Combinant les images vidéo tournées par Sabina Guzzanti et son équipe, avec un lot conséquent d’images d’archives (on ne peut alors pas parler de piqué) provenant de sources diverses, le master affiche la même tenue que l’image vue dans les salles. Evidemment, le tournage de nuit accuse une définition moindre mais le transfert demeure de fort bonne facture et ne manque pas d’atouts notamment dans le rendu colorimétrique scintillant des montages animés qui s’avèrent impeccables. Il n’y a rien à dire concernant la bonne tenue des contrastes et la luminosité de l’image qui se révèlent parfaits et fluides durant 1h30.
Force est d’admettre que nous ne misions pas grand-chose sur le mixage Dolby Digital 5.1 pour ce genre de film. Et bien nous avions tout faux puisque ce mixage se révèle une petite perle instaurant dès la première image une spatialisation dynamique et continue. Cet environnement sonore offre non seulement un rendu brillant des ambiances naturelles mais aussi de la musique originale du film, offrant par ailleurs au caisson de basses quelques belles occasions de briller. Evidemment, seule la version originale est proposée, les voix étant parfaitement claires sur l’enceinte centrale et émaillées de petits effets frontaux parfois saisissants. Vous trouverez également une piste stéréo, certes tout aussi dynamique et vibrante, où on se rend compte de l’apport véritable des effets surround sur son homologue 5.1.
Chacun des segments de cette interactivité est introduit par la réalisatrice et dévoile en fait quelques formidables et indispensables séquences coupées au montage, soit en raison de leur sujet quelque peu hors-contexte, soit pour une question de rythme et de durée. Certaines séquences dépassent tout entendement.
L’algorithme Gioiello (14min17)
Ce module est consacré à un autre aspect inquiétant du projet de Silvio Berlusconi à savoir le critère d’attribution des logements. Au cours d’un débat, les participants insinuent que la Protection Civile a fait bâtir les logements sans connaître les besoins des gens. Fausto Corti, président de l’association "Italia Nostra" de L’Aquila, explique à Sabina Guzzanti qu’un classement a été établi grâce à un algorithme parfait déterminé par une intelligence artificielle et permettant l’attribution équitable des logements. Ce critère infaillible démontre en réalité que seule la moitié des sans-abris seraient relogés, les familles nombreuses n’ayant par exemple pas été inclues dans la base de données. Ce fameux algorithme Gioiello, disponible sur le site de la Protection civile, permet de classer et de loger les habitants selon leurs besoins en trouvant de nouvelles solutions idéales. Comme le dit Fausto Corti "cela donne une idée de la psychologie de l’opération". S’ensuit une assemblée citoyenne où s’affrontent violemment un informaticien de la Protection Civile, un journaliste, un architecte et un représentant syndicaliste. Le débat tourne autour de l’algorithme Gioiello qui fait bien rire une experte en mathématiques présente dans la salle.
L’archevêque Molinari (3min56)
Ce document plus court montre Sabina Guzzanti échangeant des points de vue politiques, moraux et sociaux avec l’archevêque Molinari qui a légué une parcelle de terrain de la Curie (l'ensemble des organismes administratifs du Saint-Siège, assistant le pape dans sa mission de gouvernement de l’Eglise catholique romaine) à l’état afin d’y construire la nouvelle maison des étudiants grâce à l’argent de la Lombardie. Ce que Sabina Guzzanti explique ici, c’est que certains citoyens ont été littéralement virés de chez eux moyennant un prix dérisoire, mais surtout que cette vente cache en réalité un accord quelque peu amoral qui se révèle être en réalité un prêt pour trente ans. Passé ce laps de temps, la Curie récupère ses terres, devient propriétaire de la nouvelle maison des étudiants et peut ainsi à sa guise sélectionner les élèves selon des critères conservateurs. L’archevêque, quelque peu décontenancé par l’arrivée impromptue de Sabina Guzzanti livre malgré lui quelques informations qui font le bonheur de l’instigatrice.
Les psychologues (9min41)
Faute de rythme, la réalisatrice n’a pu traiter de l’importance des psychologues dans l’affaire de L’Aquila. Après le tremblement de terre, une foule de psychologues est intervenue avec des méthodes peu orthodoxes. Sur la base du volontariat hebdomadaire, les psychologues partaient au bout d’une semaine et laissaient la place vacante à d’autres psychologues qui reprenaient les dossiers en cours, ce qui obligeait les victimes qui avaient besoin de soutien à recommencer indéfiniment le récit de leur vie à chaque nouveau volontaire. Sabina Guzzanti et son équipe ayant voulu demander aux psychologues de la Protection Civile le sens de ce genre de soutien n’ont pas trouvé d’interlocuteur désireux de répondre aux questions. La journaliste s’est donc tournée vers les psychologues de l’antenne sanitaire locale qui ont de leur côté refusé de se livrer à ce genre d’activité. La Protection Civile leur avait demandé d’accompagner les Carabinieri pour convaincre les gens de partir de quitter les camps sans leur proposer un logement de rechange contrairement à ce que Silvio Berlusconi n’arrêtait pas de brailler sur ses chaînes de télévision. Les psychologues de l’antenne sanitaire locale ont purement et simplement refusé de marcher dans cette combine et ont été écarté sans autre forme de procès. Quelques spécialistes tentent d’expliquer cette manoeuvre implacable du gouvernement de Berlusconi.
Demander au chef de camp (4min54)
Hors-caméra, une femme portant l’uniforme de la Croix-Rouge interpelle Sabina Guzzanti et lui dit qu’elle ne peut pas filmer, ni ne rien dire aux habitants des camps pour diffuser ultérieurement leurs opinions sur la situation actuelle sans autorisation préalable du chef de camp. Se refusant tout d’abord à tout commentaire à cause du port du fameux uniforme, cette femme se livre ensuite sans discontinuer dès qu'elle tombe la veste, sous le regard amusé de Sabina Guzzanti. Présente dans les camps depuis deux jours seulement, et déjà fortement embrigadé dans les ordres venant "du dessus", cette volontaire, que la caméra finit par filmer, donne finalement son avis sur les infos contradictoires données à la presse. A voir pour le croire.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1"54 min).