Black Dynamite

Black Dynamite est à l'image de son héros : une brèche s'ouvre langoureusement devant lui et il ne peut s'empêcher d'y pénétrer pour faire valoir ses atouts. Il est bien légitime que, après la tendance remise au goût du jour par le double projet Grindhouse de Tarantino and co d'afficher une nostalgie du cinéma fauché dans le cœur des cinéphiles, la Blaxploitation se taille une part du gâteau. S'il y a de fortes chances que Black Dynamite se fasse bien moins remarquer que Boulevard de la mort (surtout qu'il n'est indiqué nulle part ''Quentin Tarantino approuve'' sur l'affiche), il demeure toutefois un gentil plaisir coupable pour qui s'éclate devant les productions de bric et de broc. Les comparaisons s'arrêtent là. Disons qu'à tort ou à raison, Grindhouse a trop cherché à faire du "cinéma malgré tout", tandis que Black Dynamite s'impose comme une parodie, certes beaucoup moins poussive que les tendances récentes mais une parodie quand même. En fait, aucun des deux n'a concrètement reproduit le genre tel qu'il l'était vraiment, alors que c'est ce qu'on aurait aimé un peu voir. Ici, on pensera forcément au Kentucky Fried Movie de John Landis pour son détournement des 70's, à Austin Powers pour son personnage emblématique et tout l'univers qui s'y greffe et évidemment aux films de Fred Williamson et Pam Grier. Un mélange pas forcément déplaisant.

Vivifiant, souvent très drôle et bourré de séquences grandguignolesques, Black Dynamite n'affiche pourtant pas spécialement un amour démesuré pour le genre qu'il détourne mais semble n'en avoir retenu que les carabistouilles. On ne compte plus les pano en retard sur les mouvements des comédiens, les zooms dramatiques, les micros dans le champ, les raccords hasardeux, les jingles musicaux (les chœurs fredonnent ''Dynamite'' dès qu'il ouvre une porte) et tous ces tics un peu cheaps qui pullulent dans les extraits vidéos de nanarland.com. Mais au-delà de ça, le film n'en profite malheureusement pas pour proposer autre chose et ressemble d'avantage à un long sketch, souvent efficace certes, mais qui frôle très souvent l'épuisement. Des ventres mous habilement endurcis par des gags très efficaces et souvent faciles (certains sont effectivement hilarants) mais qui ne peuvent assurer la pérennité du métrage que pour un unique visionnage. On retiendra surtout quelques poursuites, fusillades et combats dont les raccords font encore hurler le conducteur d'une voiture alors que celle-ci a déjà explosée, ou un affrontement contre un personnage joué par deux acteurs différents dans le même costume, en fonction de l'effort physique demandé. Le genre de chose dont le film pullule, même si sitôt le générique de fin achevé, on en aura oublié une bonne moitié.

Voici donc une chouette comédie qui, à défaut d'être mémorable, détend sans mal même si son concept s'essouffle à mi-parcours. Pas de quoi bouder son paquet de pop corn pour autant, ni une bonne séance avec des potes.