Image :
8/20
Second film de Jennifer Lynch, Surveillance se pare d'un transfert d'une grande réussite reproduisant conformément à ce que nous avions vu en salle ce gros grain de pellicule qui sied parfaitement au thriller redneck. Ca grouille certes, mais plus à cause du support chimique d'origine plutôt qu'à une compression défaillante. En ce qui concerne la gestion des contrastes, c'est un sans faute, le transfert étant en accord avec le jeu sur les couleurs chaudes et poussées des flash-backs en opposition des séquences d'interrogatoires à l'ambiance plus froide, plus bleutée. La compression se fait quant à elle plutôt discrète. Nous n'échappons certes pas à quelques paquets de pixels durant quelques séquences trop sombres, mais rien d'inhabituel venant de ce bon vieux mpeg2.
Son :
7/20
Tout aussi riche que la photo, le travail sonore, bien que peu tonitruant, méritait bien une piste DTS. Cadencée à 768Kbps, celle-ci bénéficie d'un spatialisation efficace aussi bien pendant les séquences d'interrogatoire (durant lesquels les infrabasses sont légions) que les scènes mouvementées, restituant avec punch glaçant les coups de feu et les cris des victimes. L'idée n'était pas d'en faire trop dans tous les sens mais plutôt que les canaux surround travaillent de concert afin d'instaurer une ambiance sonore pesante. Ce DTS 5.1 anglais s'accompagne d'une piste DD5.1 française cadencée à 448Kbs (sensiblement identique bien que moins lourde et menaçante que le DTS) et d'une piste Stéréo anglaise honorable pour ceux qui ne sont pas équipés d'un ampli multicanal.
Bonus :
6/20
Cette édition ne se démarque pas par une avalanche de suppléments et finalement ce n'est pas plus mal, trop décortiquer le thriller de Lynch ne jouant pas en sa faveur.
Alternant images du tournage et de la conférence de presse du Festival de Cannes 2008, Jennifer Lynch : Sous Surveillance donne abondamment la parole à la cinéaste lui permettant de s'expliquer sur sa longue absence des plateaux de cinéma, son désir de se distinguer artistiquement de son père (dont elle ne cache pas son admiration) mais aussi sur son approche de la violence ("je pense que jai diminué le pouvoir de la mort et analysé ce pouvoir dans le même film" déclare-t-elle). La parole sera aussi donné aux deux comédiens principaux, à savoir Julia Ormond et Bill Pullman, ce dernier aillant joué pour les deux expliquera d'ailleurs selon lui la différence entre Lynch père et Lynch fille ("Le monde de David est moins articulé. Chez Jennifer, c'est articulé dans un esprit très brillant capable à la fois d'être objectif et subjectif").
Les images de tournage permettent de découvrir une cinéaste proche de ses comédiens, soucieuse de ce qu'ils ont à offrir, loin de l'image (faussée ?) qu'on a de David Lynch avec les siens. Un supplément pas inintéressant mais qui aurait mérité d'être plus complet, notamment à propos de l'apport de Kent Harper au film. L'oublié du module est quand même interprète dans le film (le policier Jack Bennet), co-scénariste aux côté de Lynch et producteur par le biais de sa boîte Film Star Pictures ! Loin d'être la quatrième roue du carrosse donc...
Effaré par l'amoralité de la fin initialement écrite (et finalement gardée par la cinéaste), David Lynch incita sa fille à réécrire et tourner une fin plus conventionnelle, un happy-end en somme. Proposée en supplément, celle-ci pêche par son absence de radicalité (une fin joyeuse pour un thriller, c'est jamais très folichon) mais aussi par une trop grande importance donnée au symbolisme (Pullman détruisant la caméra, le lecteur de vidéo portable de la petit fille sur le sol diffusant un image de cieux...). Trop lourde de sens, on comprend très vite que cette fin aurait amoindri l'aspect jubilatoirement primaire du thriller, d'où son abandon.
Même topo en ce qui concerne les deux scènes coupées. On commence par Latex Love, un long plan présentant Julia Ormond et Bill Pullman prennant visiblement du plaisir à étaler sur le visage de l'autre du latex. "Une géante éjaculation" déclare Julia Ormond à la conférence de presse cannoise. Très beau plan, il était sans doute trop contemplatif pour vraiment avoir sa place dans le montage final.
Alors que dans le film l'attaque sur Tina et Keith (le jeune couple dans la voiture bleue) n'était pas montrée, Jennifer Lynch l'a pourtant tournée et montée de façon à ce qu'elle coupe sur la discussion entre Sam Halloway (Bill Pullman) et la secrétaire, cette dernière avouant ne pas comprendre la folie des hommes. Pourquoi une coupe ? Comme la cinéaste l'explique dans Jennifer Lynch : Sous Surveillance, montrer cette attaque aurait amoindri l'impact des suivantes. On notera par ailleurs que Lynch s'est amusée à projeter sur le visage de la secretaire des images de feux d'artifices (souligner son bouillonnement intérieur sûrement). Un magnfique plan qui n'avait malheureusement pas sa place dans un thriller aussi tendu que celui-ci.
Le disque se clot par une galerie de photos et des liens internet.
Première publication du texte : 22 Janvier 2009.