Test Blu-ray : La Cité des femmes

Plus convaincant que le master HD d’Et vogue la navire…, le Blu Ray de La Cité des femmes bénéficie d’un rendu plus méticuleux de la photo d’origine avec de superbes teintes chatoyantes. La propreté de la copie est une fois de plus miraculeuse, les contrastes profonds et le relief probant surtout sur les séquences se déroulant en forêt. Cette restauration définitive permet de (re)découvrir La Cité des femmes dans les plus belles conditions techniques, le spectateur pouvant désormais contempler tous les éléments disséminés aux quatre coins de l’écran par Federico Fellini. La définition n’est jamais ou très rarement prise en défaut, les noirs sont denses, la profondeur de champ estimable (merci à la compression AVC), le grain limité, la clarté renforce le piqué notamment au niveau des gros plans des comédiens, et la colorimétrie est à l’avenant. Qu’ajouter de plus si ce n’est que la nouvelle collaboration Gaumont et les laboratoires Eclair a encore fait des miracles ?

Il n’y a pas grand chose à signaler au niveau du son. La piste italienne est une fois de plus encodée en DTS HD Master Audio mono 1.0 et se révèle particulièrement efficace. Limpide et fluide, jamais parasitée par un souffle intempestif, la version originale, intégralement postsynchronisée distille ses dialogues avec ardeur (on crie beaucoup chez Fellini) et des effets sonores virevoltants (attention à la cacophonie !). L’éditeur propose également une version française, tout aussi soignée, même si quelques saturations persistent.

Rêve de femmes (30min25)
C’est devenu une habitude, ce documentaire rétrospectif donne la parole à Renzo Rossellini (producteur du film), Carlo Lizzani (historien du cinéma, réalisateur), Dominique Delouche (assistant de Federico Fellini de 1955 à 1960) et Aldo Tassone (historien du cinéma, ami du maestro). Chacun témoigne (les italiens dans un français parfait) de la genèse de La Cité des femmes et de l’évolution du scénario. La sensibilité presque féminine du réalisateur italien est ici mise en avant, tout comme l'envie de Federico Fellini de mettre à mal (devrait-on dire à mâle) le machisme italien, comme il l’avait déjà fait sur Le Casanova de Fellini. Les mutations de l’Italie de la fin des années 70 en passant par la collaboration de Marcello Mastroianni-Federico Fellini, la création des décors sans oublier le processus créatif du maestro ainsi que sa relation avec les acteurs souvent non professionnels, rien n’est oublié pour le plus grand plaisir des cinéphiles. A noter que nous retrouvons dans ce module quelques images de l’indispensable making of présent en fin d’interactivité.


Interactivité exclusive au Blu-ray :

Dante Ferretti : un bâtisseur de rêves (21min20)
C’est au tour du célèbre chef décorateur italien (oscarisé pour Aviator et Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street) de s’exprimer sur son association avec Federico Fellini débutée sur Prova d’orchestra en 1978. Egalement collaborateur du maestro sur Et vogue la navire…, Ginger et Fred, La voce della luna, notre interlocuteur se penche évidemment ici sur son travail sur La Cité des femmes. C’est ici l’occasion pour Dante Ferretti de revenir sur les étapes de sa carrière (chef décorateur chez Pier Paolo Pasolini) jusqu’à sa rencontre avec Federico Fellini qui l’avait déjà contacté pour créer les décors de Satyricon en 1969. Dante Ferretti avait alors refusé en avouant qu’il manquait d’expérience et qu’il n’avait pas envie de décevoir l’illustre cinéaste italien. Dans une seconde partie, le chef décorateur se penche sur la "réalité propre" à Federico Fellini et la création des décors pour La Cité des femmes. Riche en anecdotes de tournage, cet entretien complète parfaitement le segment précédent.


Femmes, femmes… (11min07)
Dans un français aussi approximatif qu’assommant, le cinéaste Tinto Brass dresse un portait redondant de Federico Fellini mais se penche surtout sur le rapport qu’entretenait intimement et évidemment cinématographiquement le cinéaste avec les femmes. D’ailleurs, on ne compte plus combien de fois notre interlocuteur évoque les personnages féminins aux célèbres rondeurs qui étaient récurrentes dans les films du maestro. Tinto Brass partage quelques souvenirs personnels mais demeure difficile à suivre.


Notes sur La Cité des femmes (1h)
Si le titre rend clairement hommage à Carnet de notes pour une Orestie africaine et Notes pour un film sur l'Inde de Pier Paolo Pasolini, il s’agit ici d’un véritable making of d’époque, indispensable, passionnant et magistral, montrant Federico Fellini en pleine création au moment du tournage de La Cité des femmes. C’est ainsi l’occasion de voir il maestro travailler avec ses collaborateurs au niveau des décors, des costumes et de la mise en place des figurantes. Tandis que Marcello Mastroianni arrive dans les studios de Cinecittà où il est acclamé par ses partenaires féminines, Federico Fellini peaufine ses majestueux décors avec Dante Ferretti et la caméra se glisse derrière l’énorme machinerie (du faux train entre autre) qui active l’ensemble. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que l’intégralité du film ait été postsynchronisé vu la cacophonie qui couvrait littéralement les voix des comédiens. On y voit aussi pêle-mêle les ateliers des studios, les figurantes passées un screen-test devant le metteur en scène qui aime visiblement passer du temps avec des femmes très "généreuses", ou bien Marcello Mastroianni qui se livre face caméra sur sa collaboration avec Federico Fellini. Entre bonne humeur et coups de gueules, système D et technique complexe, ce making of, bien que dévoilant l’envers du décor, ne gâche en rien la magie du cinéma de Federico Fellini mais au contraire la magnifie. A ne louper sous aucun prétexte.


L'interactivité du Blu Ray de La Cité des Femmes se clôt sur la bande annonce française (1min27) et la bande annonce italienne (3min37).