Le chef opérateur Laurent Brunet avait déjà fait des prouesses dans des films aussi remarqués que La Petite Jérusalem, Tehilim et La Belle personne. Optant pour un langage chromatique renvoyant à certaines oeuvres picturales, la photo est subtilement restituée sur support numérique sans anicroche particulière et à l'aide d'une solide compression. Le choix des couleurs nous fait penser à celles du tableau La mère de Whistler, développant des tons bleus gris, pierre et platiné (exemple à la 55min50 quand Séraphine sort de nuit). Séraphine s'ouvre sur un plan de toute beauté jamais démenti par la suite. Les scènes d'extérieur possèdent une dense clarté offrant également une gamme variée de verts caractérisant la nature environnante et sublimant les lieux de tournage. Notons pourtant un seul plan granuleux à la 7min45, un plan fixe montrant le village et dont le ciel fourmille de petits défauts techniques. Nous espérions également que le rendu des plans rapprochés en intérieur soit meilleur mais la luminosité souvent réduite entraîne quelques menus flous. Le film de Martin Provost souvent composé de plans fixes s'érige en DVD comme une magnifique succession de tableaux que n'aurait d'ailleurs pas renié Wilhelm Uhde, le collectionneur, galeriste et critique d'art interprété à l'écran par Ulrich Tukur.
Optez immédiatement pour la piste Dolby Digital 5.1, immergeant le spectateur dans la nature de l'Oise avec un foisonnement d'ambiances parfaitement spatialisées soutenues par la musique de Michael Galasso (In The Mood for Love) sur les enceintes arrière. La voix des comédiens est paisiblement posée sur la centrale tandis que les frontales répandent plusieurs effets bien sentis mais toujours avec allégresse. N'attendez surtout pas des bruitages fusant de tous les côtés mais plutôt le son d'un carillon, des oiseaux en extérieur ou le grincement du bois soigneusement rendu. La stéréo noie quelque peu l'ensemble des éléments sonores mais les dialogues restent suffisamment distincts. L'effet d'immersion n'a pas la même ardeur qu'avec la Dolby Digital 5.1.
Making of (42min17)
Le supplément central de cette courte interactivité s'avère d'honnête facture même si nous vous déconseillons vivement de le visionner à une heure tardive au risque de vous endormir. Si le point fort de ce making of demeure dans la parole donnée aux petits métiers de l'équipe technique, on reprochera à ce documentaire d'être atrocement lent et relativement austère. Entre deux prises, Yolande Moreau parle de sa préparation et les classiques images de tournage viennent illustrer l'ensemble. De leur côté, les artistes-conseillers préparent les toiles vues dans le film, les figurants partagent leur expérience, le cinéaste Martin Provost parcourt son casting, les créateurs des costumes ouvrent les portes de leur département, les décorateurs exposent leurs œuvres. De l'accessoiriste en passant par l'opérateur du son, le compositeur ou la chef maquilleuse, ce making of assez complet remplit malgré tout décemment son cahier des charges.
Entretiens autour des œuvres de Séraphine exposées au musée Maillol (14min08)
a) Discussion entre Martin Provost et Françoise Cloarec (11min51)
Enregistrée en décembre 2008, cette discussion entre le réalisateur de Séraphine et la psychanalyste et auteur du livre Séraphine de Senlis s'impose comme le meilleur supplément de cette édition. Cet échange passionné et précis est en tous points passionnant. Les deux protagonistes admirent les œuvres exposées (Martin Provost ne peut d'ailleurs pas s'empêcher de toucher l'une d'elles) et partagent leurs émotions devant Le Bouquet de feuilles, L'Arbre du Paradis, Feuilles d'automne, Les Chardons. On ne peut s'empêcher de les envier d'avoir la galerie pour eux seuls afin d'admirer les œuvres de Séraphine dont l'exposition vient de se clôturer le 30 mars 2009 au musée Maillol à Paris. Néanmoins, devant le succès public de l'exposition, le musée continue de présenter jusqu'au 18 mai 2009 une douzaine d'œuvres de Séraphine.
b) Présentation de l'exposition par Olivier Lorquin (2min17)
Le directeur du musée Maillol dresse brièvement la biographie de Séraphine de Senlis tout en faisant une belle publicité pour l'exposition consacrée à l'artiste. Dommage que ce court module tape rapidement sur le système par une affreuse réalisation composée de zooms fatiguants et déplacés.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce du film (1min24) et les filmographies (très sélectives) de Yolande Moreau, Ulrich Tukur et Martin Provost.