Cannes 2010 : Tender Son - The Frankenstein Project
Le 22/05/2010 à 12:31Par Elodie Leroy
Les pays de l'ancien Bloc de l'Est continuent d'explorer leur traumatisme à travers le cinéma. Réalisé par Kornel Mundruczo, soit l'un des chefs de file de la nouvelle vague hongroise, Tender Son - A Frankenstein Project est présenté comme une relecture du Frankenstein de Mary Shelley. Après une première partie inspirée et pleine d'ironie menée par un cinéaste en quête de nouveaux talents (excellente scène de casting), le film change de point de vue et prend la forme d'un huis clos dans un immeuble insalubre installant des rapports malsains entre un adolescent meurtrier, sa mère qui le rejette et une jeune fille qui décide de le protéger. Les bonnes idées ne manquent pas mais la mise en scène entretient une distance telle avec les personnages que le film en devient désespérément froid et laisse le spectateur sur la touche, en dépit d'un beau quatuor d'acteurs. Reste tout de même un final envoûtant qui tranche avec le reste du film de par l'ampleur soudaine du décor - les paysages enneigés sont splendides - et la naissance d'une relation père/fils presque touchante. A l'arrivée, Tender Son - A Frankenstein Project laisse des sentiments mitigés mais a au moins le mérite d'être imprévisible, en plus de personnifier une fois de plus, à travers cet adolescent impassible mû par l'instinct de survie, le traumatisme des pays tombés sous le joug du régime soviétique.