Présenté dans son format plein cadre, le master de Pris au piège se révèle être une excellente surprise. Le générique donne le ton avec une restauration notable dès les cartons d'introduction. La stabilité est de mise y compris sur les nombreux fondus enchainés, le N&B est nuancé et lumineux, les contrastes solides et le piqué est même aiguisé à souhait. Si quelques poussières et rayures verticales ont pu passer à travers les mailles du filet, force est de constater que la copie présentée ici est de très haute qualité, les fourmillements sont limités et la définition édifiante pour un film de cette époque. N'oublions pas le grain qui se fait rare mais qui tend à réapparaître sur les séquences nocturnes où les noirs s'avèrent plus poreux.
Point de version française (qui s'en plaindra ?) mais une piste unique en version originale mono 2.0 de bonne qualité. Toutefois, les aigus partent vite en vrille et les saturations sont plutôt grinçantes à l'instar de toutes les plages musicales qui ont un peu de mal à trouver un équilibre convenable. Autrement, les dialogues sont distincts, propres, et aucun souffle sporadique n'est à déplorer. Notons que les sous-titres sont de couleur jaune afin d'éviter les problèmes de lisibilité.
Présentation du film par Serge Bromberg (2min57)
On dirait que Serge Bromberg n'a plus grand-chose à nous raconter car ses introductions sont de plus en plus courtes. Toujours est-il que notre interlocuteur place cette fois sa présentation sous le signe d'un résumé succinct des carrières du réalisateur Edward Dmytryk et du comédien Dick Powell. Heureusement, Serge Bromberg évoque également rapidement les thèmes du film tout en le replaçant dans le genre du film noir. Pour info, en raison de ses convictions politiques et de son adhésion au parti communiste américain, le réalisateur se voit figurer parmi les fameux Dix d'Hollywood, autrement dit les dix producteurs, cinéastes et auteurs de cinéma qui furent convoqués par la Commission sur les activités antiaméricaines en 1947. S'ensuivit une peine de 6 mois de prison et quelques centaines de dollars d'amende. Edward Dmytryk préféra s'exiler en Grande-Bretagne l'année suivante où il réalise deux films avant de revenir aux Etats-Unis pour purger sa peine de prison en 1950. A l'instar d'Elia Kazan, le réalisateur cède finalement à la pression, et dénonce certains collègues communistes ou sympathisants de gauche.