Vous vous souvenez de Wall-E ? Plus précisément, rappelez-vous de ce fameux plan où Eve et Wall-E, après avoir virevolté amoureusement dans l'espace, rentrent précipitamment dans l'espace et ferment le sas derrière eux, laissant enfermé dehors un pauvre robot soudeur qui ne faisait que son travail. Lui, c'est Burn-E. Et c'est son histoire que Pixar nous raconte à travers un court-métrage hilarant et inédit qui sera proposé en exclusivité sur le DVD et le Blu-Ray de Wall-E, prévu le 30 Janvier prochain dans les bacs en France.

 

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Le court-métrage Burn-E raconte donc l'histoire de ce petit robot travailleur, programmé pour effectuer des réparations sur le vaisseau l'Axiom que visite Wall-E dans ses aventures sur grand écran. L'histoire démarre en fait avant la scène citée plus haut, au moment même où Wall-E découvre pour la première fois l'espace et s'amuse à caresser les anneaux de Saturne, accroché à la carlingue d'un vaisseau. En effet, à ce moment là, un petit caillou des anneaux va quitter son orbite et traverser l'espace jusqu'au vaisseau Axiom pour péter pile-poil une lampe de signalisation toute bête à son extérieur. C'est là que rentre en scène Burn-E, envoyé par le robot Supply-R pour réparer les dégâts. Et c'est là qu'une opération de routine va se transformer en casse-tête intégral pour le pauvre Burn-E.

 

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Burn-E, le court, suit donc en quelques minutes le fil conducteur du film Wall-E puisque certaines scènes du film (jusqu'à sa toute fin) entraîneront des conséquences insoupçonnées sur sa fameuse réparation. Entièrement sans paroles, ce petit court-métrage renvoie aux quarante premières minutes de Wall-E, cherchant ses influences du côté des situations comiques des films muets. Une vraie petite réussite visuelle, parfaitement dans la lignée technique de Wall-E, et s'imposant comme un complément original et amusant sur le DVD et le Blu-Ray.

 

A l'occasion de la sortie prochaine de Wall-E en éditions DVD et Blu-Ray, qui contiendront ce court métrage Burn-E, le réalisateur Angus MacLane, animateur chez Pixar depuis 1001 Pattes et qui a travaillé sur Wall-E, a répondu à un parterre de questions en notre compagnie !

 

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Le court-métrage Burn-E a été conçu parallèlement à Wall-E ou l'idée est venue plus tard ?

En plein milieu de la conception de Wall-E, j'ai animé le plan où Burn-E se fait enfermer dehors du vaisseau l'Axiom. Je m'étais tellement amusé en l'animant que j'ai voulu savoir ce qu'il advenait de Burn-E par la suite. J'ai eu quelques idées de possibilités d'insertion du personnage Burn-E dans l'histoire de le film, que j'ai soumis à Andrew. Il trouvait les gags amusants mais estimait qu'ils allaient ralentir le rythme du film. A la place, il m'a donc proposé de rassembler toutes ces idées au sein d'un court-métrage pour le DVD. Le seul changement que j'ai donc apporté au film est la lumière que répare Wall-E, qui me permet donc d'assurer le lien avec le court.

 

Wall-E veut dire en anglais "Waste Allocation Load Lifter Earth-Class". Que signifie le nom Burn-E ?

Burn-E signifie "Basic Utility Repair Nano Engineer". On m'a déjà fait la remarque que le "E" doit signifier "Earth-Class", comme dans le nom "Wall-E". Mais je suis resté sur ma position, histoire de faire chauffer les débats sur internet !

 

Avez-vous eu besoin de créer de nouveaux éléments pour Burn-E (modèles, textures, etc) ou vous n'avez eu qu'à vous servir dans le travail effectué sur Wall-E ?

Nous avons utilisé énormément d'éléments déjà visibles dans le film. Même le couloir de l'Axiom dans lequel Burn-E se déplace est un décor crée pour le film mais qui n'avait finalement pas été utilisé. Quelques éléments ont néanmoins été crées pour le court, comme le roboto Supply-R, patron de Burn-E.

 

Un passage de Burn-E, le bond dans l'hyperespace très exactement, renvoie directement à 2001, l'odyssée de l'espace. Etait-ce intentionnel ?

Le court-métrage tout entier renvoie à la science-fiction des années 1960-1970. Puisque le bond dans l'hyperspace n'était pas montré dans le film, nous avons pu donner libre court à notre imagination sans le trahir. Je voulais donc que cet effet soit très "old-school" dans son aspect. Le gros plan permettait également que Burn-E contemple sa propre existence. Ce n'est donc pas une référence directe à 2001, même si je vois très bien le parallèle.

 

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Vous aviez un modèle réel pour le look de BURN-E ?

