Le transfert fait globalement preuve d'une qualité satisfaisante, avec notamment des tons de couleurs qui nous plongent directement dans l'univers extrêmement sombre du film. Toutefois, la comparaison avec l'image du DVD hongkongais sorti chez Joy Sales révèle des différences qui ne jouent pas forcément en la faveur de l'édition française. On remarque tout d'abord que l'image a été zoomée, ce qui a pour résultat la perte de quelques pixels en bas et sur les côtés de l'image. D'autre part, outre la définition, certes satisfaisante mais loin d'être aussi remarquable que sur le DVD hongkongais, l'étalonnage a subi quelques modifications. En fait, les tons chauds sont globalement restitués avec finesse et fidélité, en dépit d'une image assombrie, mais les tons bleutés qui caractérisent certains plans de jour tirent vers le vert voire disparaissent entièrement. C'est donc une esthétique différente que l'on découvre sur cette édition française. Par ailleurs, le contraste se révèle de bonne tenue et la compression peu gênante.
Elodie Leroy
Dog Bite Dog édition Joy Sales (HK)
Dog Bite Dog édition CTV International
Dog Bite Dog édition Joy Sales (HK)
Dog Bite Dog édition CTV International
A l'instar de l'édition Joy Sales, l'édition française propose trois pistes audio sur Dog Bite Dog : l'excellente nouvelle est que l'on a droit à la fameuse piste DTS 5.1 en Cantonais, qui si elle n'est pas aussi puissante et fine que la piste originale (notamment au niveau des impacts de balle, absolument monstrueux sur l'édition HK), elle reste d'excellente facture et largement supérieure aux deux autres pistes, Cantonais et Français Dolby Digital 5.1. Les basses y sont vrombissantes, les nombreux bruits d'ambiance très bien restitués et les voix largement mises en avant, avec naturel. Les deux pistes DD 5.1 ne sont pas mauvaises non plus, et valent à peu près les pistes Cantonais et Mandarin DD 5.1 de l'édition HK. Moins précises pour ce qui est de l'ambiance et moins enveloppantes au niveau musique que la piste DTS, elles offrent malgré tout un résultat très satisfaisant, en particulier la piste française qui supplante quelque peu la piste cantonaise côté puissance et dynamisme.
Documentaire : le journal du tournage (1h07)
Dans ce documentaire aussi brut de pomme que le film, les scènes de tournage s'enchaînent les unes après les autres, sans transition, nous invitant à papillonner d'un point à l'autre de Dog Bite Dog. On voit Soi Cheang donner ses directives à Sam Lee, à Edison Chen et aux autres acteurs avec la même précision et le même calme. Le réalisateur ayant une idée très précise des rôles et de l'ambiance qu'il souhaite voir portée à l'écran, il entre dans des discussions sans fin avec ses comédiens principaux et secondaires, qui peuvent aussi avoir leur mot à dire. Sam Lee se voit à plusieurs reprises poussé dans ses derniers retranchements, Soi Cheang exigeant de lui qu'il sorte tout ce qu'il a lors des scènes les plus violentes. Outre ces moments instructifs, l'intérêt de ce journal de bord est que l'on assiste vraiment au tournage lui-même, on voit les caméramen se déplacer en fonction des pas et des mouvements des comédiens. Les doublures des acteurs ne sont pas non plus ignorées, et l'on peut voir notamment le cascadeur qui double Edison Chen se faire percuter par un camion et ce jusqu'à ce que la prise soit bonne. Sam Lee s'improvise reporter afin de nous commenter la scène d'accident de voiture que l'équipe est sur le point de tourner, et dont la préparation a commencé à 5h du matin. Avec le même humour, il commente aussi les scènes tournées en Thaïlande dans le "fight club" où son personnage se bat. Quant à Edison, il semble nettement plus réservé, à l'instar de son personnage. Il donne tout de même de très intéressantes impressions sur le film, sur son rôle et sur les méthodes de Soi Cheang, sa place particulière dans l'industrie hongkongaise. Sa perception de l'évolution du cinéma de Hong Kong est extrêmement lucide et intelligente. Un passage à ne surtout pas manquer, qui intervient au bout de 44 minutes de documentaire. L'impression générale au vu de ce reportage est celle d'un tournage difficile, aussi éprouvant physiquement que psychologiquement, à l'image du film.
