10 000
Le 10/03/2008 à 08:31Par Arnaud Mangin
Notre avis
Donc 10 000 c'est franchement pas terrible, mais ça on s'en doutait forcément un petit peu. Restait juste à savoir jusqu'à quel stade le cinéaste s'embourberait dans la négligence pédagogique, dont le premier talon d'Achille était de s'adresser à un public accusant quelques ressortissants qui cherchent encore à véroler les bouquins d'Histoire par des discours religieux. D'entrée de jeu, il ne les aide pas. Mais alors vraiment pas avec son pitch d'homo-sapiens épilés sous les bras, peinturlurés au mascara et qui assurent un max en anglais première langue... mais avec un accent pourri quand même, faut pas totalement abuser. Un aspect light du cinéma hollywoodien qui se soutiendra lui-même avec des excuses aussi piteuses que "C'est du cinéma, du divertissement", sans même se rendre compte que ça rend directement imbuvable tout ce bordel. Ca ne marche pas, un point c'est tout ! D'autant plus que le divertissement servant d'alibi ne répond même pas à l'appel, et ce n'est pas le joli bestiaire numérique de l'affaire qui rectifiera le tir. Seul l'affrontement contre les dodos carnivores tient encore la route en plus d'afficher la clairvoyance du film : ils ne volent pas très haut et se cognent dans les branches...
Bref, ils sont super évolués les hommes préhistoriques, ils braillent comme Mel Gibson dans Braveheart avant d'aller chasser le mammouth (mot qu'ils prononcent mal en plus), mais ne savent pas se défendre lorsqu'ils sont attaqués par des similis Vikings égyptiens. Et ceux là, ils sont méchants mais encore plus évolués parce qu'ils ont appris à monter à cheval, à coudre des gourdes en cuir et à se forger des armes blanches. Mais eux - nanananère - ils ne savent pas aligner deux mots en anglais ! Bien fait pour leur gueule et tant pis pour leurs pyramides high tech parce qu'ils ont fait l'erreur de leur vie en kidnappant la playmate du village, sous prétexte qu'elle avait un bobo sur la main en forme de Grande Ours (sérieusement, c'est ça le scénario !). Un topo en béton armé démontrant que la grève des scénaristes avait quelques semaines d'avance dans le bureau du gang Emmerich/Devlin et qui tourne en rond une bonne heure pour quoi ? Hein ? Pour que des mecs en pagne se ruent les uns vers les autres en brandissant des lances sculptées dans l'échine d'on ne sait quel animal. Mouais... à moins d'avoir occulté le dernier film de Gibson, justement, Pathfinder, 300 et le panier d'adaptations d'Heroïc Fantasy de cette dernière décennie, on s'ennuie vraiment ferme !
Au moins Stargate, dont 10 000 demeure très proche, avait le mérite de rameuter quelques aliens pour mettre de l'ambiance. Ici, rien, niet, nada, juste un Tigre à dent de sabre apprivoisé sympatoche comme tout parce qu'à défaut d'un labrador, on pouvait toujours compter sur un bon smilodon à l'époque. Une idée grotesque parmi tant d'autres renvoyant plus bas que terre un projet à priori alléchant (et dire qu'on aurait pu avoir Rahan de Christophe Gans à la place) mais conçu dans le désintérêt le plus total. En plus de crouler sous les incohérences les plus insultantes (pas la peine de chercher la petite bête, elles font trois tonnes ici), le film reste exagérément chiant, mal écrit, ridicule et persiste dans un romantisme premier degré décidemment à la masse. Pire que tout, et c'est peut-être là qu'Emmerich descend vraiment dans notre estime, il n'y a même pas matière à rire !