Voilà un master de belle envergure conservant les volontés artistiques du réalisateur. Les trois-quart du film de Paolo Sorrentino se déroulent dans des intérieurs sombres ou en extérieur nuit magistralement rendus avec des clairs-obscurs denses et profonds. Les détails affluent y compris à l'arrière-plan, renforcés par l'emploi du 2.35. (scène du cortège nocturne), et les gros plans sont tout bonnement sublimes y compris quand les acteurs sont à peine éclairés. Les ambiances sont chaudes, distinguées par une palette de couleurs dorées et grenat, accentuant le faste des boiseries et les apparats environnant le personnage principal. La caméra sans cesse mobile du cinéaste (travellings, caméra à l'épaule) a dû donner du fil à retordre à la compression numérique qui s'en sort admirablement et n'est prise en défaut que durant les scènes diurnes caractérisées par un trouble sensible mais apparent notamment sur les visages des comédiens. Ce master français s'avère une franche réussite technique aux contrastes léchés et concis.
Alors là chapeau ! Paolo Sorrentino s'est fait plaisir tout du long en mixant le Da da da de Trio (impossible de vous l'ôter de la tête après) avec le Pavane de Gabriel Fauré, Vivaldi avec Ricchi e Poveri, merveilleusement exploités par l'intermédiaire de la piste originale Dolby Digital 5.1. explosive ! Le mixage débute avec la voix de Toni Servillo s'échappant flegmatiquement sur la centrale puis les frontales, les latérales et le caisson de basses se déchaînent lors de la série de meurtre d'ouverture. Les basses à répétitions sont de véritables coups de massue fracassant le plancher tandis que de multiples effets assaillent le spectateur de toutes parts. Les ambiances sont foisonnantes et omniprésentes du début à la fin, profitant de l'hétérogénéité de la géniale bande-son. L'explosion d'une voiture nous vibre les tympans, un hélicoptère (10min50) s'amuse à passer derrière nous de gauche à droite puis repasse sur les avants avec une remarquable fluidité. Le Pavane de Gabriel Fauré (séquence du cortège nocturne) débute par les frontales puis saisit le spectateur par un crescendo au moment des chœurs, la chair de poule est inévitable !
Durant les moments « calmes », le mixage repose sur les enceintes avants profitant d'une admirable ouverture et d'une balance dynamique. La piste française 5.1. est à peu près équivalente à son homologue italienne mais s'avère moins vive, moins naturelle, la voix-off étant elle plus discrète et les basses moins saisissantes. Privilégiez évidemment la version originale même si la version française stéréo également proposée remplie parfaitement son contrat avec une ardeur non feinte mais ne possédant évidemment pas le même pouvoir ambiant et virevoltant des deux pistes 5.1.
Making of (31min05)
Cet excellent module donne la parole au cinéaste et à l'ensemble de ses collaborateurs heureux de revenir sur l'expérience difficile mais enrichissante du tournage d'Il Divo. Les producteurs, le distributeur, les comédiens principaux, le monteur, le directeur de la photographie et le compositeur s'expriment sur leur rôle respectif en mettant évidemment l'accent sur le travail en collaboration avec le cinéaste Paolo Sorrentino. Au gré des interviews s'enchaînent de nombreuses images issues du tournage, de la préparation des prises de vue et des répétitions avec un petit détour impressionnant montrant le maquillage métamorphosant le comédien Toni Servillo en Giulio Andreotti. La majorité des propos s'arrêtent sur la difficulté rencontrée pour financer le film, le pouvoir politique en Italie, la mise en scène de Paolo Sorrentino et la carrière de Giulio Andreotti, qui passionnait le cinéaste depuis ses débuts. Pour finir, le monteur Cristiano Travaglioni analyse rapidement quelques séquences qui lui ont donné du fil à retordre en post-production et avoue avoir réduit le montage original de 2h30 à 1h50... des scènes coupées dont on retrouve quelques traces dans le segment suivant.
Scènes coupées (11min55)
Seulement onze bouts de séquences sont présents à l'appel dans cette section. On s'attendait à plus vu que le montage original excédait les 2h30. Au final pas grand chose à retenir de ces séquences à part Giulio Andreotti qui regarde quelques quidams autour quand il rentre chez lui ou son réveil rappelant furieusement un super-héros qui assemble sa panoplie pour aller au turbin. La meilleure scène demeure sa rencontre avec Mikhaïl Gorbatchev au Kremlin qui le félicite pour le succès de sa politique extérieure.
Interview de Paolo Sorrentino (12min13)
A l'opposé de son film, le cinéaste paraît calme et posé et revient longuement sur son film. Il passe en revue les difficultés de financement rencontrés pour monter le projet et la personnalité complexe et ambiguë de Giulio Andreotti qu'il considère comme le « papa » de Silvio Berlusconi. Depuis ses débuts dans le cinéma, il avoue avoir toujours voulu prendre Giulio Andreotti comme sujet d'un de ses films.
Dans une seconde partie, Paolo Sorrentino se penche sur la technique, la narration et la forme de son film et l'on regrette franchement qu'il ne se soit pas plié à l'exercice du commentaire audio tant ses propos sont denses et instructifs.
Sujet sur les effets spéciaux (7min17)
On ne dirait pas comme ça mais Il Divo renferme quelques effets spéciaux numériques dernier cri disséqués par le responsable Nicola Sganga. Quelques plans comparatifs permettent de se rendre compte de la réussite de l'entreprise avec la création d'un cimetière, de rajouts d'élus dans l'Assemblée, un paysage enneigé ou un personnage numérique créé pour la scène du suicide dans le vide. Le chef opérateur Luca Bigazzi apparaît également dans ce passionnant module dans lequel il ne mâche pas ses mots en disant qu'il pouvait aisément se passer de l'aide du numérique sur ce tournage.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1min03) ainsi que sur un lexique intitulé Un peu d'histoire proposant un récapitulatif de la vie personnelle et politique de Giulio Andreotti, les différents acteurs politiques de l'époque et les dates phares de sa carrière.