Pour un long métrage qui affiche une volonté de nous plonger de manière viscérale dans le feu de l'action, le transfert sur galette numérique remplit plutôt bien son cahier des charges en restituant fidèlement la texture propre au film, avec ce léger grain omniprésent qui apporte un côté brut assez plaisant à l'image. D'autant que l'esthétique telle qu'elle apparaissait en salle bénéficie elle aussi d'un beau rendu grâce à une palette colorimétrique précise et harmonieuse. La définition aurait peut-être gagné à être affinée et le contraste plus travaillé sur les plans en intérieur nuit. On apercevra par ailleurs quelques défauts de compression ça et là dans les arrière-plans lorsque la caméra se déplace beaucoup.
Côté son, le constat s'avère un peu moins convaincant. Metropolitan ne nous offre pas du grand 5.1 avec ces deux mixages un peu mous et principalement centrés sur les avants, l'utilisation des arrières restant anecdotiques et se limitant aux scènes d'action. On préfèrera la version anglaise pour son meilleur rendu de la musique, ses sons ambiants (très importants dans le film) plus présents, son intégration plus naturelle de la piste dialoguée. A noter cependant que cette piste anglaise présente un petit effet de pal speed-up (un son plus aigu que sur la piste française) qui aurait pu être évité.
Si cette édition ne comporte qu'un seul véritable supplément (mis à part les traditionnelles bandes-annonces éditeur), celui-ci s'avère valoir largement le détour et se suffire à lui-même. Réalisé par un certain Stephen Earnhart, dont le nom mérite largement d'être mentionné, Les Sources de la Loyauté (1h07) est un documentaire de tournage, un vrai, ambitieux et riche en informations, nous plongeant littéralement au cœur de l'action pendant la préparation et la production du film. La phase de préparation s'avère particulièrement intéressante dans la mesure où elle nous invite à assister aux discussions entre le réalisateur, les acteurs et de vrais policiers autour des méthodes et du quotidien des forces de l'ordre, qui contribuent littéralement à déterminer les réactions des personnages dans les cas soulevés par le scénario. Des discussions sans langue de bois au cours desquelles les flics rapportent les propos tenus par certains dealers du quartier de New York exploré par le film. Les acteurs incarnant les deux flics ripoux prennent à ce titre part à des séances d'entraînement musclées mais aussi à des virées nocturnes dans les quartiers chauds, virées dans lesquelles le réalisateur de making of est invité au risque que sa caméra soit prise pour une arme par des policiers passant par là (guetter la scène où l'équipe se fait braquer par des flics).
Tout au long du making of, le réalisateur Gavin O'Connor fait part à la caméra de ses espoirs, de ses doutes, de ses moments de découragements, avec une honnêteté qui force vraiment la sympathie. La partie consacrée à la production s'attarde aussi sur le travail des comédiens, le remplacement de dernière minute de Nick Nolte par Jon Voight dans le rôle du patriarche, les auditions des acteurs secondaires ou encore le recrutement en pleine rue des acteurs non professionnels. Chose rare, on assiste même à quelques tensions entre le réalisateur Gavin O'Connor et son acteur principal Edward Norton qui n'en fait véritablement qu'à sa tête lorsqu'il décide de réécrire une scène à sa manière (au risque d'énerver Jon Voight!). La persévérance du premier finit par avoir raison de l'entêtement du second qui n'en paraît que plus impliqué dans son personnage. En revanche, Colin Farrell s'avère être le grand absent de ce documentaire (A-t-il refusé d'être filmé ou a-t-il refusé les images a posteriori?) et c'est bien dommage car sa performance dans le film participe énormément à l'intérêt de ce dernier. Enfin, lorsque l'on découvre dans quelles conditions a été élaborée la fin de l'histoire - à savoir au dernier moment, le réalisateur ayant livré un scénario incomplet à son équipe -, on pardonne presque au dénouement son caractère inapproprié, qui nous avait un peu déçus lors de la projection mais qui s'explique peut-être par un certain manque de recul d'O'Connor à ce stade de la production.
Quoiqu'il en soit, cela fait plaisir de voir que certaines équipes de film comprennent vraiment ce que l'on attend d'un making of et n'hésitent pas à jouer franc jeu avec le public, avec conviction mais sans langue de bois.
Edward Norton et Gavin O'Connor en désaccord sur une scène
Jon Voight se plaint d'Edward Norton...