Black Christmas
Le 13/10/2007 à 16:52Par Yann Rutledge
Notre avis
Bob Clark fait partie de cette poignée de cinéastes qui ont accouché dans les années 70 de films fondateurs du cinéma horrifique et qui se sont retrouvés pour on ne sait quelle raison à faire de sombres comédies d'une nullité abyssale. Comment le cinéaste de Children Shouldn't Play with Dead Things (1972), du tétanisant Dead of Night/Deathdream (1974) et de Black Christmas a bien pu réaliser quelques années plus tard New York Cowboy avec Stallone et Dolly Parton, Porky's, Les P'tits génies ou le... machin qu'est Karaté Dog (par ici pour un extrait édifiant) ?
On prête à Black Christmas l'honneur d'être le premier slasher de l'histoire du cinéma, sorti quatre ans avant le Halloween de John Carpenter qui lança vraiment la mode. Ce serait avoir la mémoire courte : La Baie Sanglante de Mario Bava et surtout Psychose de Sir Alfred Hitchock l'avaient précédemment talonné. Bob Clark reprend certaines idées vues chez ses illustres aînés, des idées qui deviendront quelques années plus tard (avec toute la série des Vendredi 13 et consort) les codes obligés du genre : caméra subjective permettant aux spectateurs de voir à travers les yeux de l'assassin, un assassin fantomatique devenu fou à la suite d'un trauma lié à l'enfance (ce n'est certes pas explicitement dit dans le film, mais on le devine) et dont les jeunes femmes sont les proies privilégiées, etc... le tout sur fond de libération sexuelle (subie ou assumée).
A l'instar de son précédent film, Dead of night, qui voyait le retour chez ses parents d'un vétéran zombifié de la guerre du Vietnam, Bob Clark conserve une approche naturaliste et se garde bien de plonger ses personnages dans un univers opératique comme le fait en Italie la même année Dario Argento (Les Frissons de l'angoisse).
Un slasher important donc qui fut longtemps occulté au profit de Halloween, ce qui s'explique peut-être par l'échec de ce premier lors de sa sortie américaine et sans aucun doute par la carrière moins glorieuse de Bob Clark en comparaison de celle de Big Daddy John. Fort heureusement, depuis une dizaine d'années, les premiers films de Clark sont déterrés, ce qui permet de remettre le cinéaste à la place qu'il mérite dans l'histoire du cinéma horrifique.
A noter que Glen Morgan (Willard) réalisera trente ans plus tard un remake qui s'éloigne fortement de l'original, proposant une approche plus grotesque (couleurs flashy à la Bava/Argento et gore décomplexé) mais tout de même sympathique. Enfin, les plus curieux qui veulent découvrir Dead of Night se tourneront vers l'import, le film ayant été édité il y a quelques années par Blue Underground (zone 1 donc).