Test DVD : Film Socialisme

Film socialisme assemble un lot d'images filmées avec des caméras HD, téléphones portables et même paraît-il des appareils photos numériques et des webcam. Si certaines images sont volontairement désaturées et pixellisées (la discothèque, les images d'archives diverses), l'éditeur livre une copie sensationnelle du film de Jean-Luc Godard. Les noirs sont aussi denses que sur une copie HD, les couleurs, notamment lors des séquences se déroulant à la station service, sont lumineuses, la palette colorimétrique de la première partie (sur le paquebot) sont magnifiques avec une dominante de bleus électriques. Cette édition SD d'une rare densité offre des contrastes ciselés et exemplaires en tous points si l'on pardonne les séquences en basse lumière plus altérées et granuleuses, mais cela dépend encore une fois des conditions de tournage ou de l'élément sélectionné pour effectuer la prise de vue. 

Malgré le choix du format 5.1, n'attendez rien des latérales puisque ces enceintes ne sont mises à contribution que deux minutes au total sur toute la durée du film, à savoir au moment du discours sur la géométrie et le dialogue avec la mère de famille à la 44ème minute. Dès la première image, la mire caractérisée par son perçant signal sonore vrille les tympans. Ensuite, respectant les volontés de l'auteur, l'éditeur propose un mixage se focalisant sur une admirable balance gauche-droite sur les avants, la centrale étant pour ainsi dire inexistante. Ce n'est donc pas la peine de régler à nouveau votre installation puisque seules les frontales (cinglantes), exceptée la centrale, semblent être de la partie pendant presque 1h40. Ce jeu de ping-pong sonore laisse également la place à quelques silences volontaires, d'une limpidité jamais prise en défaut, tandis que les séquences en discothèque sont intentionnellement saturées, et pour ainsi dire insupportables pour les oreilles. A l'instar du film, l'écoute de Film socialisme est une expérience à part entière. Notons enfin que Wild Side propose les sous-titres "anglais navajo", disponibles sur les copies du film à l'étranger, commentant le film à l'instar d'une conversation indienne : "donne moi ta montre" est ainsi sous-titré "you, me, watch" et ainsi de suite tout le long du film. Une nouvelle vague de sous-titres en quelque sorte.

Entretien avec Jean-Luc Godard (17min11)
Réalisé pour le site internet Mediapart, cette interview montre un Jean-Luc Godard visiblement en très grande forme mais dont les propos demeurent tout aussi abstraits que son film. Cela part pourtant bien avec quelques propos sur la genèse du film (la dernière élection présidentielle entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy), Godard nous expliquant qu'il part habituellement d'un titre pour écrire ensuite un scénario. Petit à petit, l'entretien part dans un non-sens qui n'a rien à envier à celui d'un Jean-Claude Van Damme. Tapotant continuellement la cendre de son cigare avec un humour pince-sans-rire, notre interlocuteur passe en revue une rencontre avec Daniel Cohn-Bendit, évoque le rôle du cinéma aujourd'hui, puis, des bouts de phrases sans queue ni tête se succèdent dans la deuxième partie qui reprend par ailleurs quelques bribes d'arguments déjà entendus.

Voici pour vous un petit best of :
"je veux reprendre le tennis", "les salauds sont sincères", "on m'a souvent dit du coq à l'âne mais après tout c'est des animaux", "non seulement j'aime la France mais la France m'aime un peu quand même", « moi j'mange pas mal de pommes mais je les regarde longtemps aussi", "ce n'est pas juste trois vers de terre avec un dialogue de Platon dessus mais je ne suis pas Marguerite Duras", "aujourd'hui on devrait fusiller beaucoup de gens mais aucun Etat n'ose le faire", "moi Facebook je ne sais pas du tout ce que c'est", "moi j'ai pas de retraite, j'en prendrais pas et j'en veux pas", et la meilleure pour la fin "des fois, je regarde j'aime bien Dr House comme beaucoup de gens". Voilà une mine d'or on vous dit !

"Rencontre S" (22min29)

Ce court-métrage réalisé par Anne Rosset copie le style de Jean-Luc Godard en mettant en parallèle des propos du réalisateur avec des images de la nature. La voix de Jean-Luc Godard est parfois superposée sur des images tirées d'on ne sait où et nous sommes prêts à prendre le pari que vous ne tiendrez pas 5 minutes devant l'ineptie de l'entreprise. Bon courage aux plus téméraires !

 

 

L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1min11) constituée de l'intégralité du film passé en accéléré.