Le film de Roger Donaldson remonte à 1995. Autant dire le paléolithique dans l'univers impitoyable de la vidéo. Là où bon nombre de titres de cette époque souffrent d'être le cul entre deux chaise pour s'octroyer une copie DVD potable (trop neuf pour être remasterisé d'une manière flagrante, trop vieux pour avoir pensé à la diffusion numérique au moment du tournage) La Mutante fait pourtant peau neuve pour un plaisir de visionnage particulièrement inattendu. D'abord parce que le film bénéficie d'une photographie assez riche reposant sur un travail d'éclairage généreux, mais surtout parce que le transfert sur DVD frôle la perfection. Et ce, malgré la présence de 5 pistes audio, dont deux en DD, et une en DTS. Le fameux travail photo se ressent essentiellement sur des couleurs très fraîches, soutenues par un contraste et surtout un piqué offrant une très grande netteté. La définition génale n'est là que pour faire du bien à l'ensemble, appuyée par un travail de compression lui aussi très soigné, même si ce dernier posera ses limites dans quelques parties de l'image sous-exposées. Rien qui ne gâche le spectacle en tout cas.
Les amateurs de gros sons vont être servis... les amateurs de versions françaises encore plus ! En effet, aussi surprenant que le traitement offert à l'image, la bande son de La Mutante se montre particulièrement dévastatrice. En Dolby Digital 5.1 anglais et français d'une part qui, bien que privilégiant la VO en terme de dynamique, offre une ouverture frontale saisissante pour mieux utiliser les surround des manières les plus surprenantes possibles tout au long du film. Le terme Home Cinema n'est pas galvaudé et l'atmosphère sonore impose une présence évidente, en ce qui concerne les basses comme une limpidité générale n'hésitant pas à se balancer ça et là. La musique demeure particulièrement bien servie à ce niveau.
Un chouette mixage que l'on encourage à redécouvrir en DTS. Même si l'on regrette amèrement que ce soit le doublage français qui en bénéficie, on ne peut que constater l'apport parfois percutant du format qui n'hésite pas à se montrer plus pointu dans les sons mats et à faire redoubler d'effort ce pauvre caisson perpétuellement sur le qui-vive. La scène de cauchemar avec le train fantôme traçant une frontière définitive avec son homologue en Dolby Digital. Au final, un film pas spécialement tout frais mais qui convainc sans mal à se faire redécouvrir à la maison.
DVD 1
Commentaires audio
L'avantage d'un film de douze ans d'age comme La Mutante, c'est qu'il n'y a plus aucun enjeu commercial et que les intervenants peuvent totalement se lâcher derrière un micro. Et c'est ce qui fera assurément la force des commentaires sur le making of du second disque (majoritairement composé d'interviews d'époque) sur un plan informatif, mais également dans la décontraction générale de l'ensemble. Deux pistes sont proposées et ont, chose rare, autant d'intérêt l'une que l'autre. La première fera intervenir le producteur, le réalisateur ainsi que les concepteurs des effets spéciaux visuels et de maquillage. Outre quelques congratulations lâchées ici et là, on assistera malgré tout à un vrai décorticage technique du travail visuel accompli. L'autre commentaire reste en cela recommandable qui s'inscrit dans la déconne pure. On remerciera la présence de Michael Madsen (accompagné du réalisateur Roger Donaldson, encore, et de Natasha Henstridge) qui semble assumer totalement cette œuvre un peu à part dans sa filmographie et qui n'arrête pas une seconde d'animer l'ambiance. Tout ou presque est prétexte à la rigolade et ses compagnons le suivent sans rechigner. Un happening franchement sympa.
DVD 2
L'avis des scientifiques (16min50) :
On serait tenté de dire un peu puérilement "l'avis des scientifiques, on s'en fout". Non pas que les propos énoncés ici soient totalement inintéressants, mais ils font assurément office de gadget censé remplir cette édition collector un peu naïvement. Si intervention scientifique il doit y avoir sur un film, ce n'est certainement pas sur La Mutante qui n'exploite jamais totalement le génie génétique dont il est ici question, puisque le postulat est très vite expédié pour devenir le film de monstre que l'on connaît. Néanmoins, et sans jamais évoquer le film une seule seconde, se bousculent ici quelques experts débattant sur le mélange des espèces et les différentes créatures hybrides qu'il serait possible de créer.
H.R. Giger à l'œuvre (12min09) :
Probablement LE bonus vraiment digne d'intérêt sur ce second disque puisque comme l'indique le titre du bonus, on peut y découvrir le célèbre artiste atypique en pleine conception d'éléments que l'on retrouve dans le film. Bien évidemment, si l'on est loin des longs documentaires qui lui sont dédiés dans le coffret Alien, justement, il est toujours fascinant de découvrir cet étrange bonhomme dans son antre, en pleine préproduction de La Mutante dévoilant ses "jouets" conçus de bric et de broc à des producteurs généralement habitués aux accessoires coûteux.
Making of (49min09) :
Divisé en trois sections renommées par des termes scientifiques, cette petite rétrospective s'intéressera respectivement aux origines du film (9min57), au concept (17min50) et à la découverte (21min23). Le premier chapitre donnera essentiellement la parole à l'auteur du roman dont La Mutante s'inspire. Il sera question des différences entre le bouquin et le film même. Notons qu'il s'agit ici de l'une des rares interviews récentes, et qu'elle permet au principal intéressé de parler librement. Néanmoins, via d'autres interviews promos d'époque oblige, on évitera d'aller à l'encontre du produit dont on fait l'éloge pour raconter l'histoire globale ainsi que les motivations de parler dévolution génétique. Le second chapitre développe un peu plus le propos, élargissant les interventions aux producteurs et acteurs dont la plupart se contenteront de présenter leur personnage. Outre quelques images du tournage, on en retiendra surtout les interventions récentes de la comédienne principale et du réalisateur qui s'autoriseront quelques anecdotes sympathiques, bien que futiles face à ce qu'ils fournissent sur leur commentaire. Le dernier chapitre, le plus long, se montrera heureusement le plus intéressant puisqu'il se penchera sur tout ce qui concerne directement le personnage de Sil, la mutante.Une fois encore, il y sera surtout question de la présenter à travers son évolution et ses différents aspects à l'écran, mais c'est un bon moyen d'y découvrir le tournage de certaines scènes clés.
Créer un Hybride (15min50) :
Nous avons droit là à un joli pamphlet sur l'utilisation des effets spéciaux. Et l'hybride en question n'est pas le monstre du film, mais bien la combinaison de deux méthodes différentes de trucages pour offrir une image trompeuse au spectateur. Certes, le fameux discours du " L'avenir des effets spéciaux n'est pas le tout numérique, mais bien un mélange de plusieurs méthodes" est encore utilisé dans un bonus, mais on pourra le décharger du fait que La Mutante était l'un des premiers à se lancer sur ce terrain glissant en 1995. L'essentiel du documentaire demeure d'ailleurs un recueil d'interviews d'époque. C'est peut-être ce qui le rendra un peu désuet compte tenu des making of que nous avons découvert depuis, mais c'est aussi ce qui donnera raison à ceux qui l'expliquent ici.
Le reste des bonus se résumera à la bande annonce originale (1min52) bien meilleure que la française qui dévoilait tout ou presque, une fin alternative où il est question de glaces (2min13), une galerie d'images, ainsi que la bande annonce de La Mutante 4.