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Le Royaume Interdit

Le 14/08/2008 à 08:26
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Notre avis
1 10 Il y a des réalisateurs qui devraient à tout prix éviter de se frotter à certains genres, des scénaristes qui devraient s'abstenir d'écrire, des chefs décorateurs qui devraient changer de métier. Et des acteurs qui feraient bien de se montrer un peu plus regardants sur les équipes destinées à mettre en oeuvre les projets les plus attendus par leur public. Car nous l'avons sacrément attendu, ce Royaume Interdit, longtemps surnommé le "J&J project", pour ne découvrir qu'un petit film pour enfants dénué d'ambition agrémenté d'un concentré des clichés orientaux les plus éculés. Et si l'affrontement entre Jet Li et Jackie Chan reste tout de même fort sympathique, il ne se révèle pas assez mémorable pour faire oublier tout le reste. Scandale !

Critique Le Royaume Interdit

Critique Critique Le Royaume Interdit

 

Nous l'attendions depuis des années, ce "J&J project", la rencontre entre deux icônes des arts martiaux, entre deux monuments du cinéma d'action hongkongais des années 1990. Jet Li face à Jackie Chan, le wushu en état de grâce face à la kung-fu comedy. Wong Fei Hung sérieux contre Wong Fei Hung bouffon - puisqu'ils ont tous deux incarné à leur manière le mythique personnage. Nous l'attendions comme le messie, et le moins que l'on puisse dire est que nous sommes cruellement déçus. Les craintes commencèrent dès l'annonce du nom du réalisateur : Rob Minkoff. Le réalisateur du Roi Lion et de Stuart Little. Pas franchement des références, le premier recrachant dans un bel emballage les idéaux les plus dérangeants prônés par les productions Disney des années 90, et le second ne méritant même pas que l'on s'y attarde. Pour être honnête, les inquiétudes ont en fait commencé bien avant, dès l'annonce de la mise en chantier du "J&J project" à Hollywood et non à Hong Kong comme on l'espérait. L'arrivée de Minkoff ne représentait que la cerise sur le gâteau refroidissant les espoirs des aficionados de cinéma hongkongais qui rêvaient de voir leurs deux stars se côtoyer devant la caméra d'un cinéaste du calibre d'un Tsui Hark. Il ne fallait pas rêver.

 

Critique Critique Le Royaume Interdit

 

Pourtant, comme il faut toujours laisser une chance à chaque film, nous avons tenté d'aborder celui-ci avec des yeux naïfs. Or, Le Royaume Interdit commence plutôt bien avec un générique fait de posters et de photos extraites des plus grands succès de la Shaw Brothers, des références appuyées qui forcent d'abord la sympathie et qui se poursuivront tout au long du film à coups de répliques telles que "Come drink with me". Un film-hommage? Pourquoi pas. Nous flairons toutefois bien vite le piège lorsque l'histoire débute à la manière d'un Karate Kid par les brimades encaissées dans la rue par un jeune Américain, Jason (Michael Angarano, sorte de Shia LaBoeuf du pauvre). Oui, mais la sincérité en moins, car quoiqu'on en dise, le film pour ados de John G. Avildsen avait pour mérite d'être bien écrit et de révolutionner en son temps l'image des arts martiaux en Occident, mettant ces derniers en avant comme moyen d'épanouissement dans un contexte de discrimination. Sur ce terrain, on comprend vite que Le Royaume Interdit ne véhicule rien, si ce n'est qu'il est bon de savoir envoyer des coups de pieds retournés pour clouer le bec du caïd du quartier, ou encore que tout vieil antiquaire chinois qui se respecte possède dans son arrière-boutique quelque objet magique. Mais là n'est pas le plus grave. L'idée était avant tout de balancer notre héros dans la Chine ancienne afin qu'il puisse faire la connaissance d'un joyeux luron du nom de Lu Yan (Jackie Chan), d'un moine silencieux (Jet Li) et d'une jeune guerrière (Liu Yifei). Bien sûr, tous s'avèrent maîtriser à la perfection l'anglais seconde langue, tandis que Jason grappillera éventuellement quelques mots de mandarin. Le garçon apprendra les arts martiaux auprès des deux maîtres, tombera amoureux de la fille, affrontera un gros méchant maquillé façon San Ku Kai et sauvera la mise. Si le style visuel du film s'avère agréablement coloré, l'histoire, dont la trame pourrait tenir sur un ticket de bus, fait preuve d'une absence totale d'ambition qui nous amène à un triste constat : pour les producteurs américains, les films de kung-fu s'adressent définitivement aux moins de 12 ans. D'où le choix tout aussi triste pour la réalisation de Rob Minkoff, le cinéaste se montrant particulièrement peu inspiré par ses comédiens qu'il oublie au passage de diriger. Les quelques touches d'humour sur lesquelles rebondit le film ne suffisent pas à rattraper la pauvreté du reste, d'autant que certaines dérives un peu vulgaires auraient largement pu être évitées (une séquence fera certainement un petit scandale mais nous ne vous gâcherons pas le plaisir de la découverte).

 

Critique Critique Le Royaume Interdit

 

Soit, nous trouverons de temps à autre quelque réconfort du côté des scènes d'action. Soyons honnête, l'affrontement tant attendu entre Jet Li et Jackie Chan ne dépare pas au sein de la carrière de chacun. Au moins a-t-on droit à quelques échanges de coups enlevés qui relèvent incontestablement le niveau du film, ne serait-ce que pour la satisfaction de voir ces deux icônes confronter leur kung-fu. Nous étions toutefois en droit d'espérer pour cet événement une séquence plus inventive, exploitant mieux son décor et surtout les styles spécifiques de ces deux artistes martiaux dont les profils sont si différents, une donnée dont le public occidental - puisque le film s'adresse exclusivement à lui - n'a pas forcément idée. En termes de créativité, la chorégraphie de Yuen Wo-Ping délivre donc le minimum syndical, faisant par ailleurs un emploi un peu trop prononcé des effets de câbles, ce qui est dommageable étant donné que les deux acteurs ne sont jamais aussi bons que lorsqu'ils évoluent au sol. Cela dit, cette scène a au moins pour mérite de justifier la vision du film, à l'instar du numéro réjouissant de Jet Li en Roi Singe, le même acteur se montrant au contraire étrangement ennuyeux en moine mutique. Les séquences d'action qui s'accumulent dans la seconde partie se voient malheureusement souvent plombées par des effets spéciaux inesthétiques, des décors en carton-pâte et surtout une brochette de méchants tous plus grotesques les uns que les autres. Si le personnage de Collin Chou s'avère totalement sous-exploité, la palme du ridicule consommé revient cependant à la guerrière censée évoquer la mariée aux cheveux blancs, sorte de parodie insultante du personnage de Brigitte Lin dans le sublime Jiang Hu de Ronny Yu.

 

Critique Critique Le Royaume Interdit

 

Le pire, c'est que Le Royaume Interdit aurait pu être un bon divertissement, même avec son histoire clichée de rencontre entre l'Ouest et l'Est et ses méchants involontairement cocasses. Même la conclusion puérile de cette histoire aurait pu déclencher la sympathie. Après tout, l'argument Karate Kid mis à part, un autre film racontait récemment et avec succès une histoire très proche, rendant lui aussi des hommages au même cinéma de kung-fu. C'était l'histoire d'un panda, ça ne vous dit rien?

 







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