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Test DVD : Mishima, une vie en quatre chapitres

Le 10/12/2010 à 11:27
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Test DVD Mishima, une vie en quatre chapitres Wild Side Vidéo fête le trentième anniversaire de la disparition de Yukio Mishima en éditant en DVD la biographie de Paul Schrader avec le grand Ken Ogata dans le rôle du romancier japonais qui s'est donné la mort en accomplissant le rite du seppuku le 25 novembre 1970. Un sans faute pour l'éditeur français qui reprend le master ainsi que la quasi-totalité des suppléments de la superbe édition Criterion avec en prime, sur un disque à part, la bande originale composée par Philip Glass. Découvrez le test DVD de Mishima, une vie en quatre chapitres ci-dessous.

Sortie DVD : 8 Décembre 2010

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Image : 9/20

Si le film n'avait jusqu'à aujourd'hui pas eu les honneurs d'une sortie DVD en France, on compte à ce jour deux éditions aux Etats-Unis : l'une en 2001 sous la houlette de Warner, la seconde sept ans plus tard, estampillée du sceau Criterion. Si ce dernier proposait enfin cette vie en quatre chapitre au format 1.85:1 respecté (fidèle à ses mauvaises habitudes, Warner l'avait recadré en 1.77:1), le prestigieux éditeur américain avait également apporté, selon le souhait de Paul Schrader, quelques modifications au film. Une courte (une minute) scène coupée se déroulant dans Le Pavillon d'or a été insérée (capture 4) et la photographie présente dans la scène du seppuku face au soleil levant a été modifiée. Comme il l'explique dans le commentaire audio, Schrader n'était effectivement pas satisfait par le bleu du ciel et à profité de la ressortie du film chez Criterion pour transformer numériquement ce bleu en orange (comparaison ci-dessous). Soulignons que si le film est présenté tel que le souhaite aujourd'hui le réalisateur, ce n'est plus celui qui a été distribué en salles en 1985.

 

Mishima

Mishima

Haut : Capture du DVD Warner / Bas : Capture du DVD Wild Side

 

Tant qu'à faire les choses bien, Wild Side Video a repris le master - ainsi qu'une partie des suppléments - de Criterion. Il est donc inutile de dire que le master est irréprochable et le transfert de toute beauté. Le film jouit d'une définition parfaitement affûtée offrant une profondeur de champ des plus remarquables. La photographie de John Bailey, qui avait déjà collaboré avec Paul Schrader sur ses deux précédents films (American Gigolo et La Féline), est retranscrite avec le plus grand soin. La partie biographique de Mishima tournée en noir et blanc se montre riche et nuancée ; celle retraçant les dernières heures du nationaliste, tournée selon les principes du cinéma direct, est plus terne, en accord avec les intentions du réalisateur ; enfin, la partie adaptant les écrits de l'artiste trouve ici un nouvel éclat : les couleurs sont chaleureuses sans tomber dans le criard et mettant superbement en valeur les costumes et décors signés Eiko Ishioka. Une sacrément belle réussite.

 

MishimaMishimaMishimaMishimaMishimaMishimaMishimaMishimaMishima


Son : 9/20
Avant toute chose, il faut préciser que l'intégralité des dialogues est en japonais et que seule la voix-off a fait l'objet d'un doublage. Le choix nous est offert entre une piste japonaise (dont la narration est assurée par Ken Ogata lui-même), anglaise (narration par Roy Scheider) ou française. Si les deux premières sont proposées en Stéréo, la piste française doit se contenter d'un mixage monophonique étouffé et sans volume qu'il faut à tout prix éviter. Des deux pistes suivantes, c'est la japonaise qui remporte sans hésiter nos suffrages. Si les mixages des dialogues et des effets sonores sont à peu de chose près équivalents sur les deux pistes, la différence se situe essentiellement au niveau de la bande originale. Rien que sur l'ouverture du film, il est évident que la piste japonaise joue davantage sur les effets surround et sur les basses permettant aux compositions folles et pleines d'emphase de Philip Glass de gagner en ampleur.

Mishima

Bonus : 10/20

Comme nous l'avons souligné plus haut, Wild Side a repris la plupart des suppléments présents sur le disque de Criterion. Ne manquent à l'appel qu'un documentaire de la BBC de près d'une heure sur Yukio Mishima et un livret exclusif à l'éditeur américain. En contrepartie, nous gagnons sur un disque à part rien de moins que la bande originale composée par Philip Glass. Joli coup.

 

Mishima

 

Disque 1

Seuls suppléments présents sur le premier disque, la bande-annonce du film et le commentaire audio de Paul Schrader et du producteur Alan Poul. Les autres suppléments se partagent le second disque.

Commentaire audio de Paul Schrader et de Alan Paul
Paul Schrader commence par dédier le film à son frère, Leonard Schrader, qui venait de décéder deux semaines avant l'enregistrement du commentaire audio. S'il était initialement intéressé par la mise en scène d'une biographie de Hank Williams, son intérêt s'est tourné sous les conseils de son frère vers Yukio Mishima, un homme raffiné et cultivé "qui était infligé du même désir pathologique de gloire par le suicide" que Travis Bickle (Robert De Niro dans Taxi Driver). Les deux hommes reviennent sur toutes les étapes de la production, abordant les nombreux problèmes rencontrés lors du financement, de l'acquisition des droits des romans de Mishima, mais aussi sur les différences entre les méthodes de travail des deux pays et l'incompréhension (voire le refus) des Japonais qu'une équipe américaine produise un film sur une de leurs grandes figures contemporaines. Schrader révèle par ailleurs que le rôle principal devait initialement revenir à Ken Takakura qui avait déjà collaboré avec lui sur The Yakuza. La superstar dut néanmoins refuser suite à des problèmes de santé. Son remplacement par Ken Ogata (Le Vase de Sable, L'Ete du Démon, La Vengeance est à moi) jusqu'alors habitué aux rôles d'hommes aux origines modestes, très éloigné de Mishima donc, ne fut pas immédiatement compris par l'équipe japonaise.

