Coco
Le 19/03/2009 à 21:42Par Kevin Prin
On pouvait craindre le pire quant à la première réalisation de Gad Elmaleh, les quelques images dévoilées avant sa sortie montrant l'acteur sur-jouer et sur-appuyer la moindre de ses mimiques et de ses gags. Finalement le verdict est différent même si peu flatteur : Coco n'a pas de rythme, n'est pas drôle et suit une trame indigente déjà vue mille fois et pourtant très mal exploitée. Sur une idée de base pourtant porteuse de comédie "hénaurme", le film ne décolle jamais, soutenue par une réalisation sans inspiration et un scénario inintéressant. Même les fans de Gad resteront sur leur faim : les performances physiques de l'acteur/mime sont inexistantes, les tentatives d'émotion ne fonctionnent pas, Coco se limitant simplement à un sketch étiré sur la longueur. Un film d'une platitude incompréhensible, à peine digne d'une diffusion TV.
La caricature humoristique de la communauté juive refait surface de temps à autres dans la production française, des Aventures de Rabbi Jacob à Coco aujourd'hui. Un humour apprécié, ramenant les foules dans les salles, qui s'amusent de ces gimmicks que l'on aurait pu croire réservés aux bobos du quartier du Sentier à Paris. Qu'à cela ne tienne, c'est donc reparti pour un tour : Gad Elmaleh, véritable figure emblématique du moment dans la comédie (La Vérité 2, Chouchou, La Doublure) passe donc pour la première fois derrière la caméra pour adapter l'un de ses personnages crée pour ses spectacles. Coco, c'est le surnom de son héros devenu richissime suite à son invention de l'eau frétillante (à mi-chemin entre l'eau plate et l'eau gazeuse), à la tête d'un empire financier monumental et d'une fortune qui n'a d'égal que son ego surdimensionné. Véritablement insupportable et superficiel, il n'a d'amis que parce qu'il a de l'argent. Ses êtres chers, les vrais, sa famille donc, vont essayer de le ramener à la raison, à l'occasion de la Bar Mitzvah de son fils.
On tient là le personnage type ayant perdu le sens des valeurs dans sa réussite et se lançant à son insu dans sa rédemption. Un concept mille fois usé mais qui pourrait, pourquoi pas, encore faire ses preuves étant donné son potentiel thématique. Malheureusement pour y parvenir il faudrait quelques bonnes idées (voire de génie) en matière scénaristique et surtout une véritable inspiration de mise en scène, deux qualités indispensables pour transcender un tel synopsis. Nous ne nous attendions évidemment pas un chef d'oeuvre avec Coco, mais on peut au moins exiger d'une comédie qu'elle nous surprenne, qu'elle soit rythmée et surtout qu'elle soit drôle ! Strictement aucun de ces objectifs n'est atteint ici: la comédie est inexistante (ce n'est pas drôle !), la mise en scène n'excède pas celle d'un téléfilm (et encore) et la platitude générale qui se dégage de ce film flanquerait plus le cafard qu'autre chose. Comme comédie, on a déjà vu plus efficace. Que l'on aime ou non Bienvenue chez les ch'tis, il s'agissait d'un film d'un tout autre calibre, qui bénéficiait d'un vrai scénario, dont les acteurs étaient dirigés et qui était somme toute inoffensif car profondément honnête avec lui-même. Coco, c'est l'exact opposé, un film fait par une star, pour une star et demandant à ses fans de venir raquer dix euros à une séance de cinéma.
Les moments lourdingues de Coco étaient tous concentrés dans la bande-annonce, qui dévoilait un Gad Elmaleh en roue libre, surjouant la moindre de ses répliques à outrance, au point de donner envie de foutre des baffes à l'écran la projetant. La seule surprise du film est là : Gad a voulu raconter une vraie histoire et véhiculer des vrais sentiments en donnant corps à son personnages et tous les autres l'entourant. Malheureusement l'ensemble frôle l'indigence à force de n'avoir rien à raconter ou de s'y prendre mal, ou plutôt à force de vouloir jouer l'équilibriste entre une vraie comédie et un film tournant uniquement autour de son acteur principal.
Résumons : gags lourdingues et pas drôles, scénario navrant, niveau zéro de la mise en scène. Si le but d'une comédie était d'énerver ou de nous faire perdre notre temps, Coco aurait rempli les doigts dans le nez son pari. Il y a tellement de plus beaux films à voir au cinéma en ce moment...