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Qu'il est bon de se replonger dans la quintessence du cinéma italien grâce aux bonnes oeuvres de 
Ce nouveau master ne manque certes pas de qualité mais souffre du passage du temps. Les partis-pris esthétiques du film ont vieilli et l'usage des couleurs ternes (bleu sombre, gris) n'arrange rien. Il n'est donc pas étonnant que l'image manque considérablement d'éclat et de nombreux points blancs font leur apparition tout du long. Les visages des comédiens apparaissent cireux, des tremblements perturbent le visionnage surtout durant la première partie où les zooms sont fréquents, et les contrastes sont vraiment trop accentués. Malgré tout, passées les dix minutes, le master trouve un bon équilibre perturbé uniquement par un grain parfois appuyé lors des plans éloignés et une séquence de plage altérée par un arrière-plan relativement passable. Le point positif demeure dans le rendu des nombreux gros plans notamment ceux de Gian Maria Volontè dont le visage taillé à la serpe et rougeaud ne manque pas de détails.
Comme l'indique Ennio Morricone, « la musique de film ne doit pas envahir le film mais être là au bon moment ». La partition du virtuose italien trouve une place prépondérante dans le mixage en version originale qui, même si elle s'avère moins frappante que la version française, se montre harmonieuse et équilibre parfaitement les dialogues (repris en postsynchro), la musique et les ambiances annexes. La version française se concentre principalement sur les voix des comédiens et apparait plus percutante que son homologue à volume égal. La version française est cependant plus sourde, moins balancée et manque de naturel. A noter quelques saturations sur la piste italienne qui est néanmoins la version à privilégier ne serait-ce que pour entendre la voix si particulière de Gian Maria Volontè. Toujours est-il que ces deux mixages proposés par l'éditeur sont propres et remuants.
Regard croisés (19min52)
Cet entretien mêle habilement les propos de Paola Pegoraro Petri (veuve du cinéaste Elio Petri), donatrice des archives Petri en 2007 au Museo Nazionale del Cinema de Turin pour l'exposition Lucidità Inquieta, il Cinema di Elio Petri) à ceux de Marina Cicogna (productrice de Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon). Chacune évoque le travail du réalisateur, la genèse du scénario, les thèmes du film, le casting avec un gros plan fait sur le comédien principal Gian Maria Volontè. Ce documentaire concis et exhaustif se clôt sur les critiques reçues lors de la sortie du film ainsi que son succès international (deux prix au Festival de Cannes en 1970) jusqu'à l'obtention de l'Oscar du meilleur film étranger.
La Stratégie de la tension (24min56)
Dans cet entretien de Fabio Ferzetti (critique de cinéma à Il Messaggero) conduit en français par la cinéaste Annarita Zambrano, le film d'Elio Petri est magistralement analysé sous toutes ses coutures. L'Histoire de l'Italie est évidemment mise en parallèle avec l'histoire d'Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon avec notamment des allusions faites à l'attentat de la Piazza Fontana à Milan le 16 décembre 1969 ayant entraîné 16 morts et 88 blessés. Il s'agit de la plus grande attaque terroriste de l'après-guerre ayant conduit à la constitution des Brigades rouges et des années de plomb. La théorie expliquant ces troubles politiques violents est plus communément appelée Stratégie de la tension. Fabio Ferzetti met en relief la valeur prophétique du film d'Elio Petri, réalisé dans un climat de tension et dont la sortie a failli être empêchée par les autorités. En expliquant longuement mais expertement que les bases historiques concrètes ont servi de base à l'histoire, Fabio Ferzetti rappelle néanmoins que le film demeure fantaisiste par la suite. Dans la deuxième partie, Annarita Zambrano aiguille l'interview vers la schyzophrénie du personnage principal, l'interprétation de Gian Maria Volontè (dont le père fasciste avait été emprisonné pendant trente ans) et l'ambiguité de la scène finale.
DVD 2
Ennio Morricone, la musique au corps (19min19)
Fabio Ferzetti est cette fois l'intervieweur du plus grand compositeur de musique de film au monde, il maestro Ennio Morricone. Agé de 81 ans, l'homme aux 500 films, 5 BAFTA et 40 autres distinctions prestigieuses, répond aux questions du critique de cinéma tout en partageant ses souvenirs quant à sa longue collaboration avec Elio Petri. Ce document précieux se place d'emblée dans les trésors délivrés par l'éditeur et c'est un véritable bonheur d'entendre signore Morricone se mettre au piano pour jouer les thèmes du Clan des siciliens et d'Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, qu'il compare thème par thème avec méticulosité et une passion toujours contagieuse.
Elio Petri, notes sur un auteur (1h20)
A l'instar du documentaire consacré à Pietro Germi sur le DVD de Signore e Signori ou celui sur Michelangelo Antonioni sur le DVD de Chronique d'un amour, Carlotta propose cette fois encore un film rétrospectif dédié à Elio Petri (1929-1982) réalisé en 2005. Malgré une Palme d'or remportée en 1972 avec La Classe ouvrière va au paradis, le Prix FIPRESCI et le Grand Prix du jury au Festival de Cannes en 1970, l'Oscar du meilleur film étranger la même année pour Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, et d'autres récompenses internationales, Elio Petri semble avoir été oublié dans le paysage cinématographique, notamment dans son pays. Les nombreux intervenants parmi lesquels nous pouvons citer Robert Altman, Ursula Andress, Bernardo Bertolucci, Ennio Morricone, Franco Nero, Vanessa Redgrave (en italien s'il vous plaît !), Giuliano Montaldo, Giancarlo Giannini, Jean Gili, Paola Petri (vue dans le premier supplément), Furio Scarpelli et bien d'autres, viennent rendre un émouvant hommage au cinéaste en réhabilitant chacun des films d'Elio Petri, tous pouvant être classés dans un genre différent. A travers ce long mais captivant film illustré de photographies personnelles, se dessine le portrait d'un homme brillant, autodidacte, engagé et passionné. Un metteur en scène impliquant chacun des membres de son équipe jusqu'au plus petit technicien, persuadé qu'un film se faisait en groupe pour être ensuite destiné à tous les spectateurs, même ses longs métrages les plus engagés.
Pour couronner le tout, Carlotta propose dans le troisième volet de ce magnifique coffret collector la bande-originale du film composée par Ennio Morricone. 25 pistes pour une durée de plus d'une heure, de quoi se délecter !
