Sans trop dater non plus, Cabin Fever est un film entre deux âges dans l'histoire du Blu-Ray et n'a pas bénéficié d'un traitement de faveur particulier pour son transfert en Haute Définition. Même si l'on ressentira très sensiblement une copie sans retouches (essentiellement dans les séquences assombries), cette dernière conserve pourtant une fraicheur très appréciable : une finesse de trait évidente, un beau rendu de couleurs chaudes et une restitution de cadre naturel loin d'être déplaisant. En effet, le film se déroule dans un cadre forestier à la météo clémente... Typiquement le genre de chose qui ressort grandit en Haute Définition, tout comme le rouge sanguinolent qui inonde une bonne seconde partie du film. On regrettera juste un piqué un peu plus fiable dans les plans plus sombres, mais rien qui ne gâche vraiment le visionnage.
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On n'a jamais gardé le souvenir de Cabin Fever comme d'une démonstration sonore particulière et le redécouvrir à travers l'utilisation de DTS HD Master audio (en VO, comme en VF) nous rappelle un peu à l'ordre. Le film bénéficie d'un mixage particulièrement démonstratif qui, non content de poser une belle ambiance de forêt, joue avec les codes évidents du cinéma d'horreur en multipliant les effets et en jouant avec des sonorités musicales stridentes (des crissements de cordes que l'on a pu retrouver également dans ses deux Hostel) qui anime la totalité des canaux. En avant comme en arrive, le film bénéficie d'un relief constant ne manquant pas de coffre. Plutôt plaisant...
Présentation d'Eli Roth (2min43) :
Un conseil, cliquez sur OUI lorsque l'on vous demandera si vous voulez regarder l'introduction en question. Tout d'abord parce que cela ne vous prendra que trois petites minutes, mais surtout parce que cette dernière s'avère assez tordante en plus d'être exclusive à la France. Le bonhomme sort de l'écurie Troma et ce n'est donc pas par hasard que son intervention - et les suivantes - nous rappelle sans cesse celles de Llyod Kaufman, ne serait-ce que par ce tic simulant une conversation hors champs avant de se rendre compte qu'une caméra le filme. Chose qu'il réitérera sur bon nombre des autres suppléments. Autre point commun avec Kaufman, il s'exprime avec un français d'assez bonne facture et ne cache pas une certaine autodérision quant au statut de son film. En outre il nous confie par la même occasion les films français avec lesquels il a évolué, surprises à l'appui. En effet, combien de chance avez-vous de surprendre un réalisateur américain évoquer Ripoux contre ripoux sur son Blu-Ray ?
Commentaire audio : Avec un seul film à son actif en tant que réalisateur avec Cabin Fever lorsqu'il avait enregistré ce commentaire, Eli Roth s'exprimait pourtant avec le professionnalisme et la clairvoyance des plus grands et réussissait l'exploit de rendre les 87 minutes de son commentaire passionnantes de bout en bout. Rejetant les conventions dès le début, le jeune réalisateur impose sa volonté d'enregistrer un commentaire tout seul plutôt que de polluer la piste de plusieurs morceaux de commentaires différents. Une démarche qui l'honore. Même si cet excellent film parle de lui-même, il ne manque pas de nous rappeler sa volonté de cumuler les clins d'œil et de revenir aux sources du véritable cinéma d'horreur des années 70 et 80, sans nous cacher qu'il gardait Cabin Fever dans ses cartons depuis près de 10 ans, et que seul le succès de Scream a suscité l'intérêt de son script auprès des financiers. Il évoque également en profondeur les différentes méthodes pour vendre un film indépendant. C'est avec une culture et un humour évident propre au genre qu'Eli Roth perpétue ici l'âme de son projet comme il continuera à le faire sur le reste des suppléments. Car comme nous et comme vous, le bonhomme est fan de films d'horreur et de DVD et il ne cessera de nous le faire comprendre.
Les coulisses du tournage (28min55) : Pas ou peu de surprise pour le spectateur habitué, il est surtout question de l'ambiance bon enfant du tournage au coeur duquel tout le monde semble s'être beaucoup amusé, tout comme les propres parents du réalisateur curieux de voir leur tout petit au travail. On appréciera tout particulièrement le coté "tournage de fortune" de ce petit film indépendant, se focalisant principalement sur les effets spéciaux et maquillages gores ainsi que la mentalité de Eli Roth, plus cinéphile que metteur en scène.
Exclusivité à cette édition française, en appuyant sur Enter ou Ok à l'apparition d'une tête de mort, vous aurez également accès à de petites rétrospectives du réalisateur (9 minutes au total), faisant visiter certains décors à une équipe française. Option qui ne pénalise d'ailleurs pas les sous-titres. Que demander de plus ?
Attention, âmes sensibles regroupe trois bonus. A commencer par des scènes coupées (3min50) qui ne proposent que de très légères alternatives au montage que l'on connaît. Une bonne chose en soit, démontrant que toutes les libertés souhaitées ont été prises. Ensuite, Mad dog (4min25) laisse le réalisateur revenir sur une anecdote de tournage concernant l'attaque du chien. Le pitbull pressenti n'étant capable de rien, la seule solution du moment fut de faire venir le seul berger allemand disponible, uniquement dressé pour tuer et se reproduire...Comment réagira-t-il face à une équipe de tournage ? Arrivé à la fin de l'interview, une icône apparaît. En cliquant sur Enter ou Ok, vous faites ainsi apparaître les rushes inutilisables mettant en scène le premier chien (1min50) qui était un bonus caché sur l'édition zone 1. Enfin, Naked News (4min51) restera le seul document promo proposé ici. Une featurette originale puisque présentée par des animateurs nus. Deux fois le même documentaire de 2min25, deux fois les mêmes images, à l'exception près que la première partie est proposée par une charmante et très intelligente jeune femme et la seconde présenté par un mec insignifiant. Par professionnalisme et pour ne pas vous faire perdre de temps inutilement, nous vous proposons une image de la jeune fille, l'autre type n'apportant rien à l'affaire!
Pied de nez aux éventuels comités de censure désapprouvant le film, Eli Roth propose ici sa Version familiale (1min11) de Cabin Fever histoire de ne choquer personne. En résulte un tordant montage de jolis plans du film avec une musique joyeuse et enjouée. En effet, point de violence à l'horizon. On retrouve ensuite Pancakes (2min31), soit une petite intervention inédite (comprendre une fois de plus réservée aux français) de Eli Roth. Il est ici question du petit garçon et de son saut de Karaté.
La saga des Fruits Crados (12min21), très laide traduction des Rotten Fruit. Il s'agit là des premières oeuvres officielles de Eli Roth, sorte de mini série animée en pâte à modeler racontant les mésaventures d'un groupe musical de fruits bravant les interdits pour rester dans les charts. Trois épisodes plus ou moins sympathiques, dont un assez tordant montrant les personnages s'acharnant sur leurs jeunes fans qui téléchargent gratuitement leurs plus grands succès.
Une très chouette interactivité menée de main de maître par un réalisateur inspiré, décomplexé et transférant ici totalement l'esprit burlesque de son film à travers quelques interventions plus farfelues les unes que les autres. Un produit de cinéphile, par un cinéphile, pour les cinéphiles.