Filmé avec la caméra, ou plutôt le camescope numérique portatif Sony XDCAM EX1, Rio Sex Comedy est habilement restitué sur support DVD et offre un rendu superbe de la colorimétrie riche caractéristique de Rio de Janeiro. Le piqué est savamment ciselé, la copie immaculée, la compression solide affermit les plans tournés caméra à l'épaule comme un documentaire, et le relief est probant sur toutes les séquences diurnes. Les conditions techniques permettent de retrouver la clarté exacerbée du Brésil, les couleurs sont vives et chatoyantes, tandis que les gros plans abondent de détails. La réalisation alerte et dynamique de Jonathan Nossiter peut donc compter sur une définition quasi-exemplaire pour le passage du film sur le petit écran, dont le seul bémol à noter provient du manque de consistance des noirs sur les scènes sombres.
A mi-chemin entre fiction et documentaire, Rio Sex Comedy ne fait pas d'esbroufe inutile et privilégie les ambiances naturelles de la rue et de la musique traditionnelle. Il ne faut pas en attendre beaucoup de la piste Dolby Digital 5.1 qui se contente essentiellement de distiller l'atmosphère brésilienne afin de suffisamment plonger le spectateur dans le délire concocté par Jonathan Nossiter. Les latérales ont bien quelques occasions de briller, en instaurant une spatialisation musicale par exemple, mais ce sont les frontales qui donnent le la avec ardeur et fluidité, tandis que la centrale exsude fougueusement les dialogues sans se forcer. La stéréo est néanmoins plus fidèle quant aux volontés du réalisateur, se révèle percutante de bout en bout et instaure des conditions acoustiques largement suffisantes pour un film de cet acabit.
La première de ces séquences coupées propose une version longue de la confrontation entre l'ambassadeur américain au Brésil (Bill Pullman) et les avocats de l'industrie pétrolière brésilienne qui lui demandent ce que pensent les Etats-Unis du repositionnement de leurs réserves de pétrole. L'ambassadeur coupe court à la conversation et préfère finalement retourner dans sa chambre voir une telenovela tandis que son conseiller tente de le raisonner. Les autres scènes tout aussi réussies présentent un échange plus long entre l'équipe de tournage et Alex, le guide de la favela de Cantagalo, un nouvel entretien entre la même équipe et une employée domestique qui se penche sur les rapports entre les riches et les pauvres, et une séquence où Irène Jacob chante au Maze Hotel avec le chanteur populaire Ricardo Teté. Notons que ces séquences sont accompagnées de commentaires écrits du réalisateur Jonathan Nossiter qui explique la raison de leur éviction tout en les replaçant dans le contexte du film. C'est ainsi que nous apprenons que le guide de la favela Alex était la personne qui, avec l'autorisation des trafiquants (les seuls garants de l'ordre de la favela), leur donnait l'accès pendant le reportage et le tournage. "Porte-parole" du gouvernement non-officiel des trafiquants, Alex est devenu un personnage dans le film en jouant son propre rôle. Un an après, suite à une action militaire destinée à "pacifier" la favela, Alex a disparu.
Rencontre avec Jonathan Nossiter et Irène Jacob (7min47)
Issue de la masterclass Fnac du 21 février 2011, cette rencontre drôle et dynamique avec le réalisateur (dans un français parfait) et sa comédienne regorge d'anecdotes de tournage. Tous deux évoquent le projet, la liberté de ton, les thèmes abordés par le film, la complicité des acteurs et les personnages, sans jamais tomber dans la promo gratuite et donnant surtout une furieuse envie de découvrir Rio Sex Comedy. Certaines photos du tournage illustrent brièvement les propos tenus dans ce module.
Entretien avec les comédiens (23min59)
D'un côté, Jonathan Nossiter reçoit chez lui les comédiens Jean-Marc Roulot et Jérôme Kircher (5min16), de l'autre Charlotte Rampling et Irène Jacob (18min43). Si l'entretien avec les acteurs (autour d'un bon verre de vin évidemment) se révèle anecdotique, on y parle en effet trop rapidement de leur relation avec le réalisateur, de la dichotomie du comédien avec sa propre personnalité, et de l'aventure du tournage en général, la rencontre avec les actrices se révèle nettement plus intéressante et dense. Toutes deux reviennent longuement et de manière passionnante sur leur identification au personnage, l'investissement de l'équipe, la liberté et les conditions de tournage (pas de maquillage, ni de coiffeur, d'habilleurs et de scripte), les rapports entre employeurs et employés au Brésil, l'effervescence de Rio, la réalité documentaire du film et leur expérience personnelle.
Galerie de photos commentées par Jonathan Nossiter
C'est assez rare pour le signaler mais cette galerie de photos de tournage est intelligemment accompagnée d'un petit mot du réalisateur qui replace chaque cliché dans son contexte. S'il n'y a pas de making of dans cette interactivité, cette galerie offre un aperçu plutôt conséquent des prises de vue et les commentaires de Jonathan Nossiter éclaire sur les conditions et l'ambiance du tournage.
L'interactivité du DVD de Rio Sex Comedy se clôt sur la bande-annonce (1min53).