Le master immaculé proposé par l'éditeur rend relativement bien hommage à la belle photo du film, en particulier dans les nombreuses séquences nocturnes auréolées des éclairages naturels de la rue. Armés de leur caméra à l'épaule, le chef opérateur et le réalisateur suivent au plus près les personnages dans la violence de leurs mouvements et la compression a parfois du mal à suivre les saccades de la prise de vue. Un petit voile sombre se fait présent tout du long mais diverses scènes se caractérisent par leur ton monochrome, bleu-vert pour la maison de retraite, jaune-noir dans les ruelles la nuit, bleu-blanc cassé dans d'autres séquences esthétiquement très soignées et bien rendues. Si les contrastes sont très appuyés, un manque de piqué se fait rudement ressentir au niveau des gros plans comme le témoignent les captures d'écrans. Il est également dommage que le format CinémaScope manque cruellement de profondeur et que les visages des comédiens passent du teint blême au teint cireux.
La piste Dolby Digital 5.1 respecte l'intimité des dialogues bien délivrés sur l'enceinte centrale même s'ils perdent de leur intelligibilité au moment des séquences un peu plus agitées, où les animations sonores ont tendance à prendre le devant. Dès la première image, les surround soutiennent l'action avec acuité et réalisme, plongeant le spectateur dans les ambiances voulues par le cinéaste. Que l'histoire se déroule dans le métro, dans un bar ou dans la rue, les effets latéraux sont bel et bien présents et participent à l'immersion tantôt suffocante tantôt dynamique du spectateur dans le film. La superbe composition d'Eric Neveux (La Tête de maman) est élégamment mise en valeur par l'ensemble des enceintes, offrant de savoureuses et cinglantes notes de guitare électrique jusqu'à la superbe envolée finale d'Antony & the Johnsons reprenant Mysteries of love, composée à l'origine par David Lynch et Angelo Badalamenti pour Blue Velvet. Une précision dont bénéficie également la stéréo qui profite d'une large ouverture des enceintes et d'une balance gauche-droite des avants savamment équilibrée.
Making of Persécution (57min45)
Sous-titré "Filmer la Persécution", ce remarquable making-of de près d'une heure propose une immersion totale dans un tournage de film à travers les longues attentes durant la préparation d'un plan même le plus minime, la multiplication des prises, les répétitions, les longues discussions entre les membres de l'équipe (comédiens, chef opérateur, assistants) et le réalisateur. Les divers segments de tournage sont tous introduits par le metteur en scène lui-même qui porte un regard sévère, sincère et juste sur son métier tout en évoquant le travail avec ses acteurs. Les séquences de tournage dévoilées sont la rencontre entre Romain Duris et Jean-Hugues Anglade (où Patrice Chéreau armé de son combo portatif s'affaire à gérer la cinquantaine de figurants), la conversation entre Charlotte Gainsbourg et Romain Duris à la sortie du bar (tournage de nuit par temps de pluie avec les inconvénients que cela comporte) ou l'accident de moto à la station de métro Faidherbe-Chaligny à l'endroit même où Patrice Chéreau confie avoir été témoin d'un drame similaire dont il a voulu reconstituer l'impact à l'écran. Sans conteste, voici un making-of de référence.
Scènes coupées commentée par Patrice Chéreau (5min26)
Avouant que les trois scènes présentées lui paraissaient essentielles au moment de l'écriture du scénario, Patrice Chéreau commente avec brio la raison pour laquelle ces trois séquences ont été finalement coupées au montage final. Les deux premières montrent Daniel téléphoner une fois de plus à Sonia d'une cabine téléphonique ou de son portable où il lui envoie encore quelques remontrances à la figure. La troisième scène montre Daniel tromper Sonia avec la serveuse du bar aperçue dans le film, puis regrettant immédiatement sa conduite au point de vouloir aller s'excuser auprès de Sonia. Au final ces trois belles séquences laissées sur le banc de montage ont été supprimées en raison de leur redondance.
L'interactivité se clôt sur une superbe galerie photos (6min41) ainsi que trois bandes-annonces de films de Patrice Chéreau disponibles chez Arte Vidéo.
Enfin, notons la présence d'un petit livret de 24 pages comprenant un dense entretien avec Patrice Chéreau.