August Rush

Sur le papier, August Rush était certainement un bon film. Racontant comment un petit garçon surdoué pour la musique va affronter la jungle new-yorkaise pour tenter de retrouver ses parents (deux musiciens qui se sont croisés 10 ans auparavant, le temps d’une nuit, juste le temps de procréer), le premier film de Kristen Sheridan (fille de Kim Sheridan) disposait de pas mal d’atouts pour devenir une bonne surprise. Un casting pas honteux (Freddie Highmore, Robin Williams, Keri Russel), une histoire concoctée par le scénariste de Hook, une réalisatrice motivée dont c’est le premier film, des producteurs libres des pressions des studios, bref, 4 bonnes raisons de s’extasier. Mais malheureusement, les bonnes intentions et les noms au générique ne font pas forcément un bon film, loin de là.

Commençons par ce qui est peut-être le moins grave. D’une mièvrerie rare, le film de Sheridan fille est de très loin le film le plus gnangnan qu’on est eu le plaisir de voir depuis longtemps. Noyé dans la guimauve la plus accablante, August Rush ne nous épargne aucun poncif. Ca pleure, ca s’aime et ça se déchire à tour de bras sur une musique lourdingue, ça nous apprend que dans la vie il faut croire en ses rêves, ça nous montre des gentils très gentils, et des méchants qui ont quand même un bon fond, bref, ça vole pas plus haut qu’un épisode de Rémi sans famille. Ne manque plus que le chien qui meurt et le cancer du grand père pour compléter la liste des lieux communs présents dans le film et faire d’August Rush le best of ultime du drame trop lacrymal pour être honnête. Mais le pire reste à venir.

Convaincue que la musique devait être au cœur de sa mise en scène (ce qui est louable en soit, la musique étant le thème principal du film) et que toutes les scènes devaient être montées autours du score de Mark Mancina, Sheridan donne vite à son film des allures de bande-annonce géante. On passe donc le film à attendre vainement que le rythme se pose, histoire de s’intéresser un peu au petit Evan et à sa triste histoire, mais, las, les séquences se succèdent dans un montage elliptique au possible, qui expédie les ressorts dramatiques en voix-off par dessus quelques money-shot, bien fichus certes, mais totalement dénués d’émotion. Comme une bande annonce, quoi. On a pas le temps de comprendre ni de ressentir quoique ce soit, juste celui de vaguement entrapercevoir ce qu'aurait pu être le film entre les mains d'un metteur en scène un peu plus expérimenté.