Voilà un bien joli master plein cadre mettant en valeur un N&B restauré, classieux, nuancé et propre. A part quelques scories disséminées par ci par là, la copie demeure lumineuse et veloutée à souhait, les contrastes s'avèrent même particulièrement léchés, les noirs denses, le piqué aiguisé et le grain limité. Le seul petit bémol provient de la restitution des gros plans, sensiblement troubles, ainsi que de petits fourmillements présents aux arrière-plans mais la définition reste solide, avec un niveau de détails étonnant pour un film de la fin des années 30.
Le film est proposé dans sa version originale, ayant subi comme pour l'image un dépoussiérage de premier ordre, mettant en avant la musique, les ambiances et les dialogues sans aucun accroc acoustique constaté. Les voix demeurent très claires et aérées, et à part de petits craquements subliminaux, l'écoute demeure plaisante tout du long.
Présentation du film par Serge Bromberg (3min27)
Véritable encyclopédie vivante, Serge Bromberg réalise une fois de plus une rapide présentation du film Le Saint contre-attaque en évoquant la série à succès produite par la RKO dès 1938 adaptée de l'oeuvre de Leslie Charteris. La carrière de George Sanders est également abordée tout comme les autres adaptations du Saint à la télévision, notamment la série télévisée avec Roger Moore dans le rôle titre (de 1962 à 1969) ou le film réalisé en 1997 avec Val Kilmer, dernier Saint porté à l'écran à ce jour.
La RKO, une aventure hollywoodienne (1h49)
Réalisé par Philippe Saada, ce documentaire exceptionnel retrace l'histoire de la RKO, de sa création en 1928 (un an avant le krach de Wall Street) jusqu'à sa liquidation en 1955. La première partie se concentre sur les balbutiements du studio au sein de l'industrie hollywoodienne avec les premiers films produits pour alimenter un réseau de salles, les premiers succès (La Chasse du Comte Zaroff), le premier triomphe commercial (King Kong) et la découverte de Katharine Hepburn qui devient la star féminine du studio avec les succès de Morning glory (son premier oscar), et Les Quatre Filles du docteur March, jusqu'à ses multiples échecs commerciaux (Sylvia Scarlett, L'Impossible Monsieur Bébé) qui ont fait d'elle "le poison du box-office". Parsemé de nombreux extraits des films évoqués, véritable galerie publicitaire pour le superbe coffret Il était une fois la RKO, ce film donne également la parole à Bertrand Tavernier, Joe Dante et Michel Ciment. Le cinéaste français ne cache pas son affection pour les films produits par le studio, renvoyant à ses premières années cinéphiliques, une firme qui selon lui "demeure à part dans l'histoire hollywoodienne et dont les films produits à l'époque ressemblaient à leurs auteurs". Ce documentaire nous présente les divers acteurs ayant contribué à la renommée du studio (producteurs, cinéastes et comédiens) avec quelques arrêts effectués sur le triomphe du tandem Ginger Rogers et Fred Astaire, la réalisation et la renommée de Citizen Kane (qui n'est pas le gouffre financier longtemps annoncé) et de La Splendeur des Amberson par Orson Welles jusqu'à l'entrée en guerre des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale qui allait faire prendre une nouvelle tournure aux productions cinématographiques.C'est alors que s'ouvre la deuxième partie du film de Philippe Saada, couvrant la période 1942-1955. Ici, un gros plan est réalisé sur les films de propagande anti-fascistes rapportant parfois jusqu'à dix fois leur mise, sur le retour des films à petit budget, l'émergence et le triomphe commercial des films de genre aux titres évocateurs produits par Val Lewton (La Féline, L'Homme-léopard, La Malédiction des hommes-chats, Le Récupérateur de cadavres). Il n'est d'ailleurs pas étonnant que ces films soient les premiers qui aient marqué la conscience cinéphile de Joe Dante qui voue une fascination pour le cinéma de Jacques Tourneur et de Robert Wise. Après la guerre, émerge également le film-noir montrant un nouveau visage de l'Amérique grâce à l'arrivée de nouveaux réalisateurs. Un changement radical esthétique et narratif entamé avec Adieu ma belle, puis Born to kill, L’Enigme du Chicago Express, Ca commence à Vera Cruz, La Griffe du passé, films à la violence sèche où se distingue notamment la nouvelle star du studio, Robert Mitchum. La dernière partie se concentre sur le contexte de la guerre-froide avec la célèbre chasse aux sorcières, l'arrivée du milliardaire Howard Hughes (très engagé contre le communisme) à la tête de la RKO en 1946 et dont la gestion autoritaire, ultra-personnelle et chaotique de la firme à laquelle il se consacre qu'une seule fois par semaine entrainera petit à petit la chute du studio qu'il finit par revendre en 1955 à une chaine de télévision (avec la totalité du catalogue). Ce supplément central du coffret édité par les Editions Montparnasse est une petite pépite, passionnant et didactique, qui donne surtout une sérieuse envie de posséder tous les films du catalogue.