Entretien avec le réalisateur : Soi Cheang, cinéaste enragé (26')
Cette exclusivité CTV est réalisée par Frédéric Ambroisine. Le cinéaste retrace son parcours, depuis ses premiers pas il y a 14 ans, jusqu'à Dog Bite Dog. Son premier projet en tant que réalisateur fut un téléfilm, une commande dont il s'acquittait pour une chaîne locale, l'industrie du cinéma n'étant pas florissante à l'époque. Après avoir dégotté un budget d'un million de dollars HK auprès de producteurs, il a tourné son premier film, Diamond Hill, sur un scénario de Au Kin-Yee, la scénariste de Johnnie To et Wai Kar-Fai. Il ne s'étend que très peu sur ce film, pour se concentrer sur le suivant, Horror Hotline, un film paranormal développé sur un budget quatre fois plus conséquent. Il énumère les autres projets du même type qui s'en sont ensuivis, pour arriver à Love Battlefield et Home Sweet Home, ses longs métrages les plus connus. Il s'attarde longuement sur la structure du scénario, point qu'il a peiné à maîtriser pendant des années. Il en arrive bien sûr à Dog Bite Dog, à la façon dont il a travaillé la première mouture du scénario avec Matt Chow, à l'extrême violence du film qu'il avait soigneusement cachée à son producteur Sam Leong lorsque est venu le moment de tourner. Très sincère et direct, Soi Cheang n'a pas peur de dire qu'il souhaitait tourner un film sans concession, qu'il lui était par-dessus tout important de l'aimer lui-même. Autre passage passionnant, celui où il décrit la genèse du personnage d'Edison Chen, entre fiction et réalité inspirée de documentaires sur les enfants cambodgiens. Une interview très riche qui permet de découvrir un réalisateur captivant, assurément l'un des plus importants du cinéma de Hong Kong actuel.
Le travail de diction (3'57)
Ce petit bonus se passe une fois encore d'introduction et dévoile les essais d'Edison Chen en cambodgien, répétant à n'en plus finir les mêmes mots. Puis vient le tour d'un autre acteur censé parler thaïlandais. Quant à Lam Suet, il doit s'exprimer en anglais. Amusant.
Un peu d'humour dans un monde de brutes (17'10)
Qui dit humour dit intervention de Sam Lee, et l'on n'est pas étonné de retrouver celui-ci à l'écran au bout de quelques secondes de documentaire, se lamentant au sujet des longues séances de maquillage auxquelles il est astreint chaque jour. Mais chacun y met du sien, certaines prises censées être tragiques finissant parfois par tourner à la franche rigolade. Soi Cheang martyrise peut-être ses acteurs, mais il lui arrive de rire aussi, comme le prouve ce petit supplément très sympathique, bon complément au journal du tournage.
Scènes coupées (6')
Ce bonus propose de découvrir quatre scènes coupées de Dog Bite Dog. La première, L'arrivée au restaurant (2'09), montre Edison Chen arriver au restaurant en taxi, puis s'installer à une table. Certains moments sont entièrement muets. La deuxième, Une traque sans merci (2'22), s'intéresse aux flics en pleine traque de suspects, bientôt rejoints par un Sam Lee déchaîné. La troisième, Sans réponse (0'28), est tellement courte et obscure qu'elle en devient anecdotique. Pour finir, Une raison de vivre (1'25), entièrement muette, montre des enfants abandonnés se disputer des restes de nourriture au milieu du tas d'ordures, images montées en parallèle avec celles d'Edison travaillant dans les champs en Thaïlande.
La Conjuration des esprits (1')
Petite vidéo éclair montrant l'équipe planter les bâtonnets d'encens.
Le seul regret concernant cette édition française de Dog Bite Dog concerne l'absence du commentaire audio du réalisateur, présent sur l'édition HK. L'excellente interview de Frédéric Ambroisine rattrape cependant cette lacune.