Pour sûr, les technophiles du dimanche râleront quelque peu sur le Blu Ray de Black Swan (comme ils l'avaient fait sur celui de The Wrestler) tant la texture argentique extrêmement poussée du film de Darren Aronofsky ne répond pas aux critères rayonnants des productions contemporaines. Et pourtant c'est beau ! C'est granuleux, ca fourmille par moments au point de ne pas délivrer un piqué extrêmement pointilleux, mais ça perpétue la mise en abime psychologique du film dans une esthétique ténébreuse à souhait. L'aspect chimique du 16mm employé est bien là – seules quelques séquences ont été tournées avec le Canon 5D Mark II - tout en tirant idéalement parti de la HD pour éviter à la copie de virer dans une certaine tambouille. La raison repose sur un bel encodage retranscrivant un aspect "cinéma" d'une excellente tenue qui affiche la réelle étendue de sa force dans les extrêmes de sa photographie lorgnant parfois sur des rouges envahissants et des noirs équilibrés pour la pénombre ténébreuse de son ballet final. C'est un parti pris, mais c'est beau !
On fonce sur le DTS HD Master Audio 5.1 alloué à la version originale démontrant une fois encore, si certains en doutaient, à quel point un bon équipement HD permet à la musique, de "simples" performances musicales, de gagner une ampleur grisante pour les oreilles. Quand en plus on tombe sur le Lac des cygnes de Tchaïkovski, même retravaillé sinueusement (mais avec talent) par le compositeur Clint Mansell, l'écoute offre une appréciation globale du film qui dépasse le concept même de narration pour quelque chose de sensoriel. Rien que pour ça, le film se doit d'être possédé en Blu-Ray. Reconnaissons que même s'il est un moins précis sur ce terrain là, le DTS mi-débit de la VF surprend par sa dynamique. Son manque de finesse le rend un peu plus "criard" que la VO, mais c'est clairement loin d'être mauvais. On aura néanmoins des réserves sur le doublage démontrant que l'exercice n'est décidemment pas le fort de Vincent Cassel lorsqu'il doit repasser derrière lui-même…
La métamorphose de Black Swan (48min53) est le making of principal de cette édition Blu Ray de Black Swan et demeure sans nul doute le document le plus indispensable proposé dans une interactivité inégale. "Seulement" 49 minutes de bonus, certes, mais incroyablement complètes. Outre quelques petites interviews aux résonnances commerciales, le documentaire est empli d'images de tournages dans un regard intimiste –proche des films du metteur en scène – très révélateurs de la "petitesse" du budget de Black Swan. Et donc de l'impressionnant travail fourni pour un résultat spectaculaire. Les aspects les plus fascinants du film (le montage, la photographie, les effets visuels) y sont décortiqués à différents degrés de lecture compensant ainsi l'absence un peu regrettable d'un commentaire audio.
Les reste est donc un peu plus faiblard. On trouvera de petits modules consacrés au Ballet (2min33), coulisses de la production (4min), costumes (3min55) ainsi que des portraits de Natalie Portman (3min16) et Darren Aronofsky (2min48) dont la présence ne ressemble qu'à du remplissage et auraient plus eu leur place dans le documentaire global. On trouvera également une petite conversation entre le réalisateur et la comédienne en deux parties (5min30 en tout) bien trop expéditive pour en tirer quelque chose de réellement constructif, même si l'on passe clairement à côté de quelque chose.
Enfin, remplissage "bonus" encore : les inévitables modules promo Fox Movie Channel (23 minutes en tout) proposant des interviews des comédiens principaux du film ainsi que du metteur en scène. On piochera ça et là quelques propos dignes d'intérêt mais, marketing oblige, la futilité prédomine… L'ensemble est complété par la bande annonce qui clôt ainsi l'interactivité du Blu Ray de Black Swan.
Publication du test Blu Ray de Black Swan le 16 juin 2011.