué ?
Personne n’avait encore construit un tel costume avant le premier Star Wars. On a d’abord fait un moule de mon corps pour créer un mannequin. Il était impossible de bouger avec la première version de ce costume. On a alors créé les bras, les jambes et différentes pièces pour lui offrir de la mobilité. Il y avait 18 pièces. Cela a pris 6 mois. J’ai demandé à faire des répétitions avec le costume. Je voulais voir ce que je pouvais faire de cette horrible chose avant le tournage. On m’a dit "non ce n’est pas possible". Et on m’a envoyé en Tunisie. La première fois que l’on m’a mis toutes les pièces fut dans une tente en plein désert. Cela a pris plus de deux heures. Le sable me rentrait de partout. Même dans les endroits les plus privés et sensibles. Mais quand je me suis présenté en C-3PO devant toute l’équipe, j’ai vu l’émerveillement dans le regard de tous. Jamais on avait vu un personnage comme cela. Cela m’a surpris. C’était incroyable. Le jour suivant pareil. Tout le monde était émerveillé. Le troisième jour…. Tout le monde s’en fichait, j’étais devenu un objet.
Pour l’épisode 7, j’ai dit à J.J que j’acceptais d’être dans le costume mais que je voulais qu’on le refasse. C’était bien sûr son intention. La nouvelle version a été conçue avec une imprimante 3D. J’ai pu mieux respirer. Et surtout je pouvais enlever le masque entre les prises.
"Je sais bien que les fans de Star Wars sont passionnés et aiment se faire entendre. Ils ont une telle passion pour la saga qu'ils n'hésitent pas à le dire haut et fort quand ils sont déçus."
En quoi pour vous, L’Ascension de Skywalker est la conclusion de toute la saga Skywalker et non pas uniquement de la nouvelle trilogie mise en place par Disney ?
C’est toujours difficile d’en parler sans en dire trop. Il est important de garder le secret. Mais j’essaie de dire la vérité. Dans mon livre, je dis la vérité. Elle n’est pas uniquement positive. Mais c’est la vraie histoire. Ce film est vraiment la fin de la saga Skywalker. C’est une histoire extraordinaire. Il y a cette scène terrible que l’on voit dans la bande annonce où Daisy Ridley se bat au milieu des vagues. Elle a été tournée en novembre (2018 - ndr). Pendant six jours, Daisy s’est battue contre ce mec (il montre du doigt Kylo Ren sur une affiche - ndr), cela va être dingue. Il y a aussi des nouveaux personnages. Comme toujours. John Williams a composé la musique. C’est fou. J’ai vu l’original sans la musique. Cela n'avait pas la même saveur. J’ai toujours dit que la musique était un personnage essentiel d’un film.
Daisy Ridley a vraiment pris de l’épaisseur en Rey. C’est une femme forte. Elle est très physique et fait de nombreuses cascades elle-même. Et enfin C-3PO a quelque chose à faire ! Dans les derniers films, je n’avais rien à faire. Dans ce film, C-3PO a un destin, une histoire et il est toujours là dans l’action. C’est le dernier film et il se doit d’être excellent. La fin est réussie selon moi. Je connais bien le scénario, je l’ai lu et… Je sais bien que les fans de Star Wars sont passionnés et aiment se faire entendre. Ils ont une telle passion pour la saga qu'ils n'hésitent pas à le dire haut et fort quand ils sont déçus. Il y a des choses qui leur déplaisent. Mais ce film répond aux questions et conclue les arc narratifs. J.J Abrams et le scénariste Chris Terrio ont conçu un scénario solide. Star Wars est unique. Tout le monde connait Star Wars. C’est dans toutes les familles, des grands-parents aux enfants. Trois générations différentes partagent cette passion de Star Wars même si on aime pas tous la même chose dans ces films.
"Je vois C-3PO comme un parisien un peu coincé qui a beaucoup de vocabulaire et une belle diction."
Vous êtes le seul acteur à être apparu dans tous les films Star Wars. Qu’est ce que cela vous fait ?
