Film rare et souvent oublié dans la filmographie de René Clément, Les Maudits semble avoir subi un lifting à point nommé au vu du master proposé comprenant encore quelques défectuosités. Photographié par Henri Alekan, grand chef opérateur français de renommée internationale à qui l'on doit entre autre les superbes images de Vacances romaines et Les Ailes du désir, Les Maudits se caractérise par un N&B sec, clair, partiellement nuancé, bien restitué dans les séquences de sous-marin où l'apport de la HD est indéniable lors des déplacements inédits de la caméra dans les dédales du submersible. En revanche, la première partie du film propose une image aux fourmillements agaçants avec une fluctuation chronique du N&B où apparaît également un voile sombre vaporeux qui s'estompe heureusement petit à petit. Les stock-shots (images provenant d'archives de guerre sans doute) caractérisant les lancements de torpilles, les vues du périscope ou du naufrage d'un paquebot se différencient par des images très abimées, pullulant de scories en tous genres et de rayures verticales, qu'il était d'ailleurs impossible de restaurer comme le film proprement dit. Il ne faut pas oublier que Les Maudits date tout de même de 1947 et que le piqué souvent tranchant dans les séquences en intérieur (comme dans la réserve de café) est assez inouï et parfaitement digne du support. Ce master HD est au final très convaincant, propre, et la seule grosse réserve demeure toutefois vis à vis du Mpeg-4 parfois peu discret sur les séquences d'affrontement donnant un effet quelque peu artificiel lors des déplacements rapides des comédiens.
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Par ses petites instabilités, la marche militaire proposée en ouverture indique que le mixage d'origine a subi lui aussi les affres du temps, et plus particulièrement au niveau du rendu des dialogues en allemand, étonnamment plus étouffés que les échanges en français, et ce tout au long du film. Comme pour l'image, ce sont surtout les premières minutes qui semblent accuser le plus les années avec des voix montant trop haut dans les aigus au point parfois de frôler la saturation. La voix-off est légèrement crépitante mais tous ces accrocs sonores tendent à s'amenuiser jusqu'au départ du sous-marin. Le mixage trouve ensuite un équilibre parfait entre les dialogues, la musique intrigante d'Yves Baudrier et les effets sonores mêlant bombardements et le brouhaha de la salle des machines. Aucun souffle parasite n'est constaté sur cette piste DTS-HD Master Audio Mono 1.0 mais le manque d'intelligibilité sur les échanges en allemand demeure chronique.
René Clément ou le cinéma de l'épure (54min02)
Comme souvent, l'éditeur a concocté un formidable documentaire fleuve, cette fois consacré au réalisateur français de renommée internationale, René Clément (1913-1996) en croisant les entretiens d'anciens de ses collaborateurs. Nous retrouvons pêle-mêle les réalisateurs Costa-Gavras, Claude Pinoteau et Dominique Delouche (qui ont été tous les trois l'assistant de René Clément sur un ou plusieurs de ses films) ainsi que Denitza Bantcheva (auteure d'un ouvrage sur le cinéaste) et Jean-Claude Missiaen, historien du cinéma. Ce documentaire est pour nos interlocuteurs l'occasion de réhabiliter le cinéaste, trop souvent oublié et ce en partie à cause des réalisateurs et journalistes de la Nouvelle Vague qui n'ont cessé de critiquer son oeuvre. Un large tour d'horizon est ainsi fait de la filmographie de René Clément (Le Jour et l'heure, Le Père tranquille, Plein soleil, La Bataille du rail), composée d'oeuvres intimes et d'autres plus internationales comme Paris brûle-t-il ? ou Barrage contre le Pacifique (avec Anthony Perkins et Silvana Mangano), les intervenants s'arrêtant évidemment plus sur le film dont ils étaient respectivement les assistants avec de nombreuses anecdotes. Denitza Bantcheva propose quant à elle une étude minutieuse et approfondie des Maudits, en croisant le fond (l'homme prisonnier de son destin) et la forme, avec la description détaillée du décor principal du sous-marin reconstruit à l'échelle dans les studios de la Victorine à Nice. De ce documentaire se détache le portrait d'un homme solitaire, pédagogue et prévenant dans sa vie privée mais perfectionniste et exigeant dans son travail pour lequel il se donnait corps et âme en recherchant constamment un réalisme intrinsèque, en usant des nouvelles méthodes cinématographiques mises à sa disposition.