Cannes 2010 : Draquila
Le 13/05/2010 à 21:40Par Kevin Prin
Se plaçant directement comme un pendant de Michael Moore en Italie, la comédienne Sabina Guzzanti s'attaque avec Draquila - L'Italie qui crie à un sujet on ne peut plus d'actualité : Silvio Berlusconi, l'homme d'affaire mondialement célèbre et président italien on ne peut plus controversé. Tour à tour détesté ou adulé de son peuple, Berlusconi avait connu un énorme regain de popularité grâce à sa réaction immédiate et son implication personnelle suite au tremblement de Terre du 6 avril 2009, qui avait détruit et endeuillé le village L'Aquila. C'est de ces faits récents que la réalisatrice part, analysant toute la stratégie berlusconienne pour tourner à son avantage une catastrophe naturelle. En promettant la reconstruction d'une ville en moins de six mois pour reloger ses habitants vivant dorénavant dans des tentes, Berlusconi aura en effet mis en place toute une toile de communication (anticipée !) cachant une manipulation très fine digne des plus grands régimes fascistes : suppression des libertés, aveuglément de la population en leur jetant de la poudre aux yeux et finalement assouvissement total de leurs libertés en les confinant dans des maisons d'état dignes de magasins Ikea, totalement et appartenant au gouvernement. La cerise sur le gâteau étant qu'une majorité des italiens gobe la bouche ouverte cette politique et remercie même Berlusconi pour ce qu'il a fait.
Nous voilà donc face à une analyse d'une efficacité confondante (le montage des images est brillant), à la fois drôle et terrifiante, dénonçant l'instauration d'un fascisme moderne dont le dirigeant ne recherche que le profit personnel sur tous les axes : pouvoir, argent, popularité. "Ce n'est que plusieurs années après son installation qu'une dictature est enfin perçue comme telle" affirme le documentaire en dépeignant ce visage moderne inédit que personne n'a encore distingué. L'intelligence de cette démonstration laisse pantois d'admiration : fun, ultra bien fichu, sans concession mais ne cédant jamais à la facilité ou la beauferie, Draquila - L'Italie qui crie est une claque !