Avec sa photographie si particulière, ambrée, plongée dans une certaine pénombre et révélant pourtant de vives sources de lumières ça et là, JCVD avait tout du film casse-gueule à encoder en DVD. Ce qui a probablement dû être le cas étant donné les embûches auxquelles peut se heurter un simple Mpeg 2 sur une copie de ce type. Mais Gaumont, qui nous a habitués à de belles prouesses dans le domaine, récidive avec une certaine efficacité. Contraste et gestion des noirs s'en tirent ainsi haut la main, ce qui n'est pas une moindre satisfaction puisque la composante esthétique du film repose presque uniquement là-dessus. On notera néanmoins les limites de la compression de la définition standard sur un film comme celui-ci, qui semble surtout avoir été fait pour la haute définition. Nous attendons donc la sortie du Blu-Ray en janvier prochain pour notre verdict définitif.
Réalisateur formel, Mabrouk El Mechri n'en n'oublie pas pour autant le mixage de ses films. Chose que l'on avait déjà pu constater sur le DVD de son précédent film, d'une folle énergie, et qui conserve de vraie similitude avec JCVD pour son atmosphère Bigger than life. Sans être une démo tonitruante, la piste Dolby Digital 5.1 offerte ici bénéficie d'un véritable relief, via une ouverture frontale de grande précision mais pourtant très subtile. L'idée n'est pas de faire surgir des effets ça et là. Juste de proposer un environnement global d'une grande homogénéité où surrounds et canaux stéréos se soutiennent mutuellement plutôt que de se démarquer individuellement. On notera également une belle présence musicale, renforcée par un caisson de basse assez affirmatif.
Malgré l'échec relatif du film au box-office, Gaumont octroie au film de Mabrouk El Mechri une édition Double DVD particulièrement bien pensée. En effet, le premier disque, en plus de proposer le film, dispose d'une interactivité permettant de mettre à jour la conception de cette aventure particulière. Le second, bien plus détaché, livre deux documentaires au plus près du comédien, permettant de découvrir un homme un peu trop sujet à la moquerie. Un voyage intensif dans la peau d'un personnage incompris...
DVD 1
Mabrouk El Mechri est un cinéphile, la moindre parcelle d'image de son JCVD est là pour le rappeler et son excellent Commentaire audio enfonce d'autant plus le clou. Comme on avait déjà pu le constater sur le commentaire de son précédent Virgil, le garçon a énormément de choses à raconter et se sert de ses propres images pour livrer oralement sa perception du cinéma. Au-delà des anecdotes et secrets de tournage (incroyablement nombreuses, passant des improvisations à diverses préparations techniques), le réalisateur délivre un regard sur un genre, sur une époque, sur un personnage qui ont façonné son propre style. Complet, riche... une vraie petite leçon de cinéma. Il prendra encore la parole sur deux petites scènes coupées (5min35) assez amusantes et rallongeant un peu trop le film. D'autant plus que l'une d'elles n'est pas vraiment inédite... elle est plutôt inattendue. Enfin, le making of assez complet, intitulé Vent D'âme (37min03), constitue une véritable petite immersion dans la construction de cet ovni. Une sorte d'avant-goût de ce qui nous attend sur la suite et où l'on découvre Jean Claude Van Damme dans ce qu'on qualifiera d'intimité professionnelle. Une chose assez rare pour ne pas passer à côté. On y découvre un homme loin de la Movie Star, qui essaie de travailler, avec sa concentration et ses angoisses, ses doutes et ses appréhensions. Le tout dans le cadre de la construction d'un film reposant principalement sur ses épaules et dans une atmosphère de travail très différente de ces précédentes expériences. Les teasers complètent les bonus de ce premier disque.
DVD 2
Mais le gros du gros, c'est ici qu'on le trouve. Jean-Claude Van Damme, enfin mis à nu dans deux documentaires dévoilant son état d'esprit quelques années avant le tournage de JCVD et quelques jours avant la sortie. Ainsi, Une Journée avec Jean-Claude Van Damme (52min58) est un voyage récent avec la star dans sa ville natale. Bon, Laurent Weil est scotché à ses basques, mais ce n'est pas si grave. Parce que Van Damme se livre. Se livre totalement, comme épuré après un tournage relavant probablement du voyage initiatique. Une thérapie, comme il l'affirme lui-même. Au propos se joint un parcours en images, à travers quelques endroits d'une grande importance pour le comédien, comme sa première salle de musculation, l'école où il a été louveteau ou bien encore l'ancienne boutique de fleuriste dans laquelle ses parents travaillaient et au dessus de laquelle il a grandi. On s'amusera d'ailleurs à le voir débarquer chez les nouveaux propriétaires qui ne s'attendaient pas à une pareille visite. Notons tout de même que Mabrouk El Mechri a lui-même filmé ce long entretien.
L'autre document s'appelle Dans la peau de Jean-Claude Van Damme (46min16), réalisé en 2003 par Frédéric Bénudis qui l'avait cette fois-ci suivi à Los Angeles. Si le cadre est différent, le personnage, très conscient de l'univers qu'il a construit avec ses qualités et ses défauts, est bien le même. Probablement un peu moins serein, reconnaissant sa mauvaise passe artistique et portant sur lui-même une réflexion riche de sens et très touchante. On le verra également en préproduction d'un film... qui ne se sera jamais fait. Paradoxalement, ce sont les gens de son entourage qui semblent un peu moins au fait des choses. Sa femme souhaitant le voir dans le remake d'un film de Louis De Funès et son agent dans une comédie du type Rush Hour. Un beau double portrait en tout cas qui complète habilement le film, proposant autre chose que les images médias condescendantes avec lesquelles on nous a abreuvés depuis des années...