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Cannes 2010 : Biutiful

Le 18/05/2010 à 15:20
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Notre avis
9 10 Après 21 Grammes et Babel, Alejandro González Iñárritu nous plonge aux côtés des immigrés clandestins dans les bas-fonds du Barcelone d'aujourd'hui, où un homme se débat contre sa maladie et tente d'assurer l'avenir de ses enfants. Puissant mélodrame mâtiné de fantastique, Biutiful dresse un constat social douloureux et communique une urgence d'aimer à travers les destinées individuelles de personnages en proie à des émotions extrêmes. Un chef d'œuvre porté par l'interprétation de l'immense Javier Bardem.

Critique Biutiful (Cannes 2010)

Critique Biutiful (Cannes 2010)

 

Attention chef d'œuvre. Quatre ans après Babel qui lui avait valu de remporter le prix de la mise en scène à Cannes, Alejandro González Iñárritu revient sur la Croisette avec Biutiful, un drame puissant porté par l'interprétation de l'immense Javier Bardem. L'histoire est à la fois simple et extraordinairement complexe : dans le Barcelone d'aujourd'hui, Uxbal (Javier Bardem), un père dévoué atteint d'un cancer de la prostate, tente d'assurer l'avenir de ses deux enfants et d'aider sa femme Marambra (Maricel Alvarez) atteinte de bipolarité. Proche de la mort, il voit les fantômes des récents disparus. Séparé de son scénariste Guillermo Arriega à qui l'on devait l'écriture de ses deux précédents longs métrages, 21 Grammes et Babel, Alejandro González Iñárritu cosigne le scénario de Biutiful pour composer un récit étourdissant.

 

Critique Biutiful (Cannes 2010)

Biutiful
nous plonge dans les bas-fonds de Barcelone, au cœur des quartiers pauvres où des immigrés illégaux d'origines multiples vivent au jour le jour. Des Chinois parqués dans la cave sordide d'une usine clandestine aux Africains entassés dans des immeubles insalubres, le film montre crument et frontalement une réalité cachée de la ville. Plutôt que de juger les exploiteurs, dont Uxbal fait finalement partie, Iñárritu dépeint une société malade dans laquelle chacun tente de survivre avec les faibles moyens dont il dispose, dans la crainte permanente des descentes policières. Plus glauque que ses œuvres précédentes, Biutiful ne nous épargne rien, des cadavres d'anonymes échoués sur une plage ensoleillée - un plan d'une poésie déchirante -, aux séquences d'arrestation mouvementées filmées avec un réalisme qui prend aux tripes. Au cœur de cette tourmente, Uxbal se débat contre sa maladie, dont les détails organiques ne nous sont pas épargnés et qui prend une valeur allégorique pour enrichir un constat social douloureux. Toute la force de Biutiful réside dans cette capacité à relier le global et le particulier, le film prenant des allures de voyage introspectif aux accents surnaturels, celui d'un homme qui regarde en lui-même et tente de s'amender à travers l'amour qu'il porte à ses proches.

 

 

Critique Biutiful (Cannes 2010)

Sublimé par la partition de Gustavo Santaolla, collaborateur fidèle d'Iñárritu, Biutiful colle au plus près des émotions des personnages dont les portraits s'entrecroisent sous le regard d'un cinéaste profondément humaniste. Le passé des personnages nous est dévoilé par petites touches, la moindre parole et le moindre geste devenant lourd de sens lorsque chacun est poussé dans ses derniers retranchements, qu'il s'agisse d'Uxbal qui cache sa condition à ses proches, de Marambra qui vit dans la souffrance de ne pouvoir assumer son rôle de mère, ou même du moindre personnage secondaire dont les zones d'ombre et de lumière apparaissent dans toute leur complexité. Il y a dans Biutiful une urgence de vivre et d'aimer qui prend tout son sens lorsque la mort frappe à la porte, personnifiée par les fantômes qu'Uxbal est le seul à percevoir. On savait Javier Bardem (No Country For Old Men) très talentueux et il accomplit dans Biutiful une performance d'acteur à fleur de peau, d'une puissance et d'une richesse émotionnelle ahurissantes. Face à lui, Maricel Alvarez exprime avec une sensibilité extrême toutes les contradictions de Marambra, tandis que Diaryatou Daff se révèle très émouvante dans le rôle de la jeune mère sénégalaise à qui Uxbal tend la main.

 

Poignant du premier au dernier plan, Biutiful s'impose déjà comme l'un des candidats les plus sérieux à la Palme d'Or et Javier Bardem comme le favori pour le prix d'interprétation masculine.

 

MAJ : Au Palmarès du 63e Festival de Cannes, Javier Bardem a obtenu le prix d'interprétation masculine pour Biutiful, ex-aequo avec Elio Germano pour La Nostra Vita.






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