Déjà très convaincant en DVD, JCVD s'offre enfin l'opportunité de s'apprécier correctement chez soi à travers un Blu-Ray qui tire parti des bienfaits de la HD sans tomber dans le lissage intempestif que ne souhaitait pas son réalisateur. Gaumont, qui nous a habitués à de belles prouesses dans en matière d'encodage, récidive avec une certaine efficacité et propose une compression Mpeg 4 sans le moindre artefact malgré la photographie si particulière du film, ambrée, plongée dans une certaine pénombre et révélant pourtant de vives sources de lumières ça et là. Contraste et gestion des noirs s'en tirent ainsi haut la main, ce qui n'est pas une moindre satisfaction puisque la composante esthétique du film repose presque uniquement là-dessus.
Nos traditionnelles captures en haute résolution ci-dessous vous en offrent un meilleur aperçu :
Malgré l'échec relatif du film au box-office, Gaumont octroie au film de Mabrouk El Mechri une édition Blu-Ray particulièrement riche, reprenant le contenu de la précédente édition double DVD. Un disque qui dispose d'une interactivité permettant de mettre à jour la conception de cette aventure particulière, mais qui également livre deux documentaires au plus près du comédien, permettant de découvrir un homme un peu trop sujet à la moquerie. Un voyage intensif dans la peau d'un personnage incompris...
Mabrouk El Mechri est un cinéphile, la moindre parcelle d'image de son JCVD est là pour le rappeler et son excellent Commentaire audio enfonce d'autant plus le clou. Comme on avait déjà pu le constater sur le commentaire de son précédent film, Virgil, le garçon a énormément de choses à raconter et se sert de ses propres images pour livrer oralement sa perception du cinéma. Au-delà des anecdotes et secrets de tournage (incroyablement nombreuses, passant des improvisations à diverses préparations techniques), le réalisateur délivre un regard sur un genre, sur une époque, sur un personnage qui ont façonné son propre style. Complet, riche... une vraie petite leçon de cinéma. Il prendra encore la parole sur deux petites scènes coupées (5min35) assez amusantes et rallongeant un peu trop le film. D'autant plus que l'une d'elles n'est pas vraiment inédite... elle est plutôt inattendue. Enfin, le making of assez complet, intitulé Vent D'âme (37min03), constitue une véritable petite immersion dans la construction de cet ovni. Une sorte d'avant-goût de ce qui nous attend sur la suite et où l'on découvre Jean Claude Van Damme dans ce qu'on qualifiera d'intimité professionnelle. Une chose assez rare pour ne pas passer à côté. On y découvre un homme loin de la Movie Star, qui essaie de travailler, avec sa concentration et ses angoisses, ses doutes et ses appréhensions. Le tout dans le cadre de la construction d'un film reposant principalement sur ses épaules et dans une atmosphère de travail très différente de ces précédentes expériences.
Mais le gros du gros, c'est ensuite qu'on le trouve. Jean-Claude Van Damme, enfin mis à nu dans deux documentaires dévoilant son état d'esprit quelques années avant le tournage de JCVD et quelques jours avant la sortie. Ainsi, Une Journée avec Jean-Claude Van Damme (52min58) est un voyage récent avec la star dans sa ville natale. Bon, Laurent Weil est scotché à ses basques, mais ce n'est pas si grave. Parce que Van Damme se livre. Se livre totalement, comme épuré après un tournage relavant probablement du voyage initiatique. Une thérapie, comme il l'affirme lui-même. Au propos se joint un parcours en images, à travers quelques endroits d'une grande importance pour le comédien, comme sa première salle de musculation, l'école où il a été louveteau ou bien encore l'ancienne boutique de fleuriste dans laquelle ses parents travaillaient et au dessus de laquelle il a grandi. On s'amusera d'ailleurs à le voir débarquer chez les nouveaux propriétaires qui ne s'attendaient pas à une pareille visite. Notons tout de même que Mabrouk El Mechri a lui-même filmé ce long entretien.
L'autre document s'appelle Dans la peau de Jean-Claude Van Damme (46min16), réalisé en 2003 par Frédéric Bénudis qui l'avait cette fois-ci suivi à Los Angeles. Si le cadre est différent, le personnage, très conscient de l'univers qu'il a construit avec ses qualités et ses défauts, est bien le même. Probablement un peu moins serein, reconnaissant sa mauvaise passe artistique et portant sur lui-même une réflexion riche de sens et très touchante. On le verra également en préproduction d'un film... qui ne se sera jamais fait. Paradoxalement, ce sont les gens de son entourage qui semblent un peu moins au fait des choses. Sa femme souhaitant le voir dans le remake d'un film de Louis De Funès et son agent dans une comédie du type Rush Hour. Un beau double portrait en tout cas qui complète habilement le film, proposant autre chose que les images médias condescendantes avec lesquelles on nous a abreuvés depuis des années...