L'affaire Ong Bak 2 : un feuilleton à rebondissements !
Le 30/07/2008 à 17:59Par Elodie Leroy
Cela fait maintenant quelques jours que la presse tabloïd thaïlandaise s'emballe sur une même histoire : le départ inexpliqué de Tony Jaa du tournage de Ong Bak 2 en juin dernier. Sommes-nous face à une affaire de magie noire ou de fraude financière? Le fin mot de l'histoire de ce feuilleton à multiples rebondissements et peut-être bien plus simple.
Pour rappel, Tony Jaa n'est pas seulement l'acteur principal mais aussi le réalisateur de Ong Bak 2. On se souvient que l'acteur a d'ailleurs connu un désaccord avec Prachya Pinkaew (réalisateur du premier Ong Bak) et que les deux hommes se sont brouillés à ce sujet. Cependant, alors que l'on accusait déjà Tony Jaa de mégalomanie, les réactions s'avèrent plutôt enthousiastes lorsque les premières images d'Ong Bak 2 sont dévoilées à Cannes 2008, au Marché du Film. On parle alors non seulement de combats ultraviolents, de chorégraphies impressionnantes et réalistes mais aussi d'une réalisation très efficace. Certains parient déjà que le film sera un cran au-dessus du premier.
Et puis, en juin dernier... Pouf ! Tony Jaa disparaît de la circulation sans laisser de trace.
Depuis, le mystère de la disparition de Tony Jaa donne lieu aux théories les plus farfelues. C'est bien simple, on aura tout entendu : que Tony Jaa s'est retiré dans la jungle pour entrer en méditation, que Tony Jaa pratique secrètement des rites de magie noire dans un temple, que Tony Jaa est tout simplement parti en vacances avec sa famille... De toutes, c'est la théorie de la magie noire qui revient le plus régulièrement. Certains membres de l'équipe de Ong Bak 2 auraient en effet rapporté avoir vu Jaa se promener sur le plateau habillé en Shaman. D'autres affirment que Jaa aurait pris l'habitude de faire un peu trop souvent patienter son équipe et ses acteurs pour cause de méditation. Une chose est sûre : Tony Jaa a bel et bien abandonné le tournage en cours de route en juin dernier.
Mais ces jours-ci, un autre son de cloche se fait entendre, un son de cloche nettement plus terre-à-terre. En effet, le budget de 117 millions de Bahts alloué au film par la Sahamongkol aurait parait-il fondu un peu trop rapidement. D'un autre côté, on entend dire que Tony Jaa s'est personnellement ruiné pour mener le film à bien, au point de ne plus payer les employés et les factures d'électricité de sa propre société. Pourtant, les exécutifs du studio Sahamongkol sont dans l'incompréhension la plus totale et disent avoir engouffré en tout près de 250 millions de Bahts (7 millions de dollars environ) depuis le lancement du projet... Dans sa grande délicatesse, la presse locale évoque alors la possibilité d'une fraude financière de la part de Jaa.
Ne nous emballons pas. Si l'on en croit les dernières déclarations de Somsak "Sia Jiang" Techaratanaprasert, patron de la Sahamongkol, il ne s'agirait pas d'un détournement de fonds et aucune action légale ne sera menée contre Tony Jaa, d'autant que d'autres réalisateurs ont été impliqués dans le projet, comme Prachya Pinkaew et Panna Rikkitrai. Selon la presse thaï, Sia Jiang avait littéralement la larme à l'œil en évoquant les soucis actuels de Jaa qu'il disait considérer comme son fils. Par ailleurs, Prachya Pinkaew aurait cependant été contacté pour reprendre Ong Bak 2 en main.
Puis, coup de théâtre le 28 juillet dernier : Tony Jaa réapparaît. A la grande surprise de tous, l'artiste martial se montre devant les caméras mal sapé, les yeux rouges et humides - nous vous avions prévenu, c'est un véritable mélodrame. La star était tout de même accompagnée d'un avocat et a répondu point par point aux accusations portées à son encontre. Sur le thème de la magie noire, il nie en bloc toute pratique de ce genre et évoque des recherches liées au scénario du film. Pour ce qui est du dépassement de budget et de son départ précipité, Jaa déclare avoir subi énormément de pression sur le tournage et avoir été tellement choqué d'apprendre qu'il n'y avait plus d'argent qu'il aurait effectivement décidé de faire une retraite dans un endroit tranquille pour faire le point. Une mauvaise gestion ? En y réfléchissant, cela n'aurait rien d'étonnant et Jaa n'est peut-être pas le seul en cause. Non seulement il s'agit de sa toute première réalisation, et qui plus est sur un projet d'ampleur, mais le film a subi nombre de bouleversements depuis sa mise en chantier en raison des divergences artistiques entre Jaa lui-même, Prachya Pinkaew et les studios. Dans ces conditions, un dépassement de budget n'a peut-être rien d'extraordinaire.
En tout cas, c'est avec une certaine tristesse que l'on en déduit que Tony Jaa a bel et bien craqué. La presse internationale, notamment Variety, souligne l'ascension trop rapide de la star, partie de rien pour se voir propulsée en un clin d'oeil au rang d'icône internationale. Se retrouver soudainement - même s'il l'a voulu - projeté au poste de réalisateur du film le plus cher de l'histoire du cinéma thaï impliquait peut-être un peu trop de pression sur ses épaules. Espérons donc qu'il saura reprendre le dessus. Et puisqu'il semble qu'il ait décidé de revenir à la réalisation de Ong Bak 2, souhaitons lui aussi d'être un peu mieux épaulé sur le projet...