Cannes 2010 : La Meute
Le 16/05/2010 à 00:03Par Kevin Prin
Il semblerait qu'au fur et à mesure des années, les films d'horreur français deviennent en moyenne de plus en plus mauvais. L'atroce Dans ton sommeil ouvrait le festival de Gérardmer et c'est à La Meute de représenter le genre au Festival de Cannes. Au rayon des points positifs de La Meute, premier film de Franck Richard, on notera une volonté très louable de ne pas céder aux sirènes de la caméra hystérique, des effets faciles, au profit d'une certaine attention au cadre dans un registre assez classique. Malheureusement après ça se gâte. Si le concept de base du film est ultra classique (une fille en voiture s'arrête sur sa route à une maison tenue par des tueurs), le reste l'est aussi : Franck Richard use à outrance d'emprunts, de clichés même, d'autres films d'horreurs. On reconnaît dans certains plans l'excellent Martyrs, le cinéma de Guillermo Del Toro, Frontière(s), Saw et bien d'autres. Pire encore : si la volonté de proposer une mise en scène sobre est louable, elle est littéralement envahie par des clichés du genre, mis bout à bout sans grande inspiration. Mais là où La Meute creuse sa propre tombe est dans son scénario abracadabrant bourré de facilités intolérables, son montage souvent incohérent, ses dialogues basiques (parfois drôles, certes), ses quelques idées de casting peu exploitées (Yolande Moreau énerve rapidement), ses trucages gores basiques, son aspect "cheap" sur toute la ligne (les apparitions de zombies sont embarrassantes) et son sérieux aseptisant tout le rythme du film, à faire sérieusement regretter la potacherie de Frontière(s). Il y a beaucoup de bonnes intentions dans La Meute et, dans l'absolu, il s'agit d'un premier film très maladroit mais bien moins honteux que d'autres car jamais prétentieux. Il n'en demeure pas moins qu'il provoque un grand moment d'ennui, de gêne, qu'il s'oubliera en un claquement de doigts et qu'il confirme une nouvelle fois le déclin complet du film d'horreur français de ces dernières années.