Pour un film aussi travaillé sur le plan visuel, il fallait un transfert d'excellente qualité et le moins que l'on puisse dire est que l'éditeur remplit très honorablement son cahier des charges. La définition est d'une précision sans faille, permettant d'apprécier en détail chaque élément du décor, tandis que les effets spéciaux numérique, très nombreux dans le film, s'intègrent avec naturel dans les prises de vue réelles. La palette colorimétrique permet de retrouver fidèlement l'esthétique du film telle qu'on pouvait la découvrir en salle, soutenue en cela par des noirs d'une profondeur ahurissante et une restitution très fine des jeux de lumière. Pour chipoter un peu, on relèvera la gestion un tantinet moins convaincante des nuances de bleus sur certains plans monochrome peu contrastés, comme c'est notamment le cas au tout début de la scène de l'assaut nocturne du château (à 1h02 de film) : la présence de fumée trahit quelques faiblesses d'encodage et laisse apparaître de légers défauts de compression. Mais ce défaut ne concerne qu'un nombre marginal de plans.
Par ailleurs, on retrouve avec une extrême fidélité les différentes ambiances visuelles du film, des tons chaleureux qui caractérisent l'univers des Narniens aux couleurs froides du château de Miraz, en passant par l'esthétique rétro des scènes se déroulant en Angleterre. Les paysages bénéficient également d'un rendu superbe, comme on le constate dès le générique du début, qui étale de manière très poétique et dans toute son ampleur le décor de l'histoire.Disney nous propose deux pistes son, deux 5.1 français et anglais, de très bonne facture toutes les deux. A quelques petites différences près, la qualité est sensiblement la même sur les deux versions proposées. Le mixage propose un équilibre irréprochable entre la piste dialoguée, qui se détache avec netteté et naturel sur l'enceinte centrale, la musique qui se voit restituée toute son ampleur et les effets sonores qui mettent littéralement la gomme dans les scènes d'action. Il suffit de se plonger un tant soit peu dans la scène de bataille finale pour s'en rendre compte. Les bruits des chevaux grondent, les impacts éclatent de tous les côtés, le tout renforcé par une basse judicieusement employée sans en faire des tonnes, tandis que les sons des flèches passent d'un canal à un autre avec un dynamisme fulgurant. Deux 5.1 très efficace, donc, y compris dans les séquences mettant davantage l'accent sur les effets d'ambiance, telle que celle de l'apparition de la Sorcière Blanche où chaque craquèlement ressort avec une clarté extrême. Si différence il y a entre le 5.1 français et son homologue anglais, elle tient principalement à une basse légèrement plus appuyée dans la langue de Molière et des sons ambiants un tantinet plus riches dans la langue de Shakespeare.
Si l'éditeur adopte le parti de ne proposer aucun stéréo, ceux qui ne possèdent pas de home cinema pourront tout de même profiter de l'expérience puisque l'univers sonore de ces pistes 5.1 se répartit très bien entre les deux enceintes. Aucune frustration de ce côté-là.
S'il faut reconnaître d'emblée un mérite à cette édition, c'est de traiter l'œuvre présentée avec sérieux en proposant des suppléments s'adressant résolument à un public adulte - l'éditeur d'une certaine saga consacrée à un jeune sorcier binoclard devrait en prendre de la graine. Exit les jeux interactifs et autres gamineries, tous les aspects techniques et artistiques du Monde de Narnia Chapitre 2 : Le Prince Caspian se voient décortiqués à travers une galerie très complète de making of et featurettes en tous genres. Le tout introduit par des menus joliment illustrés.