Mishima
Disque 2

Making Mishima (44')

Les trois collaborateurs artistiques principaux de Paul Schrader, le directeur de la photographie John Bailey, le compositeur Philip Glass et la décoratrice Eiko Ishioka, reviennent chacun leur tour sur leur précieuse participation au film. Dans ce documentaire passionnant de bout en bout, on apprendra notamment que la photo composée par Bailey et l'orchestration exaltée de Glass étaient pour beaucoup inspirées par les décors conçus par l'artiste japonaise. Ishioka qui fut récompensée par le Prix de la Contribution Artistique au Festival de Cannes faisait tout de même ici ses premier pas dans le cinéma...

 

Mishima

 

John Bailey, qui n'avait jamais étudié l'art japonais, y explique qu'ils avaient décidé très tôt avec Paul Schrader de ne pas réaliser un film japonisant "parce que c'était impossible, on était des étrangers, des gaijin". C'est d'ailleurs pour cette raison que la caméra est autant en mouvement là où un metteur en scène japonais aurait privilégié un cadre fixe. Bailey raconte que les techniciens japonais avaient tellement peur de faire quelque chose d'imparfait qu'il fallut en faire venir un des Etats-Unis pour s'occuper des travellings. Les trois intervenants reviennent également sur la suspicion des Japonais qui ne comprenaient pas pourquoi ces Américains voulaient faire un film sur une de leurs grandes figures si ce n'était pour s'en moquer. L'équipe craignant que le tournage ne soit perturbé par des manifestations hostiles (ce qui ne manqua d'ailleurs pas d'arriver), les séquences en extérieurs ont été les premières à être tournées.

MishimaEiko Ishioka

Produire Mishima (21’)

Si le précédent module était consacré à l'aspect artistique du film, celui-ci donne la parole aux deux producteurs, Tom Luddy et Mata Yamamoto, qui rappellent à quel point la production fut difficile. Tant d'un point de vue économique qu'idéologique. Sous les conseils de Francis Ford Coppola, la production est lancée avant même que le budget ne soit bouclé. Ce qui paraissait au départ être une bonne idée ("si on se lance, le soutien logistique qu'il faut rattrape son retard, et la pression qui nait, parce qu'on a commencé la production, pousse à réussir") a davantage compliqué les choses une fois l'accord de la veuve de Mishima obtenu. George Lucas, rappelé à la rescousse, propose à la Warner de participer au projet. Le studio souhaitait réchauffer ses relations avec le créateur de Star Wars depuis le rejet de son premier film THX 1138 et accepte.

 

Mishima

Tom Luddy

 

Tout aurait pu aller pour le mieux jusqu'à ce que la veuve de Mishima déclare ne plus être partie prenante du film, furieuse que Schrader ne suive pas ses recommandations. Ce n'est pas tant à cause des allusions à l'homosexualité du romancier qu'elle se retira mais parce que, selon elle, le réalisateur insistait trop sur le dernier jour de la vie de son mari et pas assez sur son oeuvre écrite. Une poignée de nationalistes fait entendre, mégaphone à la main, son mécontentement, et menace l'équipe - sans aller plus loin, fort heureusement. Lorsque le film est sélectionné au Festival de Cannes, toute l'équipe se rend sur la Croisette pour assister à la première. Si l'exécuteur littéraire de Yukio Mishima fait le déplacement, ce ne sera pas le cas des représentants de la Toho. L'équipe américaine comprend que le studio ne veut pas entendre parler du film qui ne sera au final jamais distribué en salles. La proposition de Schrader, Coppola et Lucas d'une rencontre afin de trouver un terrain d'entente restera lettre morte.

 

Mishima

Mata Yamamoto


Entretien avec John Nathan et Donald Richie.

Les deux hommes qui ont côtoyé Mishima dépeignent l'homme derrière la légende tout en mettant en lumière le mythe qu'il s'est construit. Comme l'explique Donald Richie, Mishima, qui se sentait comme le personnage central d'une pièce de théâtre autour duquel tout le monde gravitait, est devenu celui que nous connaissons en s'exerçant à l'être : il a effectivement travaillé sur lui-même afin de se transformer petit à petit en celui qu'il voulait être. Enfin selon l'historien, ce n'est pas tant son suicide qui a choqué les consciences japonaises, puisqu'il en parlait constamment, mais la manière dont il l'a commis.

 

Mishima

Donald Richie

 

Le second disque est complété d'une interview audio de Chieko Schrader (26'), co-scénariste et belle-soeur du réalisateur. Elle raconte tout d'abord son coup de téléphone avec la veuve de Mishima afin acquérir les droits d'adaptation des romans de son mari (on apprendra ainsi qu'Akira Kurosawa et Nagisa Oshima avaient également approché, en vain, la veuve pour obtenir les mêmes droits) ainsi que son rôle d'assistante sur le tournage. Elle était effectivement chargée par Paul Schrader, qui ne comprenait pas le japonais, de diriger les comédiens.


Mishima
Mishima
Sortie : 8 Décembre 2010
Éditeur : Wild Side Video

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