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Zombillénium le film : des monstres, du rock et du fun - interview

Le 18/10/2017 à 17:06
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Zombillénium est l'adaptation de la BD du même nom signée Arthur de Pins. En binome avec le réalisateur Alexis Ducord, l'auteur a lui-même transposé sur grand écran cette aventure folle dans un parc d'attraction peuplé de zombies, vampires, loups-garous, sorcières et autres créatures.

 

Zombillénium

 

Tous ces monstres se doivent de faire peur afin d'effrayer les visiteurs en recherche de sensations fortes. Mais ils vont devoir se réinventer sous peine de mettre la clé sous la porte. Hector, un père de famille devenu démon, va se retrouver à les aider malgré lui.


Zombillénium est une réussite fun, colorée, originale et rock. Avec Mat Bastard ex Skip The Use dans le personnage du squelette Sirius mais aussi en compositeur des chansons.

 

FilmsActu a eu l'occasion de rencontrer Arthur de Pins, Alexis Ducord et Mat Bastard. Voici quelques extraits de notre conversation.

 

 

Est-ce difficile de produire un tel film en France ?

Arthur De Pins : On a eu la chance d’avoir Henri Magalon en tant que producteur. C’est lui qui a pris les risques. De notre côté, on a eu toute la liberté que l’on voulait. L’univers a été conservé. Le film se passe dans le nord de la France alors que d’autres producteurs auraient certainement cherché à le placer dans une banlieue pavillonnaire lambda afin de pouvoir mieux l'exporter. Là on a pu garder le nord, ses briques rouges, sa grisaille… On a pu donner vie à l’univers de la BD. Henri est un producteur intègre qui croit à la capacité des enfants à comprendre la thématique sociale derrière cette histoire d’aventure fantastique.

 

Ce fond lutte des classes est essentiel à Zombillénium ?

Arthur : Oui. Zombillénium est une fable qui utilise des monstres comme la ferme des animaux d’Orwell se servait des animaux. Là ce sont des zombies, des vampires. Chaque type de monstre correspond à une catégorie socioprofessionnelle sans que cela soit trop appuyé non plus. Ce n’est pas non plus un film militant. Mais les zombies sont les monstres old school qui ne font plus peur et qui ont face à eux les vampires qui sont les nouveaux types de monstres populaires tels qu’on les voit à Hollywood. Ce n’est pas un hasard si leur leader ressemble au héros de Twilight. Ce sont des monstres lisses dépourvus de tout ce qui est crade et fascinant.

 

Zombillénium

 

Vous êtes tous les deux fans de films d’horreur ? Les références au genre sont multiples.

Alexis Ducord : Je suis fan de Romero et dans de tous ces films qui ont beaucoup de tendresse envers les monstres. Pour Romero, les zombies étaient un super moyen de parler de la société. Et c’est ce que l’on a fait dans Zombillénium. On se sert d’eux pour parler d’autre chose. Au final, le monstre dans le film c’est l’humain et les aprioris que l’on a sur les autres.

Arthur : Je n’ai jamais regardé trop de films de zombies. Mais il y a un film qui m’avait marqué fin des années 80, début 90, c’est Cabal de Clive Barker. Ce type arrive dans une ville souterraine où il y a plein de monstres différents et il devient leur pote. Au début, ils font peur puis on se rend compte qu’ils sont sympas, s’éclatent, dansent. En revoyant des extraits sur youtube, je me suis dit que Zombillénium tient ses racines de là. Je n’ai jamais revu ce film qui est peut-être un nanar mais il m’avait vraiment marqué.

 

Pourquoi le nord ?

Arthur : C’est le théâtre de beaucoup de livres et de films qui parlent des drames sociaux. Ce n’est pas un hasard. Outre les films de monstres, notre inspiration c’est aussi le cinéma social anglais. Celui de Ken Loach bien sûr mais aussi un film comme les Virtuoses. On a du mal à faire cela en France, des comédies sur fond de tragédie sociale. Dans les Virtuoses, ce sont les mineurs qui démarrent une fanfare pour sauver leur mine. Les personnages ont un destin collectif bien qu’ils soient tous très différents. Comme nos monstres qui se lient pour sauver leur parc.

 

Zombillenium est né d’une couverture pour Spirou avant de devenir une BD. C’est assez atypique comme démarche ?