DVD 1 : Le film
Outre le film et quelques bandes-annonces, ce premier disque nous propose le Commentaire audio par le réalisateur Andrew Adamson et les acteurs. Le cinéaste est ainsi accompagné de Ben Barnes, William Moseley, Anna Popplewell, Skandar Keynes et Georgie Henley. Etant donné la moyenne d'âge des comédiens, il ne faudra pas s'attendre à un de ces commentaires ultra informatifs qui détaillent tous les aspects techniques du film. Nous avons plutôt affaire ici à un concentré d'anecdotes de tournage de la part des jeunes acteurs, dont la bonne humeur s'avère assez vite communicative, notamment grâce aux remarques très spontanées de Georgie Henley. Un ton décontracté qui n'empêche pas le réalisateur d'apporter ça et là des précisions sur ses choix narratifs et sur les procédés utilisés pour créer certains effets. Il faudra bien entendu se reporter au second disque pour des explications plus fouillées, mais les informations données ici ne sont pas pour autant redondantes avec les making of. Un commentaire léger, donc, mais non dénué d'intérêt.
DVD 2 : Les coulisses de la magie
Le disque de bonus débute par Les secrets du Monde de Narnia : l'aventure recommence (33mns21), un making of classique qui survole tous les aspects majeurs de la production. On redécouvre quelques images d'archives des enfants sur le tournage du premier Narnia, tandis que le réalisateur et autres membres de l'équipe font des interventions succinctes, gardant un ton très promotionnel sans toutefois verser dans l'autosatisfaction excessive. De manière intéressante, l'auteur du making of s'intéresse aux rôles secondaires et aux membres de l'équipe technique avant d'en venir aux vedettes du film. Ce making of ultra rythmé est bien entendu bourré d'images de tournage et permet de glaner quelques informations ça et là sans entrer dans le détail. Une bonne introduction à la suite.
Ceux qui veulent aller plus loin poursuivront donc avec Les coulisses du monde de Narnia : le tournage d'un film épique (22mns46), un documentaire qui comme son titre ne l'indique pas s'attarde plus précisément sur la conception des décors. A l'inverse de son contemporain J.R.R. Tolkien, C.S. Lewis faisait des descriptions minimalistes de l'environnement des personnages, obligeant l'équipe du film à faire travailler son imagination pour extrapoler - un domaine dans lequel Andrew Adamson excelle, selon le directeur artistique Roger Ford - en s'appuyant notamment sur les illustrations de Pauline Baynes. Ce documentaire revient non seulement sur les décors mais aussi sur les enjeux techniques et narratifs auxquels ils sont reliés, certains choix entrant directement relation avec les caractères des personnages (notamment les intérieurs respectifs du Roi Miraz et du Prince Caspian dans le château). On enchaîne rapidement sur L'invasion d'une petite ville (22mns22), documentaire consacré au tournage dans la petite ville de Bovec, située en Slovénie. Si l'on s'intéressera moyennement à l'historique de la région, on s'amusera du choc que les habitants ont dû ressentir en voyant débarquer près de 1000 personnes sur les lieux pour un déploiement d'une telle envergure. Un bonus d'intérêt inégal pour qui n'a pas séjourné sur place mais tout de même attachant dans sa démarche de rendre hommage à l'hospitalité locale.
De tous les documentaires présents, La Prévisualisation (9mns44) est l'un des plus intéressants. S'appuyant sur des interviews (réalisateur, superviseurs de la prévisualisation, monteur...), cette featurette définit le procédé de la prévisualisation et ses différentes fonctions dans le développement d'un tel film. On apprend au passage qu'Andrew Adamson s'était déjà familiarisé avec le procédé sur les longs métrages Batman Forever et Batman et Robin, dont il a supervisé les effets spéciaux. Version évoluée du story-board, la prévisualisation vient compléter la version papier en apportant davantage de précision et en rendant compte du rythme et du son. En somme, elle permet quasiment de visualiser le film dans son intégralité avant même que celui-ci ne soit tourné. Une phase indispensable pour un film d'une telle envergure et qui possède bien entendu un impact sur l'écriture et le montage de certaines scènes, notamment les batailles qui se résument souvent à quelques lignes sur le papier, mais aussi sur la direction des acteurs qui peuvent ainsi visualiser la scène. Un petit documentaire instructif qui s'achève en abordant l'avenir de ce procédé au cinéma.
