Cannes 2010 : The Tree
Le 25/05/2010 à 16:10Par Elodie Leroy
Découvrez ci-dessous la critique du film The Tree (Cannes 2010)
Critique The Tree (Cannes 2010)
En 2003, Julie Bertuccelli secouait la Croisette avec Depuis qu'Otar est parti, qui lui valait de remporter le prix de la Semaine de la Critique. Couronnée dans de nombreux festivals, la cinéaste remportait en outre trois César en 2004 dont celui de la meilleure première œuvre de fiction. Réalisé sept ans plus tard, le nouveau film de Julie Bertucelli assure la clôture du Festival de Cannes. Adapté d'un roman de Judy Pascoe, The Tree nous emmène dans la campagne australienne aux côtés d'une famille heureuse, jusqu'à ce qu'elle soit frappée par le malheur lorsque le père meurt brutalement d'une crise cardiaque, laissant Dawn (Charlotte Gainsbourg) seule avec ses quatre enfants. Dès lors, la petite Simone (Morgana Davies), âgée d'une dizaine d'années, est persuadée que son père s'est réincarné dans l'immense figuier qui recouvre partiellement leur maison.
Avec The Tree, Julie Bertucelli nous délivre une œuvre habitée par la nature saisissante de cette campagne australienne. Une nature sublimée par un travail superbe sur la photographie et sur les sons, et qui semble vouée à prendre le dessus sur la civilisation humaine à travers des manifestations du monde animal comme végétal survenant aux moments les plus inattendus. Pourtant, c'est bel et bien un drame humain qui se joue au cœur de l'histoire de cette famille submergée par le deuil et par un face-à-face mère/fille des plus émouvants autour de la figure paternelle. Véritable personnage de l'histoire, caractérisé par des racines et des branches tentaculaires, l'arbre dont il est question dans le titre symbolise à la fois le rapport à la nature, à la famille et au passé, imposant sa présence tour à tour sécurisante et inquiétante, protectrice et envahissante, tandis que chacun des personnages entretient avec lui un rapport individualisé.
Si les interventions de l'arbre confèrent parfois à The Tree des accents fantastiques, le film reste constamment à la lisière du genre et demeure réaliste dans sa manière de dépeindre la reconstruction de Dawn et de chacun de ses quatre enfants. Dawn est interprétée avec un mélange de grâce, de force et de douceur par Charlotte Gainsbourg qui trouve avec la petite Morgana Davies, révélation du film dans le rôle de Simone, une partenaire étonnamment mûre dans son jeu, en plus d'avoir un visage incroyablement ciné-génique. La qualité de la direction d'acteurs permet aussi aux personnages secondaires de s'épanouir, qu'il s'agisse des autres enfants ou du plomber interprété par Marton Csokas. On pourra reprocher à The Tree un trop grand classicisme dans sa narration mais le film a pour mérite de rester centré sur son sujet, de dépeindre l'Australie de l'intérieur (nous sommes à mille lieues des clichés carte-postale véhiculés par le dernier Baz Luhrman), et de distiller l'émotion avec pudeur et délicatesse.