Arthur : Le cheminement est un peu particulier. J’adorais les monstres ado puis j’ai dû laisser tomber peut-être sur la pression des profs qui voulaient des thématiques plus réalistes, sociales ou actuelles. Un jour, Spirou me demande une couv sur le thème d’Halloween. Je me suis amusé à dessiner cette galerie de monstres. Et le rédac chef qui a vu à quel point je m’étais éclaté me propose de démarrer une série avec tous ces personnages. Il y a un squelette, une momie, une sorcière, un vampire… Au lieu de les placer en Transylvanie comme la logique le voudrait, je me suis demandé où pourraient être ces monstres aujourd’hui, où ils pourraient travailler sans se cacher. Le parc d’attraction m’a paraît idéal. Quand j’ai démarré, j’avais en tête un The Office avec des monstres. Au fur et à mesure, c’est devenu une BD d’aventures, ce que j’avais envie de faire.

 

Zombillénium

 

La BD est très rock par plein de côtés. Le film aussi. Le rock est une culture qui vous touche ?

Arthur : Complètement. J’avais un grand frère qui écoutait beaucoup de metal. Ce qui me fascinait plus que la musique, c’était les pochettes. Celles d’Iron Maiden, Ozzy Osbourne, Helloween. Celles d’Iron Maiden avec Eddie sont toutes géniales. Quelque part, c’est ce même folklore que l’on réutilise. Nos monstres et les leurs portent un peu les mêmes valeurs. C’est un peu une façon de dire fuck à la norme, la bien-pensance, l’hypocrisie.

 

Combien d’entrées devez-vous faire pour que Zombillénium soit considéré comme un succès ?

Alexis : A partir d’un million, tu débouches le champagne. Mais à partir de 700/800 000 les investisseurs commencent à être rassurés. En 2015, 2016, 2017, les films français comme Adama, Tout en haut du monde, Avril et le monde truqué ont tous fait entre 200 et 300 000 entrées. C’est le nombre moyen pour un film français. Si on faisait cela, nous on sera content, on aura touché du monde, mais pas les investisseurs.

 

A 1 million, vous pourrez penser à une suite ?

Arthur : On peut y penser à tout moment. Mais à un million, ce sont plutôt les producteurs qui nous pousseront à y réfléchir. J’ai attaqué le Tome 4 de la BD qui en aura 6. Les deux développent le même univers même si la BD a une touche plus dark. En BD on peut se permettre de rajouter quelques touches de violence qui seraient trop en film.

 

Interview de Mat Bastard


Zombillénium

 

Mat : Cela fait 5 ans que l’on travaille ensemble. Ils ont commencé par faire un clip pour Skip The Use qui leur a servi de carte de visite. J’ai continué en composant des chansons et des bouts de score.

 

Pour le film, tu doubles le squelette Sirius. Comment s'est passée cette première expérience de doublage ?

J’ai adoré. Je me suis vraiment bien amusé. Du coup, je vais peut-être essayé de faire acteur dans un film. Je ne suis pas à l’aise quand je ne connais pas mais on m’a encouragé. J’ai quelques propositions, on verra. Vu mon planning de tournée, ce n’est pas évident.

 

As-tu un monstre fétiche dans Zombillénium ?

Il y a deux personnages que j’aime beaucoup. Evidemment Sirius, le squelette que je double, mais aussi le monstre à trois têtes, les deux gros dobermans avec le petit yorkshire au milieu. Je dois ajouter Gretchen. Elle ressemble vraiment à ma femme (rires). Quand on était à Cannes, les gens pensaient que c’était une actrice qui avait été embauchée pour lui ressembler. Ma femme n’a pas un aussi gros nez cependant.

 

Zombillénium

 

Qu’est ce qui te plait tant dans Zombillénium ?

L’univers à la Ken Loach. Le côté social très anglais qui explique la lutte des classes et le fonctionnement de la société aux enfants sur le ton du divertissement. Le monde sans pitié de l’entreprise…. Mon personnage Sirius s’invente une vie parce qu’il a honte de ce qu’il est. Puis quand il finit par s’accepter lui-même, c’est là qu’il devient extraordinaire. Eux dessinent pour les mêmes raisons que moi je fais de la musique. Pour susciter le débat, pour les prises de position, et c’est ça qui m’a plu. Quand on s’est rencontré à l’époque de Skip The Use, leurs dessins allaient super bien sur mes chansons et mes chansons s’incorporaient parfaitement dans leur univers.

 

Zombillénium






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