On passera plus vite sur Des animaux qui parlent et des arbres qui marchent : le monde magique de Narnia (4mns39), un module "détente" qui passe en revue la ménagerie narnienne. Les secrets du duel (6mns30) aborde la séquence du combat entre le roi Miraz (Sergio Castellito) et Peter Pevensie (William Moseley). Sont abordés non seulement la préparation des comédiens par le chorégraphe Allan Poppletown mais aussi la fabrication des armures et des armes et surtout le matériel technique utilisé pour filmer l'ensemble. Si la steadycam et autres matériels classiques sont bien entendu de rigueur, la grande vedette de ce module est surtout la caméra Iconix, soit la caméra haute définition la plus petite que l'équipe d'Andrew Adamson ait pu trouver. L'Iconix se glisse ici dans le bouclier même de William Moseley pour prendre des plans inédits au cœur de l'action et gérer au mieux les mouvements rapides sans aucun souci de stabilité.
L'interactivité comprend aussi son lot de Scènes coupées (10mns50), des scènes dans l'ensemble courtes, plaisantes à regarder mais pas toujours utiles, il est vrai, dans la narration. Elles sont introduites par Andrew Adamson qui nous en explique chaque fois les tenants et les aboutissants ainsi que la raison de leur retrait du montage final. Le Bêtisier (2mns59) prend quant à lui la forme d'un montage rigolo de prises ratées, gamelles et pitreries plus ou moins volontaires de la part des acteurs. Enfin, les deux comédiens Peter Dinklage et Warwick Davis se voient consacrer un module, respectivement Trompillon : une métamorphose (4mns37) et Celui qui se cache dans le costume de Nikabrik : Warwick Davis (10mns41), tous deux accessibles à la fin de cette interactivité. Si le premier prend vite des allures de cirage de pompes, et ce en dépit de tout le bien que l'on pense de Peter Dinklage, le second rend non seulement hommage à Warwick Davis mais aussi au travail impressionnant réalisé par la maquilleuse qui transforme littéralement - et quotidiennement - le visage du comédien. Ce dernier est par ailleurs filmé pendant le tournage de la séquence dans les bois qu'il partage avec Ben Barnes et... un blaireau.
Ce second DVD comprend une aussi une galerie de 6 bonus cachés :
Bonus caché 1 (2mns20) : Petit délire de Skandar Keynes qui prend ici la caméra pour pointer du doigt la prédominance des blonds et des blondes dans l'équipe... Bonus situé sur l'étoile de la première page du menu.
Bonus caché 2 (1mn15) : Considérations sur les sandwiches disponibles à la régie, le nom de code du film étant semble-t-il "Toastie"... Bonus situé en bas de la première page du menu, entre les mentions Sous-titres et Suite.
Bonus caché 3 (0mns51) : Anna Popplewell tente de relater la scène du sauvetage de Trompillon, mais elle est interrompue successivement par William Moseley qui conteste sa version du scénario et qui est à son tour contredit par Georgie Henley... Bonus situé sur l'étoile de la seconde page du menu.
Bonus caché 4 (0mns59) : Un cascadeur s'est amusé à planquer une caméra dans la gueule de son costume de minotaure... Bonus situé en bas de la seconde page du menu, entre les mentions Sous-titres et Suite.
Bonus caché 5 (1mn47) : Petit module consacré à K.C. Hodenfield, le premier assistant réalisateur... Bonus situé sur l'étoile de la troisième page du menu.
Bonus caché 6 (7mns27) : Sympathique reportage sur Shane Rangi, un acteur en costume professionnel dont le métier consiste ainsi à se mouvoir dans des costumes d'animaux tels que les minotaures, le lion et autres grosses bébêtes poilues... Bonus situé en bas de la troisième page du menu, entre les mentions Sous-titres et Suite.