C’est incroyable. Je suis le seul à avoir fait les trois trilogies mais aussi les deux autres films, les spinoffs. C’est tellement énorme que je n’ai pas le recul pour me rendre compte de cette chance. Je suis trop impliqué. J’ai participé à plusieurs concerts Star Wars avec un orchestre tandis que des séquences des films étaient projetés sur un écran. On l’a fait à Paris et dans beaucoup d’autres pays, en Amérique, en Amérique du Sud, au Japan. J’ai ressenti en étant sur scène cet amour des fans pour Star Wars et pour la musique de John Williams et cette adulation de George Lucas pour avoir inventé tout ça. C’est une sensation incroyable. Mais j’ai aussi compris que les fans ressentent ces films différemment de nous. J’ai aussi testé l’attraction Faucon Millénium dans le nouveau parc Disney Star Wars en Floride. C’est dingue. Alors que sur le tournage, c’est tellement chiant de rester assis dans le Faucon (rires). Nos perspectives de Star Wars sont différentes. Mais pour répondre à la question, je sais que ces films sont importants. Je suis fier d’y participer. Je n’aurais jamais pensé que jouer ce rôle m’apporterait autant. Au début, je l’ai même refusé. Mais quelque chose m’a fait changé d’avis. Et je suis là.
Votre voix est essentielle en anglais. En France…
C’était Roger Carel qui me doublait. Il était génial. C’est Jean-Claude Donda maintenant. Je parle français mais pas assez bien pour me doubler. Ils ont fait un travail extraordinaire. Et c’est le cas dans toutes les langues. Ils ont trouvé des acteurs qui parlaient très bien leur langue. En France, je vois C-3PO comme un parisien un peu coincé qui a beaucoup de vocabulaire et une belle diction. Pas avec un accent du Sud.
"Quand on enlevait mon casque, j’étais rouge, suant, dégueulasse, trop cuit. Tous les jours, je voyais la princesse maquillée, coiffée, Harrison Ford pouponné par des équipes, et à la fin de la journée, ils étaient toujours beaux. Et moi j’étais un enfer."
Avez-vous un épisode préféré ? Et quel est celui que vous aimez le moins ?
Mon épisode préféré c’est celui qui a été un enfer à tourner pour moi. C’est le premier. Tout était abominable. Le temps, le costume, les scènes dans le désert, la canicule qui nous est tombée dessus à Londres... Dans ce costume lourd et rigide, je me retrouvais à être un micro-ondes humain. Quand on enlevait mon casque, j’étais rouge, suant, dégueulasse, trop cuit. Tous les jours, je voyais la princesse maquillée, coiffée, Harrison Ford pouponné par des équipes, et à la fin de la journée, ils étaient toujours beaux. Et moi j’étais un enfer. Mais la force du premier Star Wars pour moi est d’avoir une histoire simple. Presque innocente. Ce film est arrivé à un moment où le monde en avait besoin. Il a été une surprise. Celui que j’aime le moins… Quel est le votre ?
Episode 1 ou 2 je dirais.
Episode 1. Les fans plus âgés ont détesté la Menace Fantôme. Ils ont trouvé cela affreux, stupide et Jar Jar Binks oh la la. Récemment, je croise un fan et je lui demande quel est son épisode préféré. Il devait avoir 26 ans et me répond l’épisode 1. A l’époque il avait 9/10 ans et il adorait Jar Jar Binks. George Lucas a inventé ce personnage pour les enfants. Souvent, le Star Wars préféré des spectacteurs est celui qu'ils ont découvert enfant.
"La vie pour les robots est triste."
Comment avez-vous trouvé votre démarche ?
J'était bloqué dans ce costume, il était lourd sur les épaules, quand je marchais je me sentais comme un monstre. Mais ce n’est pas son caractère. J’ai décidé de bouger ses bras de sorte à ce qu'ils soutiennent le poids du costume sur mes épaules mais aussi pour lui donner l’aspect d’un majordome. En tant qu’acteur, je me suis demandé ce que je pouvais faire. D’autant plus que je ne vois rien avec ce masque.
Vous auriez aimé que C3-PO tombe amoureux ?
Non. Je ne crois pas. C’est quelqu’un de solitaire. C’est un peu triste. Il aime être avec les humains mais il ne les comprend pas. Il n’a pas nos émotions. Il a des amis, R2-D2 notamment, il possède le respect de la Princesse... la vie pour les robots est triste.