Midnight Meat Train fait partie de ces rares films récents susceptibles de dévoiler la véritable nature des possibilités de la HD, sans ''souffrir'' du surlissage qui aseptise l'image en croyant que plus nette signifie forcément plus belle. Sous la coupe de Metropolitan, dont les copies sont toujours irréprochables, le film de Ryuhei Kitamura se pose en parfait contre-exemple d'un film comme Meurtre à la saint-valentin, par exemple, proposé par le même éditeur il y a quelques semaines. En l'occurrence, il bénéficie d'une haute définition qui extrapole toutes les nuances de la texture argentique, à la fois détaillée, granuleuse et revendiquant une colorimétrie bien saturée, en concordance avec cette fable sanglante. Le transfert restitue avec le même soin la photographie glaciale des scènes se déroulant dans le métro et les teintes bien plus chaudes pour tout ce qui se déroule en surface... L'une des nombreuses facettes de l'esthétique assez démentielle du réalisateur japonais, généreuse et inventive, à laquelle le Blu-Ray rend définitivement hommage.
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Il y a définitivement des ingénieurs son qui savent se faire plaisir... Le Blu-Ray de Midnight Meat Train, même s'il n'atteint pas la maestria de certains disques récents (on pense à Transformers 2 ou Fight Club), impose un mixage d'une inventivité folle, à la hauteur de la folie visuelle. Lourdement appuyé par un DTS HD Master audio 7.1 (pour la version originale) ou 5.1 (pour la VF), l'univers sonore du film est définitivement fait pour être apprécié à travers une platine HD, tant pour la diversité de ses effets que sa lourde gestion des graves, entretenant on ne peut mieux l'atmosphère suburbaine. Vrombissements, échos, craquements électriques et crissement des rails assurent une ambiance métallique d'une grande efficacité. Les séquences d'affrontement ne font qu'appuyer le plaisir, en particulier la dernière, avec son travelling circulaire autour du wagon lancé à pleine vitesse, qui impose une expérience multicanale assez réjouissante.
Le seul reproche, si l'on devait en chercher, est une gestion de la dynamique légèrement en deçà de celle constatée en salle et qui laisserait parfois croire à des décibels pas au top de leur forme. Une petite hausse du volume au-delà de vos réglages habituels permettra de profiter pleinement du spectacle.
S'il y a bien un supplément qui se révèle indispensable dans cette édition, c'est sans conteste le Commentaire audio de Clive Barker et Ryuhei Kitamura, d'une richesse d'enseignement rare. Pas tant sur la construction technique ou les thématiques horrifiques comme on aurait pu s'y attendre (le film est suffisamment éloquent pour ça), mais plutôt sur les énormes difficultés contractuelles rencontrées pour mettre sur pied un tel projet. L'auteur l'indique d'ailleurs d'entrée de jeu ''Ca ne sert à rien d'extrapoler à l'oral les images que vous verrez à l'écran, mieux vaut vous raconter ce que cache l'industrie du cinéma''... Le moins que l'on puisse dire, c'est que la langue de bois n'est pas de mise et que l'état de santé des films d'horreur aux États-Unis n'est pas forcément plus florissant que chez nous. Si par leur créativité les deux intervenants ont indubitablement leur place dans les arcanes hollywoodiennes, ils ont suffisamment de recul pour porter un jugement sévère sur cette industrie, ayant dû défendre sans relâche leur patte artistique. Tout le monde ou presque en prend pour son grade : les producteurs qu'il a fallu manipuler en proposant de nombreux plans longs (impossibles à couper), les commerciaux et distributeurs qui ont fait preuve d'une incompétence crasse (une centaine de salles dans tous les États-Unis) ou même le genre horrifique lui-même, qui ne ressemble plus à grand-chose aujourd'hui. Un discours auquel on ne nous avait clairement pas habitués, emprunt d'une franchise et d'une légèreté sans retenue (Barker y évoque de nombreuses fois son homosexualité et son attirance pour le fétichisme sado-maso) mais qui transpire pourtant un vrai amour pour la création d'une façon générale. Un must-heard...
Le reste de l'interactivité proposée ici se montre malheureusement bien moins exaltante. On y retrouvera, en outre, trois petites featurettes lourdement axées sur le commercial, même si l'on y décèle un axe informatif qui aurait pu être franchement passionnant. On a surtout l'impression que ces trois modules ne sont en fait que les représentants orphelins d'une série de sujets bien plus complets dont la majorité serait passée à la trappe. Clive Barker : L'homme derrière le mythe (14min54) aura au moins le mérite de pénétrer quelques instants dans l'intimité de l'auteur, qui nous présente ses peintures et étale par la même occasion son regard sur l'art d'une façon générale. Le reste du propos tourne tout de même autour du film. Chose un peu plus décortiquée dans Autopsie d'un massacre (9min17) qui s'impose comme le making of d'une petite scène. En l'occurrence celle du premier vrai carnage, dans laquelle Ted Raimi se fait énucléer. Les outils du tueur (5min12) est une appellation un peu facile qui voudrait se focaliser sur les accessoires du film alors qu'il dresse un portrait, assez mélancolique, du tueur interprété par Vinnie Jones. Malheureusement, sa courte durée ne le lui laisse pas le temps d'en livrer une véritable analyse intéressante. Enfin, des bandes annonces de l'éditeur viennent compléter les bonus.