48 heures par jour
Le 29/05/2008 à 18:36Par Elodie Leroy
Une fois n'est pas coutume, une comédie sociale française s'éloigne un peu des vieilles rengaines habituelles en explorant un sujet de société au premier abord peu sexy, mais qui concerne pourtant une grande majorité de personnes. Si le couple est bien entendu au cœur des préoccupations, il est ici remis en cause dans ses fondements les plus triviaux - mais pas les plus négligeables -, à savoir l'organisation des tâches à la maison et les sacrifices que cela implique pour chacun. Mine de rien, les conflits entre hommes et femmes sur les corvées domestiques représentent aujourd'hui l'une des premières causes de séparation. Une bonne raison pour se pencher sérieusement sur la question, ce que Catherine Castel fait avec une certaine finesse et surtout beaucoup d'humour. Après avoir dressé un tableau peu enviable du quotidien de la famille de Marianne (Aure Atika) en adoptant clairement le point de vue de cette dernière (l'homme moderne en prend gentiment pour son grade, et une fois de temps en temps, ça fait du bien), 48 heures par jour place rapidement ses deux protagonistes sur un pied d'égalité et évite ainsi d'adopter un discours trop culpabilisateur. La réalisatrice semble porter un regard empreint de tendresse sur Bruno (Antoine de Caunes), un monsieur tout-le-monde mis brutalement et sans ménagement face à ses responsabilités de mari et de père.
De par une réalisation trop conventionnelle et une photographie pas toujours très agréable à l'œil, 48 heures par jour prend des allures évidentes de téléfilm et c'est là son principal défaut. Mais il faut reconnaître que cette comédie satirique franco-française fait mouche à plus d'une reprise sans toutefois oublier de divertir. Avec le talent auquel ils nous ont habitués chacun de leur côté, Aure Atika et Antoine de Caunes se renvoient la balle avec un certain punch, aidés en cela par une galerie de seconds rôles tous plus pittoresques les uns que les autres (Catherine Jacob et Victoria Abril en tête). On reprochera cependant à 48 heures par jour d'enfoncer quelques portes ouvertes et de pécher par des dialogues trop écrits, conférant au film un caractère excessivement démonstratif. L'histoire ne l'est pas moins puisque le scénario fait appel à l'inévitable retournement de situation de mi-parcours, afin d'obliger le spectateur à prendre en compte les deux points de vue. Cela dit, en dépit du schéma prévisible qui gouverne l'intrigue, on relèvera quelques prises de risques intéressantes quant à la signification de la fidélité au sein d'un couple. Au final, on ne niera pas à 48 heures par jour le mérite d'apporter un contrepoids pertinent à certaines émissions TV actuelles axées sur la famille (échange de maman et intervention de nanny à l'appui), ces programmes à forte audience qui offrent une sur-représentation des femmes au foyer par rapport aux femmes actives et qui nient donc d'une certaine manière plusieurs décennies de féminisme...