Test DVD : Le Royaume Interdit

S'il faut reconnaître au Royaume Interdit une qualité sur le plan artistique, c'est de se distinguer par un style visuel bien à lui, onirique et coloré, et de faire montre d'une grande unité esthétique tout du long. Le transfert fait honneur au travail du directeur de la photographie Peter Pau et des étalonneurs au moyen d'une palette colorimétrique aux tons chatoyants et harmonieux, restituant à la perfection le caractère féerique des décors tels qu'ils pouvaient être découverts en salle. Ces couleurs vives sont soutenues par une définition de bonne tenue et par une excellente gestion des contrastes. Tout juste reprochera-t-on la présence de quelques artefacts de compression sur certains arrière-plans.

A l'heure où l'existence du blu-ray justifie une baisse inévitable d'investissements sur les DVD, on a plaisir à constater que certains éditeurs continuent de s'appliquer à fournir de bonnes pistes son. Cette édition du Royaume Interdit se distingue justement par le soin accordé à la partie sonore, en particulier les pistes françaises. Entre le DTS et le Dolby Digital 5.1, la différence n'est pas frappante, si ce n'est que la première offre une ampleur légèrement accrue. Quoiqu'il en soit, toutes deux bénéficient d'un mixage irréprochable et surtout d'une puissance rare, au point que si vous habitez en immeuble, nous vous recommanderons de prendre garde au niveau du volume avant la lecture du disque. Pour notre plus grand plaisir, la richesse des effets sonores et la basse grondante sont à la fête dans les scènes de combat, pour un effet d'enveloppement garanti, sans jamais que les dialogues ni la musique ne paraissent mis en retrait. Moins détonantes, le DTS et le DD 5.1 anglais affichent une clarté un tantinet inférieure et une basse plus discrète, mais restent tout de même hautement satisfaisantes pour les amateurs de version originale. On regrettera tout de même que le DTS anglais soit inférieur au DD 5.1 français.

DISQUE 1

Commentaire audio du réalisateur et du scénariste

Animé par Rob Minkoff et John Fusco, ce commentaire audio constitue la pièce maîtresse de ces suppléments. Têtes pensantes du film, le cinéaste et son scénariste s'avèrent très à l'aise dans cet exercice, offrant ce qu'il faut d'informations pour en savoir plus sur la production mais aussi pour permettre de mieux cerner l'état d'esprit dans lequel le film a été conçu. Concernant leurs collaborateurs, ils délivrent aussi nombre d'anecdotes pertinentes puisqu'elles apportent des éclaircissements quant à l'implication créative des membres de l'équipe, tels que Jet Li, Jackie Chan ou encore Peter Pau. A l'écoute de ce commentaire, il est impossible de douter de l'intérêt sincère de Minkoff et surtout Fusco vis-à-vis des films de kung-fu.

DISQUE 2

Ce second disque entièrement consacré aux suppléments a surtout sa raison d'être pour encombrer un minimum le premier et permettre à celui-ci de s'équiper de deux pistes DTS sans que l'image n'en pâtisse. Les bonus présentés ici s'avèrent très agréables à suivre, voire informatifs pour certains, mais auraient pu tenir sur un seul disque.

On commence par La Dream Team du Kung Fu (10mns37), sorte de making of centré sur l'association de talents hongkongais à l'équipe du film. Le réalisateur et le scénariste justifient très rapidement les choix de Jet Li, Jackie Chan, du chorégraphe Yuen Wo-Ping et du directeur de la photographie Peter Pau en se contentant de lister leurs qualités sans jamais faire référence à leurs précédents films. Le discours reste donc superficiel. Beautés Dangereuses (5mns46) s'attarde sur les deux femmes du film, à savoir Crystal Liu Yifei et Li Bing-Bing, dont Jackie Chan commente la manière de travailler sur le tournage. Encore une fois, la voix-off précise que les deux comédiennes sont de grandes stars en Chine sans citer aucun titre.

Le Mythe du Roi Singe (9mns42) a au moins pour mérite de faire connaître un peu mieux l'un des membres de l'équipe, en l'occurrence John Fusco qui relate sa découverte des arts martiaux et des philosophies orientales (certains plans le montrent faisant du Tai Chi sur une plage, devant un soleil couchant!), avant de revenir sur le mythe du Roi Singe qu'il semble connaître sur le bout des doigts. Un bonus qui a pour qualité de faire clairement le lien entre le film et le mythe d'origine. Découvrir la Chine : les décors du film (8mns06) emploie un ton pédagogique pour détailler les principaux paysages naturels explorés pendant le tournage du film. Filmer à Chinawood (7mns43) complète le précédent en s'attardant cette fois sur les décors construits pour le film aux Studios Hengdian, situés au sud-est de la Chine et qui se présentent comme une véritable ville puisque de nombreuses équipes viennent y tourner des films d'époque, au point que certains figurants trouvent du travail à plein temps et tiennent des auberges sur place pour accueillir les équipes. Un petit documentaire intéressant pour les personnes peu familières du cinéma de Hong Kong.

Storyboard et 3D (6mns36) s'articule autour d'un entretien avec le réalisateur Rob Minkoff qui revient sur les plans principaux impliquant des effets spéciaux et ayant nécessité des prévisualisations avant le tournage. Le réalisateur du Roi Lion finit par une juste conclusion en précisant que si l'animation permet de tout prévoir à l'avance, le cinéma a cela de magique qu'il doit aussi compter sur l'élément humain qui implique tout un tas d'imprévus et d'actes spontanés.

Cette interactiité se clôt sur un sympathique bêtisier (7mns43) qui réserve quelques moments savoureux - Jackie Chan n'a jamais fini de faire le clown - et sur une suite de scènes coupées (7mns05) commentées par le réalisateur et le scénariste, avec parmi elles une jolie scène de baiser entre Michael Angarano et Crystal Liu Yifei.