Tous les robots de l'univers de Wall-E sont pensés premièrement pour être fonctionnels et secondairement des personnages. Puisque Burn-E est un robot soudeur, son design est fait des accessoires nécessaires : il a une sorte de casque de soudeur, une torche, un bidon de gaz, etc.

 

Les avancées technologiques sur Wall-E ont rendu votre travail plus simple ou plus difficile ?

Ces avancées permettent d'aller plus vite et ouvrent beaucoup de perspectives. Pour certaines raisons, de nouvelles possibilités catalysent l'envie de créativité. Par exemple il y a dix ans sur le court métrage Geri's Game, les textures de vêtements étaient difficiles et prenaient beaucoup de temps de calcul. Geri avait un costume qui prenait énormément de temps à rendre réaliste. Il était impossible de faire ça sur un film complet à l'époque. Les ordinateurs permettaient seulement de rendre des textures solides comme la peau des insectes ou la texture des jouets, mais c'est tout. Aujourd'hui nous pouvons gérer les habits beaucoup plus efficacement et donc nous en utilisons dans tous les films. Mais le niveau de détail fait que la tâche demeure toujours difficile quelque part...

 

Votre équipe de production sur Burn-E travaillait dessus à part entière ?

Ceux qui ont travaillé sur Burn-E ont tous travaillé sur Wall-E. La plupart du temps, lorsqu'ils avaient fini leur travail sur le film, ils partaient en vacances et travaillaient à leur retour sur le court (et parfois même avant leurs vacances). J'ai eu vraiment de la chance d'avoir une équipe pareille. Non seulement ils ont donné à Burn-E une richesse qui donne l'impression qu'il sort directement du film, mais ils ont pu apporter toute leur expérience de Wall-E.

 

Vous avez d'autres courts-métrages en préparation ?

J'adorerais refaire un court pour Pixar. Néanmoins, je ne sais pas si ça arrivera. Il y a beaucoup de gens chez Pixar qui ont les capacités de devenir réalisateurs et qui ont des idées géniales ! Chacun son tour.

 

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Quel était pour vous le plus gros challenge sur Burn-E ?

Sans hésitation, l'un des premiers plans du film où le petit astéroïde touché par Wall-E vient casser la lampe du vaisseau. Ce plan de Wall-E caressant les anneaux de Saturne dans le film était tellement complexe, que l'adapter au court-métrage était un sacré challenge. Heureusement le responsable des effets du film, Bill Watral, et son équipe ont réalisé un travail parfait.

 

On dirait que les courts-métrages de Pixar sont des laboratoires d'expérimentation, notamment ceux qui précèdent les films. Qu'y a-t-il de nouveau dans Burn-E?

Normalement nous n'avons pas le droit de parler de nos avancées technologiques, mais j'ai quand même envie pour Burn-E ! Son intérêt technique est qu'il est présenté dans un nouveau format que nous nommons en interne "Burnavision". Un film est généralement présenté en 24 images par seconde. Avec Burn-E nous avons monté ce chiffre à 26, ce qui nous permet d'accélérer certains plans sans perdre en fluidité et rendre certaines blagues ordinaires beaucoup plus drôles. Ce procédé nous est venu en observant des vieux films muets, qui, parce qu'ils étaient animés manuellement au projecteur, donnaient aux personnages une vitesse légèrement plus élevée. Nous avons estimé dans nos tests (pas très scientifiques !) que ce phénomène engendrait un plaisir de vision supérieur de 31% chez les spectateurs ! Après beaucoup de travail sur les moteurs 3D, nous avons réussi à rajouter deux images par secondes. Ca nous a rajouté du travail au moment de l'animation, mais le résultat valait le coup. J'espère que nous pourrons utiliser le procédé "Burnavision" dans des films complets dans le futur, mais nous ne sommes pas encore certains que l'oeil des spectateurs pourrait supporter deux images supplémentaires par seconde pendant 1h30 complète !

 

Dans les quarante premières minutes de Wall-E, il n'y aucun dialogue, l'animation étant le "personnage principal" du film. Vous qui avez travaillé dessus, était-ce un gros challenge ?

Wall-E était un gros challenge dans son ensemble mais pour moi il s'agissait surtout d'un challenge au niveau de l'histoire. J'ai travaillé pendant neuf mois en tant qu'artiste sur l'histoire, ce qui était bien plus difficile que la conception de l'animation en elle-même. L'animation dans Wall-E et Burn-E est superbe, mais sa réussite ne dépend que de l'histoire. Si vous observez la scène où Supply-R lâche la lampe par terre, vous comprenez ce que ressent Burn-E grâce à ce qui s'est passé juste avant. Transcrire cette histoire dans un story-board sans dialogue était le plus gros défi !

