Avec sa photo sobre caractérisée par l'usage des noirs de jais, de gris et de bleus marines, Les Mains libres n'a pas pour vocation d'en mettre plein la vue visuellement et le transfert met dix petites minutes avant de trouver un équilibre convaincant. Durant ce laps de temps, la définition paraît chancelante avec de légers fourmillements, les noirs tirent vers le bleu, les comédiens semblent entourés d'un halo lumineux dans les scènes en basse lumière et la compression peine à consolider les contrastes, notamment lors des déplacements rapides des comédiens ou même de la caméra. L'ensemble trouve ensuite une douce homogénéité jusqu'à la fin malgré un piqué somme toute anodin et un infime mais indéniable grain qui flatte cependant la rétine. Souvent filmé devant un fond noir lors des scènes des ateliers de théâtre, le visage diaphane de Ronit Elkabetz ressort sans mal. Certains gros plans sortent du lot avec un relief très appréciable. Chrysalis Films respecte les partis-pris esthétiques d'origine et livre une copie douce et souvent flatteuse du film de Brigitte Sy.
La piste unique stéréo se révèle de haute qualité, donnant tout du long une place prépondérante aux dialogues. La voix puissante de Carlo Brandt prend le pas sur celles des autres comédiens et s’impose sans esbroufe tandis que la musique lancinante caractérisée par les accords tristes des bandonéons est également excellemment délivrée par la dynamique gauche-droite des frontales. Les graves sont puissants, les silences intimistes et olympiens, l’ensemble percutant, bref le confort de visionnage est total.
Annette lève l’ancre (14min53)
Ce module présente quelques extraits d’une représentation théâtrale écrite, montée et réalisée par Brigitte Sy en mars 1997 en duplex au Théâtre national de Chaillot, avec la participation d’hommes détenus à la maison d’arrêt de la Santé. Brigitte Sy intervient en voix-off au début de ce document vidéo en donnant quelques explications sur le projet.
A l'origine du film (9min22)
Un carton en introduction indique que les extraits proposés dans ce module proviennent d'une VHS de mauvaise qualité, seule trace des répétitions du film de Brigitte Sy qui n'a jamais pu être tourné à la maison centrale de Poissy en 1999 avec les détenus de longue peine. Pourtant, les images demeurent de bonne qualité et permettent de voir le véritable Michel, incarné par Carlo Brandt dans Les Mains libres. C'est aussi l'occasion d'admirer le naturel confondant des détenus ayant participé à ce projet, qui se mettent véritablement à nu lors de ces entretiens filmés qui allaient servir de base à l'écriture du scénario de la réalisatrice. Ce projet avorté conduira finalement Brigitte Sy à réaliser un long métrage, créant ainsi une troublante mise en abyme.
Making of (38min47)
Ce remarquable making of donne la parole à la réalisatrice Brigitte Sy tournant son film dans une section de la prison de Meaux. Elle revient sur la genèse de l'histoire, les éléments autobiographiques et le choix de ses acteurs. Composé d'images du tournage où l'on peut voir la réalisatrice très proche de ses comédiens avec qui elle s'entretient constamment, ce documentaire sur le tournage donne un aperçu brut de l'entreprise au milieu de laquelle l'énergique et pétillante personnalité de Brigitte Sy est véritablement contagieuse. De plus, si le film demeure un drame poignant, l'envers du décor montre une atmosphère tout à fait différente où le rire et la bonne humeur sont omniprésents. Si on aurait aimé avoir quelques mots de Ronit Elkabetz et de Carlo Brandt (qui reste monolithique entre les prises) ce making of éclaire sur tous les aspects du film.