Pawel Edelman est le chef opérateur de The Ghost-Writer. Déjà remarqué sur des films aussi variés que Ray, Katyn ou La Vie devant ses yeux, il a surtout été le directeur de la photographie des derniers films de Roman Polanski comme Le Pianiste (César de la meilleure photographie) et Oliver Twist. Ses magnifiques partis-pris esthétiques sur The Ghost-Writer rappellent ceux du Pianiste à savoir une palette monochrome grisâtre et ardoise (des décors aux costumes) merveilleusement bien rendue en DVD. Ce transfert solide bénéficie d'une profondeur de champ fort estimable, le cadre 2.35 n'y étant évidemment pas pour rien, et les gammes de couleurs froides sont riches et joliment contrastées. Les séquences plus « chaleureuses » tranchent harmonieusement avec le reste via l'usage de couleurs plus ambrées et boisées, dont les textures, bien que n'atteignant pas le piqué d'une édition HD, ressortent sans aucun accroc. Les séquences nocturnes, légèrement argentées s'accordent gracieusement avec l'ensemble et ne se trouvent jamais prises en défaut via une compression de haute volée. Toutefois, les green-screen qui passaient déjà un peu mal sur grand écran, sont encore plus visibles avec des transparences plus artificielles (celle à l'aéroport, quelques autres vues à travers les baies vitrées chez les Lang). Un travail éditorial à l'image du film, classe et léché.
Le spectacle est assuré durant plus de deux heures grâce à une spatialisation constante mais non envahissante du merveilleux score d'Alexandre Desplat. Entre le deuxième épisode de Twilight et Fantastic Mr. Fox, le compositeur français signe probablement l'une de ses plus belles partitions, à la fois poétique et ironique. D'entrée de jeu, Roman Polanski plonge le spectateur dans l'atmosphère du film, pluvieuse et orageuse, accompagnée par les accords cordophones spatialisés à bon escient. En français 5.1 ou anglais 5.1, les séquences dialoguées se trouvent canalisées avec ardeur sur l'enceinte centrale, les latérales étant de la partie dès qu'une séquence se trouve en extérieur. Le tonnerre, la pluie diluvienne, le ressac et le vent sifflant environnent de toute part, le tout étant soutenu par quelques basses bien senties provenant du subwoofer notamment lors de l'arrivée fortuite d'un hélicoptère (40min40). Voici deux mixages qui savent se contenir au moment opportun jusqu'au crescendo final tout simplement étourdissant.
Si les suppléments ne sont pas nombreux, les propos tenus ici sont de qualité et abondent d'images de tournage. Tous les segments sont écrits, produits et réalisés par Laurent Bouzereau.
Robert Harris : du roman au film (10min21)
Ecrivain et journaliste britannique ayant travaillé pour la BBC, l'Observer et le Sunday Times, Robert Harris est le principal intervenant de ce module. Fasciné par la politique, il dit avoir toujours voulu écrire sur le phénomène d'un dirigeant politique ayant perdu ses pouvoirs, thème qui a conduit à la genèse de The Ghost-Writer, dix ans avant d'être rattrapé par la réalité quand en 2006, Tony Blair s'est vu accusé de crimes de guerre. Robert Harris dresse d'ailleurs un parallèle inévitable entre ses personnages et la famille Blair. Après une adaptation manquée de son roman Pompéi par Roman Polanski, l'écrivain et le cinéaste sont restés en contact et très vite Robert Harris a confié au réalisateur un premier jet de The Ghost-Writer qu'il décide aussitôt d'adapter. L'écrivain revient point par point sur l'évolution du scénario, les changements apportés en cour de route (les disparitions successives d'une voix-off comme dans Boulevard du Crépuscule ainsi que d'une réunion finale des protagonistes comme chez Agatha Christie). Comme pour l'ensemble des modules suivants, beaucoup d'images de tournage montrent Roman Polanski dans l'exercice de ses fonctions en compagnie des comédiens et de son équipe technique. Attention, de nombreux points essentiels de l'histoire dont la fin sont révélés et nous vous conseillons évidemment de voir le film avant de visionner les suppléments.
Interview exclusive de Roman Polanski (8min18)
Roman Polanski, confortablement installé dans son chalet de Gstaad, revient sur ce qui l'a motivé dans le récit de Robert Harris (qu'il compare à Raymond Chandler) avec qui il devait collaborer pour l'adaptation d'un autre de ses romans, Pompéi. Certains propos ici tenus font redondance avec ceux déjà entendus lors de l'entretien avec Robert Harris, mais très vite, Roman Polanski détaille sa mécanique singulière du thriller. Durant cette interview composée d'images du tournage, le réalisateur dit avoir immédiatement accroché au suspense du récit qui entrait qui plus est en résonance avec les problèmes politiques actuels. Le cinéaste évoque ensuite le casting de son film, le travail avec sa fidèle équipe technique, ainsi que la création de la maison des Lang. N'existant pas réellement et devant répondre aux désirs artistiques de Roman Polanski, l'habitation a en réalité été construite dans un studio environné de green-screen qui seront remplacés ensuite en post-production par la plage aperçue dans le film. Enfin, Roman Polanski ne manque pas de revenir sur la fin du film que nous ne dévoilerons évidemment pas.
Interview des acteurs (11min20)
Les comédiens principaux limitent les propos ineptes fréquents dans ce genre d'exercice et livrent quelques réflexions intéressantes sur les conditions de tournage, le tout largement illustré par des photos et images issues de la préparation et des prises de vues. C'est aussi l'occasion de voir Roman Polanski à l'oeuvre avec ses acteurs, donnant des conseils avisés tout en restant proche d'eux lors du tournage. Un cinéaste perfectionniste dans l'exercice de ses fonctions que ce documentaire dévoile avec intérêt.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1min47) et une galerie photos (2min55).