 

Pourquoi avoir choisi l'Hymne à la joie de Beethoven dans Burn-E ?

Pour deux raisons. Premièrement, tout le monde connaît cette musique et son évocation émotionnelle, parfaitement appropriée aux deux scènes où elle figure. Deuxièmement, si un robot doit chantonner un thème, il faut que ce soit du Beethoven !

 

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Quelle a été l'implication d'Andrew Stanton, réalisateur de Wall-E, dans Burn-E ?

Andrew était producteur exécutif de Burn-E et en tant que tel, il a surtout travaillé sur le découpage de l'histoire. Je la lui racontais via des story-boards et il me faisait part de ses remarques afin d'améliorer la narration et sa clarté. Nous travaillions déjà ensemble depuis trois ans et nous arrivions parfaitement à rebondir sur les idées de l'autre. Après qu'il ait approuvé le story-board et donc donné le feu vert à la conception du court, je suis souvent revenu le voir dès que je franchissais une étape importante (finalisation de l'animation, des rendus, etc). Son travail de mentor a été essentiel, surtout qu'il m'a laissé toute la liberté pour faire le film que je voulais. Sans ses conseils, Burn-E ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui.

 

Burn-E est à ce jour votre plus gros projet chez Pixar : qu'en avez-vous tiré ?

J'ai appris en quoi consistait la direction d'une équipe de spécialistes, comment les diriger pour aboutir à un résultat en harmonie avec lui-même. Plus spécifiquement, j'ai appris de Andrew Stanton comment gérer une histoire, comment ajuster son rythme en prévoyant les réactions du public. Si les spectateurs ne comprennent pas ce qui se passe ou s'en fichent, vous avez perdu leur attention et le court métrage est un échec. Un des talents d'Andrew est de comprendre ses spectateurs. Une bonne histoire ne suffit pas : il faut savoir la raconter.

 

Vous travaillez chez Pixar depuis 1997 et vous avez participé à tous les films du studio, mis à part le premier Toy Story. Comment percevez-vous l'évolution de Pixar ?

Ce serait facile de regarder en arrière et se dire que le succès de Pixar était prédestiné. Chaque film a été une lutte et nous avons travaillé sans relâche pour les rendre les meilleurs possibles. Wall-E a heureusement été un succès, mais avant cela nous le percevions depuis des années comme un énorme risque. Sa conception n'a été possible que grâce au nombre de succès que nous avons enchaîné... Sinon, pas de Wall-E !

 

Travaillez-vous sur le prochain film du studio Pixar, Là-Haut ?

Après avoir terminé Burn-E, j'ai travaillé sur l'animation de quelques plans de Là-Haut. J'aime travailler sur le plus de films possible et c'était un vrai plaisir de collaborer à nouveau avec Pete Docter, même si ce n'était que sur certaines scènes. Je suis vraiment fier d'avoir pu contribuer à un film aussi original et imaginatif...

 

Là-Haut, été 2009 au cinéma

 

Vous songez à réaliser un film complet ?

J'adorerais, mais j'ai beaucoup de films en cours sur lesquels je dois terminer mon travail. Je suis actuellement encore sur Là-Haut et je vais très bientôt rejoindre l'équipe de Toy Story 3. Je ne peux pas vous en dire plus sur ces deux là... si ce n'est qu'ils vont donner de très bons films !

 

Qu'aimez-vous le plus dans l'animation ? Qui vous a influencé artistiquement ?

J'aime l'animation lorsqu'elle est honnête et ne dépasse pas ses prérogatives. Je préfère un mouvement qui colle à l'histoire et n'attire pas l'attention sur lui-même en particulier. C'est l'animation qui sert l'histoire et non l'inverse ! Quant à mes influences, elles sont assez larges, allant de Chuck Jones à Bill Plympton. Je m'intéresse moins à l'animation 3D qu'à la 2D, principalement parce qu'il s'agit de mon travail. Mais j'ai été impressionné par le travail de l'école des Gobelins à Paris sur la série TV Pocoyo...

 

Vous appréciez le format Blu-Ray et la haute définition ?

Oui et principalement pour deux raisons. Premièrement, la haute définition et le Blu-Ray permettent aux spectateurs de voir un film dans des conditions que nous préférons, qui correspondent plus au film tel que nous l'avons crée. Et deuxièmement parce que la place disponible sur un Blu-Ray permet de rajouter énormément de contenu, ce qu'un réalisateur et un fan de cinéma apprécieront encore plus.

Sans compter que le terme "Blu-Ray" sonne comme une arme de science-fiction super cool, alors que "Betamax" sonnait plus comme un robot ménager de seconde zone ! (rires)

 

Wall-E sortira le 30 Janvier 2009 en DVD et Blu-Ray.