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A bout portant

Le 01/12/2010 à 12:00
Par
Notre avis
8 10

Sans singer le cinéma américain ni le prendre comme un maitre à penser de ce que doit être une scène d'action, dans son statut le plus pur, A bout portant est un thriller dont le paysage français peut être fier puisqu'il demeure fidèle à sa ligne de conduite du début à la fin et surtout sans perdre l'attention de son public. Du calibrage carré et efficace qui n'en fera certainement pas une œuvre majeure mais un divertissement à l'honnêteté indiscutable. C'est clairement vers ce chemin là que doit s'orienter le "genre" français s'il veut continuer à exister.

Découvrez ci-dessous la critique du film A bout portant


Critique A bout portant

Critique A bout portant

 

Oui, le cinéma de genre en France, c'est encore possible ! Pas nécessairement de la part de ceux qui revendiquent une cinéphilie bisseuse décomplexée et borderline de façon immature, comme pour pourfendre l'establishment franchouillard canonique, mais plutôt du côté de ceux qui gardent les pieds sur terre et un profond respect pour leur propre culture. Et qui, surtout, ne confondent pas le populaire avec le caprice, le frontal avec l'intégrité. Fred Cavayé est de ceux-là. Réalisateur essentiellement remarqué avec Pour elle et l'étonnante surprise qu'il a constitué, il confirme avec A bout portant des affinités avec le thriller pur, codifié, hyper accessible dans tout ce que cela peut avoir de consensuel, certes, mais également efficace. Une ligne de conduite sur laquelle il s'est focalisé en ayant l'intelligence de s'y maintenir presque scolairement, parce que c'était finalement la meilleure chose à faire. En ne cherchant jamais à choquer, perturber, brutaliser ou galcer, il privilégie le plaisir immédiat avec un certain talent pour entraîner le spectateur dans un produit pourtant cousu de fil blanc. On décèle rapidement qui sont les méchants, qui sont les gentils, qui va gagner et qui va perdre. Toujours est-il que là où beaucoup de techniciens se prennent beaucoup trop pour ce qu'ils ne sont pas, Cavayé assume pleinement son statut de faiseur ainsi que son exercice carré, droit dans ses pompes et finalement agréable à suivre.

 

Critique Critique A bout portant

 

En cherchant dans les exemples les plus récents, on pensera forcément à Secret Défense pour sa droiture ou à Ne le dis à personne pour sa lecture de l'héroïsme dans tout ce que ça peut avoir de romantique (même si A bout portant n'a ni le souffle ni la tendresse du film de Guillaume Canet), mais c'est surtout du côté de Verneuil et une certaine mécanique du polar "à l'ancienne" (comprendre : à l'époque où on en faisait) que s'oriente le film. Avec ses héros fonceurs, sa sirène aux traits innocents, ses salopards sans pitié et sa collection de sales gueules. L'un des personnages reprend le nom de Delon dans Le Clan des siciliens et une longue poursuite dans le métro nous renvoie à celle de Peur sur la ville. Toujours est-il que seule l'action prime. L'action physique et l'action narrative - plus visuelle que dialoguée - avec un certain savoir faire pour imbriquer une succession d'éléments qui relancent perpétuellement l'intrigue en faisant usage des clés essentielles : l'urgence dans le temps, l'équilibre dans le lieu. La dernière partie de Pour Elle étirée sur un film en entier, en quelque sorte. Bien sûr, on lui reprochera l'évident revers de la médaille parce qu'en n'étant que ça, le film n'est... que ça ! Une petite fuite qu'on peut coupler à quelques ficelles un peu grossières pour épicer l'ensemble (certains personnages débarquent de nulle part au bon/mauvais endroit/moment, la géographie des couloirs du métro parisien est totalement malmenée, etc) mais qui finalement ne sont pas si graves parce que, l'énergie faisant convenablement son travail, ça marche.

 

Surtout à prendre pour ce qu'il est sans jamais chercher à l'intellectualiser de quelque manière que ce soit, A bout portant fait partie de ces rares films qui extirpent le cinéma de genre populaire de son enlisement et qui a au moins parfaitement trouvé l'équilibre entre l'offre et la demande. Entre les envies de cinéma et l'adhésion du public.

Article publié le 10 novembre 2010.





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