Un temps montré du doigt pour l'imperfection de ses produits, Warner tire désormais profit des nombreux atouts de la Haute Définition pour enfin offrir de bonnes conditions de visionnage à son catalogue. The Town dispose d'un bien beau Blu-ray en l'état, d'autant que la photographie du film de Ben Affleck flirte avec une certaine tradition du film de voyous, couvert par une texture argentique des plus plaisantes. Outre cette direction artistique qui entretient à la fois l'intimisme et la froideur de son cadre, le disque répond à toutes les attentes. Compression aux petits oignons qui ne flanche à aucun moment, malgré la présence de deux montages du film (une de 2h05, l'autre de 2h30), encaisse son très léger grain pellicule et met à notre disposition la profusion de détails que l'on était en droit d'attendre. Même si, concentrée sur ses personnages, la mise en scène d'Affleck repose sur beaucoup de longues focales. La palette des couleurs est identique à celle découverte en salles, froide mais naturelle, et est consolidée par des contrastes bien tenus.
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Autant prévenir tout de suite : la note attribuée ici ne concerne en aucun cas la version française, reléguée à un simple Dolby Digital 5.1 d'une pauvreté indescriptible. Une habitude chez l'éditeur. Ca manque de punch, de dynamisme, de relief, de vie, de poids… Bref ça manque de tout ! Néanmoins, pour apprécier The Town à sa juste valeur il faut se retourner vers la VO (le Director's Cut de 2h30 n'est qu'en VO de toute façon) et là le fossé se creuse très profondément. Ce n'est pas seulement le jour et la nuit, c'est une autre façon de regarder – ou d'écouter – le film. Disposant d'un DTS HD Master Audio 5.1, la version originale est l'antithèse absolue de la vf : donc du punch, de la vie, du dynamise et surtout du poids. Beaucoup de poids… Enormément de poids ! Bien que le film revendique un caractère plus humain que spectaculaire, les scènes de fusillades et plus particulièrement la déflagration des mitrailleuses, n'ont rien à envier aux films d'action les plus dévastateurs. Outre une très belle ouverture frontale comme latérale composant un enveloppement des plus naturels, ce sont les basses qui en imposent de façon radicale et rendent les coups de feu presque effrayants. Une belle démo sonore qui cogne et ne manque pas de relief…
Il est sincèrement regrettable que Warner n'ai toujours pas revu ses positions quant au sous-titrage des commentaires audio dans les langues étrangères (et donc en français) tant l'intervention de Ben Affleck est fascinante de bout en bout, rebondissant sur son talent de metteur en scène. C'est donc en VO non sous-titré que l'on pourra écouter le jeune réalisateur faire d'abord preuve d'une modestie toute à son honneur (il s'excuse d'être tout seul derrière le micro) et d'un regard extrêmement lucide sur son travail sans jamais faire preuve d'arrogance. Méticuleux dans ses descriptions, livrant sa propre analyse du travail technique comme sa direction d'acteurs, il n'en fait pas moins preuve d'une certaine légerté, posant toujours un bon mot ou des anecdotes relevant du plaisir que fut le tournage. Notons que le commentaire apparait sur les deux montages et que c'est la "version courte" de son intervention que l'on retrouve sur la version salle. Le commentaire de la version longue prend en plus le soin de revenir sur les rajouts. Il avouera lui-même que certaines des séquences supplémentaires ne fonctionnent pas forcément mieux…
Le Boston de Ben Affleck (31 min) est à l'image du film. Un making of en six parties (six mini documentaires, en fait) qui n'oublie pas son rôle informatif sur la conception (en particulier sur le statut de l'acteur qui devient cinéaste) d'un film mais témoigne une nouvelle fois de l'amour que porte Ben Affleck à la ville dont il est originaire et de la façon dont il a voulu lui rendre hommage, ainsi qu'à ses habitants, à travers The Town. Notons que si ces modules sont accessibles directement depuis le menu, d'une traite ou séparément, ils composent également un système interactif durant la lecture du film. Le problème, c'est que ces derniers n'apparaissent qu'épisodiquement pendant la lecture (30 minutes éparpillées sur plus de deux heures, c'est peu) et interrompent carrément le film. Mieux vaut les voir à part.